Chapitre 24 | Les masques tombent (2)

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Mon cœur cesse de battre, comme si chaque pulsation avait été soudainement suspendue dans le vide. L'air autour de moi semble se cristalliser en une étreinte glaciale, chaque inhalation se faisant plus difficile, chaque expiration plus lente. Ma respiration se coupe, se fige, comme si tout le mécanisme de mon corps était en panne. Les mots d'Isabelle résonnent dans mon esprit comme un coup de tonnerre dans un ciel limpide, brisant le calme apparent de mon monde en une explosion de dévastation. Le sol sous mes pieds semble vaciller, se dérober, comme si je perdais pied dans un abîme sans fin, chaque mouvement devenant un effort colossal contre l'effondrement imminent.

Chaque fibre de mon être se crispe alors que la réalité de sa connaissance éclate dans mon esprit avec une brutalité implacable. Les images de ma mère, fragilisée et en danger, défilent devant mes yeux fermés, se mélangeant à un tourbillon de pensées paniqueuses et de désespoir absolu. Elle sait tout alors, et comme pour me le confirmer, elle continue :

— Et que dire d'Halima El Shami, cette citoyenne syrienne qui est illégalement présente sur le territoire européen ? Que va-t-il se passer selon toi si les autorités apprennent qu'une immigrée syrienne a été opérée, de manière plus ou moins légale, d'une greffe de foie en Espagne ? Ce ne serait pas bon pour elle, n'est-ce pas ?

Son ton est presque chantant, comme une mélodie sinistre qui se joue de ma douleur. Je me tais, incapable de formuler une réponse, tout en continuant à soutenir son regard. Ses yeux semblent être des gouffres d'ombre, dévorant mon espoir et mon courage avec une facilité déconcertante. Elle m'a mise en échec avec une facilité déconcertante. Le sentiment d'impuissance est tel que je pourrais m'effondrer à tout moment, les murs de la pièce semblant se resserrer autour de moi, chaque seconde accentuant la claustrophobie de la situation. Je me sens comme un animal pris au piège, chaque respiration semblant de plus en plus difficile, chaque inspiration me pesant comme un poids lourd.

— Je vous en prie, Isabelle, j'articule avec difficulté, ma voix tremblante trahissant la supplication dans mes paroles.

Mes yeux cherchent désespérément une lueur de compassion dans son visage impassible, comme un naufragé cherchant une bouée dans une mer déchaînée. Les larmes menacent de couler, et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas craquer sous la pression, ma gorge serrée par le poids de l'angoisse.

— Ne dites rien, ma mère n'y est pour rien dans cette histoire. Je ferai ce que vous voudrez, mais s'il vous plaît, épargnez ma mère.

Chaque mot que je prononce est un cri de désespoir, résonnant comme une supplication désespérée dans un silence oppressant.

Son air supérieur se transforme en un air victorieux, comme un prédateur savourant la victoire sur sa proie. Elle est comme une marionnette qui a réussi à tirer les ficelles de ma détresse. Elle a eu ce qu'elle voulait : me voir brisée, suppliant pour le sort de ma mère. La cruauté de son sourire est comme une lame froide qui s'enfonce dans mon cœur, chaque mouvement de ses lèvres amplifiant le sentiment d'échec et d'impuissance. Maintenant que je suis à sa merci, elle n'a qu'à prononcer un ordre pour que je m'exécute.

— Partez, toutes les deux. Quittez non seulement le manoir, mais la France. Même si toi tu es française, je veux que vous partiez toutes les deux, sinon je n'hésiterai pas à passer un coup de fil aux autorités. Et tu sais à quel point les Montclar sont influents. Nous avons les moyens de faire en sorte que ta vie ici devienne un véritable enfer.

Elle esquisse un petit sourire diabolique, avant de rajouter :

— Et bien entendu, pas un mot à Gabriel à propos de cette conversation.

Je prends une profonde inspiration, mes yeux débordant de larmes de désespoir, la respiration haletante et entrecoupée de sanglots incontrôlables. Chaque bouffée d'air semble me brûler les poumons, et mon cœur bat si fort qu'il en devient douloureux. J'acquiesce d'un mouvement de tête, mon visage déformé par la tristesse et l'angoisse, les traits tirés par l'épuisement émotionnel et les yeux rougis par les pleurs. Puis, d'un pas lourd, je quitte son bureau, me sentant engloutie par une mélancolie écrasante et une tristesse profonde. Le couloir devant moi apparaît comme un tunnel interminable, les murs se resserrant autour de moi comme des ombres menaçantes. Chaque pas que je fais résonne comme une sentence inévitable, le son de mes pas dans le couloir semblant annoncer le départ imminent d'un chapitre douloureux de ma vie. Les bruits de mes talons sur le sol, en décalage avec le silence oppressant de la maison, résonnent comme un funèbre compte à rebours.

Le poids de la décision que je viens de prendre me pèse lourdement, se faisant sentir comme une chaîne invisible qui m'enserre le cœur et l'esprit avec une force implacable. Je me sens piégée, chaque mouvement semblant m'épuiser davantage. Mon esprit est un tourbillon de pensées confuses et d'images déchirantes. Les répercussions de ma décision s'impriment dans chaque fibre de mon être, m'oppressant comme une couverture étouffante.

Le déchirement de quitter Gabriel ajoute une couche supplémentaire de douleur à mon désespoir. Chaque pensée de son visage, chaque souvenir de nos moments partagés, est une lancinante douleur, une lame acérée qui semble s'enfoncer profondément dans mon cœur. Ses sourires, ses caresses, les éclats de rire que nous avons partagés, tout cela se transforme en souvenirs déchirants et impossibles à oublier. Son absence semble déjà s'étendre devant moi comme un vide abyssal, un gouffre sans fond où se perdent mes rêves et mes espoirs. L'idée de partir sans lui est presque insupportable, chaque pensée de cette séparation créant un tourbillon de désespoir dans mon âme.

Les images de notre dernier baiser, de ses yeux pleins de compassion et de compréhension, s'imposent brutalement à mon esprit, me hantant comme des spectres silencieux. Je ressens une douleur physique aiguë à l'idée de laisser derrière moi tout ce qui est cher à mon cœur. Le manoir semble s'évanouir autour de moi, chaque pièce se transformant en un lieu de souvenir et de regret.

À chaque pas, je me force à avancer, mais l'effort est monumental. Le couloir devient une épreuve de résistance, où chaque longueur parcourue semble un tourment supplémentaire. Les murs du manoir, qui m'étaient à présent familiers et sécurisants, maintenant me semblent étrangers et hostiles. Je me raccroche aux pensées de ce que pourrait être notre vie en Espagne, une lueur d'espoir vacillante dans l'obscurité de ma situation actuelle, mais l'angoisse persiste, un poids lourd sur ma poitrine.

Lorsque j'atteins la fenêtre du couloir, l'air frais du matin me frappe comme une gifle, me rappelant brusquement à la réalité de la journée. Le ciel, teinté d'un bleu cyan, contraste avec la noirceur de mon cœur. Les rayons du soleil commencent à percer timidement à travers le voile des nuages, mais ils n'offrent aucune consolation. L'obscurité de mon cœur semble s'étendre infiniment, et chaque pas en avant est un pas plus loin de tout ce que je chéris, soulignant encore davantage la profondeur de ma détresse.

Je ferme les yeux un instant, essayant de capturer l'ultime image de Gabriel, espérant pouvoir la conserver comme un précieux souvenir. La douleur de l'adieu se mêle à une profonde mélancolie, une perte qui semble aussi infinie que l'obscurité qui m'habite.


***

Hello !

- Quels sont vos avis sur le chapitre ?

- Que va-t-il se passer entre Mia et Gabriel à présent ?

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- Des idées pour la suite ?

Je vous remercie de voter et commenter à chaque fois, cela me touche vraiment !

xoxo

Un Mal pour un BienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant