Chapitre 24 | Les masques tombent (1)

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Depuis que Gabriel et moi sommes remontés dans notre chambre, le nœud d'angoisse dans mon ventre, qui s'était enfin dissous comme un brouillard matinal, est revenu. Je suis allongée dans le lit, le dos tourné à Gabriel. Les draps froids contre ma peau me rappellent l'absence de chaleur qui s'était installée entre nous. Je ne parviens pas à croiser son regard, hantée par la vision d'Isabelle et le poids des secrets qu'elle pourrait détenir. Son regard perçant semblait scruter les profondeurs de mon âme, laissant entrevoir une connaissance inquiétante que je ne pouvais ignorer.

— Mia, ça ne va pas ? Depuis que nous sommes remontés, tu n'as pas décroché un mot, note Gabriel avec une inquiétude palpable dans la voix, comme si chaque mot était un effort de plus pour briser le silence tendu.

Je pousse une longue expiration, profondément marquée par l'angoisse, mais l'anxiété est toujours là, inquiétante et tenace comme une brume dense qui refuse de se dissiper. Je n'arrive plus à me débarrasser de ce sentiment étouffant. Je me retourne doucement vers lui, ce qui lui décroche un sourire apaisant, presque comme une lueur dans l'obscurité. Il chuchote :

— Je préfère te voir ainsi.

Il me prend dans ses bras et me serre contre lui, plongeant son nez dans mes cheveux avec une tendresse infinie. La chaleur de son corps me réconforte, créant un cocon protecteur autour de moi. Mais j'ai perdu toute la tactilité naturelle que j'avais acquise à son égard. Je ne parviens plus à agir spontanément ; j'ai la sensation d'endosser un nouveau rôle, une carapace qui me pèse comme une armure encombrante.

Ses doigts se baladent délicatement le long de mon bras, m'offrant une sensation à la fois agréable et rassurante, comme une caresse d'une brise légère. Chaque effleurement semble essayer d'effacer la tension qui parcourt mes nerfs. Je voudrais tout lui dire maintenant, mais avant, je dois m'assurer de l'ampleur des dégâts causés par Isabelle. Je veux prendre le minimum de risques, préférant jouer la prudence dans cette situation périlleuse.

— Ce n'est rien, je finis par dire, essayant de masquer le tremblement dans ma voix. Juste un fort mal de ventre.

Sa main se déplace vers l'endroit indiqué, ses doigts exerçant une pression douce mais déterminée, mais je me retire en prétextant :

— Désolée, mais c'est assez sensible. Je reviens.

Il comprend ce que je sous-entends, et il ne me retient pas. Il semble percevoir la profondeur de mon trouble. Il me dit simplement :

— Prends ton temps, je t'attends ici.

Gabriel ajuste sa position pour me donner plus d'espace, son regard est empreint de compréhension et d'inquiétude. Son calme contraste avec la tempête intérieure qui fait rage en moi. Il pose une main réconfortante sur mon épaule, le contact de sa peau contre la mienne créant une connexion silencieuse, un soutien silencieux dans ce moment de tourmente. Il dépose un doux baiser sur mes lèvres. Un baiser timide, auquel je peine à répondre.

Je quitte la chambre avec un poids lourd dans le cœur, chaque pas résonnant comme un écho de mon anxiété. La moiteur de mes mains glisse contre les parois froides du couloir, amplifiant la sensation d'oppression qui m'étreint. Les couloirs semblent se déformer sous l'effet de la tension, leurs lumières vacillantes projetant des ombres dansantes qui semblent s'évanouir à mesure que je me déplace, accentuant la paranoïa qui me ronge. Le silence est presque palpable, pesant sur moi comme un manteau lourd.

Lorsque je croise Isabelle au tournant d'un couloir, le contraste entre sa posture assurée et mon propre état de panique est saisissant. Elle se tient droite, les bras croisés avec une confiance indéniable, comme si elle était parfaitement à l'aise dans cette situation. Son regard, empreint d'une malice glaciale, semble percer à jour chaque fragment de mon anxiété. Ses lèvres se retroussent en un sourire énigmatique, comme si elle savourait chaque seconde de mon désespoir.

— Tiens, Mia. Quelle coïncidence ! lance Isabelle, ses yeux pétillant d'une malice cachée.

Cette rencontre fortuite ne me semble pas si hasardeuse que ça. Le rire léger qu'elle émet résonne comme un gong dans le silence oppressant, et chaque mot prononcé par elle semble ajouter du poids à l'air déjà lourd autour de moi. Je décide de ne pas me laisser intimider et d'afficher un visage confiant, en dépit de la panique qui pulse à l'intérieur de moi comme une mer agitée. Le cœur battant, je m'efforce de maintenir un masque d'assurance. Pas question de jouer les innocentes, il est temps de la confronter.

— Isabelle, il me semble que nous avons des choses à discuter.

Elle semble surprise par mon ton assuré, mais elle conserve son air supérieur, un sourire en coin qui en dit long sur son état d'esprit. Ce sourire est comme une lame tranchante, jouant avec ma nervosité. Elle fait un bref hochement de tête et m'invite à la suivre. Le claquement de ses talons sur le sol résonne dans le couloir vide, accentuant l'atmosphère tendue et le malaise croissant qui m'envahit. Nous nous enfermons dans son bureau. Les murs semblent se rapprocher, créant une atmosphère claustrophobe qui me serre le cœur. Je m'assois sur une chaise en face d'elle, le corps tendu comme une corde prête à se rompre, chaque muscle crispé par la peur et l'angoisse. J'entre directement dans le vif du sujet :

— Que savez-vous exactement ?

— Tu ne tournes pas autour du pot, j'aime ça.

Mon regard est sûr et déterminé, mais en réalité, je suis en panique totale, ma respiration se fait irrégulière, et je sens mon cœur s'accélérer comme une machine en surchauffe. Mes mains sont tellement moites qu'il me serait impossible de tenir quelque chose entre elles. La sueur perle à mes tempes, se mélangeant à mes cheveux et formant des petites gouttes glacées. Chaque seconde semble étirer l'angoisse jusqu'à son paroxysme, la tension dans la pièce est palpable, presque suffocante.

Isabelle se sert lentement une tasse de thé, après m'en avoir proposée une, que j'ai refusée. Le parfum du thé, pourtant apaisant, semble se mêler à l'odeur d'anxiété qui flotte dans l'air. Elle manipule la théière avec une précision calculée, chaque geste amplifiant le suspense. Le cliquetis de la tasse contre la soucoupe résonne comme une rythmique sinistre dans ce silence tendu. Elle prend un temps exagéré pour chaque mouvement qu'elle exécute, comme si elle savourait chaque instant de mon agitation croissante. Agacée, je réitère ma question :

— Isabelle, je veux savoir ce que vous savez.

— Doucement Mia, installons-nous tranquillement. De quoi as-tu peur ? Je croyais que tu n'avais rien à cacher.

Je souffle avec agacement. Mon souffle est saccadé, et chaque mot que je prononce semble un effort monumental. Elle prend un malin plaisir à me torturer. Chaque mot semble taillé pour aiguiser encore plus mon anxiété. Sa lenteur et sa manière de manipuler la situation me donnent l'impression d'être une proie dans un piège, et je me sens de plus en plus vulnérable. Elle est en position de force et elle en profite pleinement. Son attitude est un mélange parfait de contrôle et de manipulation, chaque mouvement calculé pour renforcer le côté dramatique de la scène.

— De quoi as-tu peur, Mia ? répète-t-elle en articulant chaque syllabe. Tu craindrais peut-être que je sache que la véritable Paula Cruzado est décédée d'un cancer du sein il y a vingt ans ?


***

Bonjour à tous, comment allez-vous ?

- Qu'avez-vous pensé du chapitre ?

- De quoi parle Isabelle ?

- Avez-vous des suppositions à propos de tout cela ?

- Vous attendiez-vous à cela ?

- Que se passera-t-il ensuite ?

Merci de voter et commenter ! Je vous dis à demain !

xoxo

Un Mal pour un BienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant