Chapitre 9 | Une proposition incongrue (1)

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Un frisson glacé de panique parcourt mon échine, comme une décharge électrique foudroyante. Le cœur battant à tout rompre, je réalise l'ampleur de mon erreur : j'ai peut-être perdu mon emploi, autrement dit le travail de ma mère, pour un moment de bêtise irrationnel. La perspective de cette perte est un poids écrasant sur ma poitrine.

— Je suis vraiment désolée, dis-je d'une voix étranglée par les sanglots qui montent.

Je ne m'étais même pas rendue compte que je pleurais, avant que Gabriel ne me le fasse remarquer :

— Ne pleurez pas, ce n'est pas grave.

Accablée par une honte écrasante, je n'ose pas croiser son regard. J'aimerais tellement disparaître, me fondre dans le sol, comme une ombre. Comment ai-je pu me retrouver dans une telle situation ? Chaque instant semble me rappeler à quel point cela ne me ressemble pas. D'habitude, l'honnêteté et l'intégrité guident chacune de mes actions ; je ne comprends pas comment j'ai pu céder à la colère et au désespoir. La pièce autour de moi semble rétrécir, se resserrer comme une cage, accentuant ma gêne.

Doucement, Gabriel de Montclar s'approche de moi avec une calme détermination. Sa démarche est mesurée et apaisante. Il me propose :

— Venez, allons discuter dans un endroit calme.

— Mais...

Ne parvenant pas à terminer ma phrase, je lui indique d'un geste tremblant mes ustensiles de ménage éparpillés autour de moi : balai, serpillère et seau, témoins silencieux de ma faute. Mon geste exprime ma crainte de ne pas pouvoir quitter le poste si je suis congédiée.

— Pas de souci, répond Gabriel avec une touche de réassurance dans sa voix. Je vais prévenir Jérôme que j'ai eu besoin de vous.

Il sort son téléphone de sa poche avec un mouvement fluide, son visage marqué par une expression de concentration. Il tape un message à l'attention du majordome, les clics du clavier résonnant dans le silence lourd de la pièce.

— Comment vous appelez-vous ?

— Mia... Cruzado, je parviens à articuler, mes mots se frayant un chemin entre mes lèvres serrées.

Les mots se bloquent dans ma gorge, et je me sens emprisonnée par une vague de honte indescriptible. Gabriel me fixe avec une attention calme, et cette compassion discrète contraste fortement avec l'angoisse qui me ronge.

Gabriel de Montclar sourit doucement, et l'éclat de son sourire semble apaiser en partie la tension palpable. Il envoie le message, son doigt effleurant l'écran du téléphone avec une aisance élégante. Ensuite, il s'approche de moi avec une démonstration de calme et de compassion qui contraste avec ma panique désordonnée. Il m'invite à le suivre d'un geste amical, et ensemble nous nous dirigeons vers sa chambre, dans un silence feutré qui semble envelopper chaque pas.

En franchissant la porte, je découvre une immense pièce qui semble presque disproportionnée par rapport à mon modeste appartement. L'espace est vastement ouvert, et le plafond est si haut que je me sens presque oppressée par l'ampleur de la pièce. La décoration est à la fois audacieuse et moderne, avec des meubles design aux lignes épurées, rehaussés de couleurs vives et dynamiques. Le contraste avec le reste du manoir est frappant ; ici, les couleurs vives des fauteuils et des coussins évoquent un style contemporain, presque rébellion face aux opulentes traditions des autres pièces.

Je ne peux m'empêcher de me sentir terriblement mal à l'aise. Sa chambre est un lieu réservé aux employés dignes de confiance, ceux qui ont eu le privilège de faire partie de la famille depuis des années. Je n'ai pas ma place ici, et chaque objet dans la pièce semble me rappeler mon imposture.

Un Mal pour un BienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant