Chapitre 8 | Dernière solution (2)

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Jusqu'ici, la matinée s'est montrée compliquée. Le réveil mal réglé a été le premier signe d'une journée chaotique. En conséquence, j'ai dû quitter la maison précipitamment, quinze minutes plus tard que l'heure habituelle. Je me suis habillée en hâte, enfilant des vêtements à peine repassés, puis j'ai attrapé mon sac et me suis précipitée dehors, une tartine à moitié mangée encore dans la main. Comme les galères arrivent en série, je manque mon train d'une dizaine de secondes. J'ai couru sur le quai, les portes du train se fermant juste devant moi, et j'ai regardé, essoufflée, le train s'éloigner, emportant avec lui ma chance d'arriver à l'heure.

J'arrive au manoir, en retard de vingt minutes, le souffle court, les cheveux épars et le visage rougi par l'effort. Je présente mes excuses auprès de Jérôme, dont le regard froid ne laisse place à aucune compréhension. Sans discuter, il m'envoie travailler dans les couloirs entre les bureaux et les chambres des membres de la famille de Montclar. Je me dirige rapidement vers ma tâche, essayant de masquer mon embarras et de reprendre une apparence professionnelle.

Même ici, plusieurs objets de grande valeur sont exposés, alors qu'il ne s'agit que d'un couloir. Les murs sont ornés de tableaux anciens, aux cadres dorés, et des vitrines de verre renferment des artefacts précieux. Cela me dépasse complètement. Des sculptures en marbre fin, des vases en porcelaine délicatement peints et des bijoux incrustés de pierres précieuses reposent dans des niches, baignés d'une lumière tamisée. Ces objets semblent coûter très chers et pourtant, ils sont placés ici, à un endroit où personne n'y prête attention. Chaque pièce de ce manoir semble raconter une histoire de richesse et de privilège, d'un monde auquel je n'appartiens pas.

Je les caresse délicatement du bout des doigts. La surface froide et lisse du marbre contraste avec la chaleur de ma peau, et le scintillement des pierres précieuses capte la lumière d'une manière hypnotisante. Une partie de moi est envieuse. L'opulence qui m'entoure crée une dissonance avec ma propre réalité, et le petit diable sur mon épaule murmure des promesses de facilité. Le petit diable sur mon épaule me souffle d'en dérober un. Cela ne se remarquera pas. Je visualise un instant la liberté que pourrait m'offrir l'argent tiré de la vente de ces objets – les factures payées, les soins médicaux pour ma mère, une vie sans la constante pression financière.

Mais ma conscience est bien plus forte que la tentation. Les paroles de ma mère résonnent dans ma tête, des leçons de droiture et d'intégrité inculquées depuis l'enfance. Ma mère m'a toujours inculqué des valeurs fortes, le vol va totalement à l'encontre de ce qu'elle m'a enseigné. Je retire ma main, comme brûlée par la tentation, et respire profondément pour chasser les pensées sombres.

Je détache mes doigts et mes yeux de ces objets et reprends mon ménage. La sensation froide et lisse du marbre quitte ma peau à contrecœur, tandis que je m'efforce de me concentrer sur la tâche à accomplir. Tandis que je passe l'aspirateur sur le tapis persan rouge qui couvre le sol du couloir, je heurte une personne en reculant. L'aspirateur émet un bruit sourd en frappant contre cette personne, et mon cœur rate un battement. Je me sens terriblement gênée. Le sang me monte aux joues, et je sens une vague de chaleur m'envahir, accompagnée d'une montée de panique. Mais avant que je n'aie le temps de me retourner et présenter mes excuses, une voix stridente me hurle dessus :

— Non mais ça ne va pas ?

— Je suis désolée.

Je me retourne et fais face à une femme, âgée d'une quarantaine d'années, visiblement enragée. Ses yeux lancent des éclairs de colère, et ses lèvres sont pincées en une fine ligne d'indignation. Ses cheveux blonds sont rassemblés en un chignon très élégant, dont aucune mèche ne s'échappe. Son visage est impeccablement maquillé, soulignant des traits sévères et autoritaires. À peine plus grande que moi, son attitude me domine clairement. Elle dégage une aura de pouvoir et de mépris qui me fait me sentir minuscule. Ses yeux bruns fusillent les miens. Je me sens transpercée par ce regard glacé, comme si elle pouvait lire mes pensées les plus profondes et les juger indignes. Elle rajuste de manière dramatique sa robe en satin caramel et reprend un ton plus calme, bien que toujours empreint de colère et d'arrogance :

Un Mal pour un BienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant