Le peuple de l'air : La Princesse Oubliée

Chapitre 36

Nous suivîmes Xénaya en silence, traversant le couloir aux murs de pierre ornés de tapisseries sombres représentant d'anciennes batailles. Le bruit léger de nos pas sur le sol résonnait faiblement, étouffé par l'épaisseur des pierres environnantes. Les torches vacillantes, accrochées à intervalles réguliers, lançaient des ombres étranges, presque vivantes, dansant sur les murs comme des spectres. L'air était frais, presque glacial, rappelant que nous étions en altitude, entourés par les montagnes.

Xénaya marchait devant nous, sa démarche féline et assurée, sa silhouette imposante se découpant contre la lumière tremblotante. Sa hache, reposant sur son dos, semblait vibrer d'une énergie sourde, comme si elle réagissait à l'ambiance pesante de la forteresse.

— Vous serez installés dans des chambres séparées, dit-elle sans se retourner. Prenez le temps de vous reposer. Les tempêtes ici peuvent durer plusieurs jours, mais je veillerai à ce que vous soyez à l'aise.

Elle nous mena à un palier où plusieurs portes massives étaient alignées. Elle désigna chaque chambre d'un geste rapide.

— Ici, pour vous, Emirya, et là, pour les autres. Prenez vos quartiers, et si vous avez besoin de quoi que ce soit, mes serviteurs sauront vous assister.

Elle se tourna enfin vers nous, son regard violet perçant chacun d'entre nous tour à tour, comme si elle cherchait à lire dans nos pensées. Son sourire énigmatique ne quittait pas ses lèvres.

— Demain matin, nous parlerons stratégie. D'ici là, reposez-vous. Vous en aurez besoin.

Nous échangeâmes tous un dernier regard avant de nous séparer pour la nuit.

— Fais attention, murmura-t-elle doucement, avant de disparaître dans sa chambre.

Je hochai la tête, même si elle ne pouvait plus me voir, puis j'entrai dans ma propre chambre.

La pièce était simple mais confortable. Un grand lit à baldaquin, couvert de draps épais, trônait au centre de la chambre, tandis qu'un feu crépitait doucement dans la cheminée, projetant une chaleur bienvenue dans l'air glacé. Les murs étaient décorés de tapisseries plus sobres, représentant des paysages montagneux, sans les scènes de bataille violentes que l'on trouvait ailleurs dans la forteresse. L'ambiance de la chambre était presque apaisante, en contraste avec la tension palpable qui régnait depuis notre arrivée.

Je m'assis sur le bord du lit, laissant mes pensées vagabonder. Le feu dans la cheminée crépitait doucement, son rythme irrégulier accompagnant celui de mes réflexions. Le bruit du vent sifflant contre les murs épais de la forteresse me rappelait que la tempête approchait.

— Quelle situation étrange, murmurai-je pour moi-même.

Il était difficile de se détendre complètement. Chaque recoin de cet endroit dégageait une énergie mystérieuse, ancienne.

Un bruit léger retentit derrière moi, me sortant de mes pensées. Je me retournai rapidement, mais ne vis rien. Le vent dehors devait avoir fait vibrer une fenêtre ou une porte. Je me levai pour vérifier, puis me rapprochai du feu, cherchant un peu plus de chaleur.

Je réfléchissais à ce que la journée de demain nous réservait. Je retournai vers le lit, décidant de me reposer. La nuit serait longue, et malgré la fatigue accumulée par notre voyage à travers les montagnes, je savais que le sommeil tarderait à venir.

En m'allongeant, je jetai un dernier regard vers la fenêtre, où la lumière des torches extérieures clignotait au rythme du vent. La tempête se rapprochait, et tout en moi sentait qu'elle n'apporterait pas seulement du mauvais temps. La tempête à l'extérieur grognait, un murmure constant, presqu'un avertissement. Je fermai les yeux, essayant de calmer mon esprit tourmenté, mais à chaque fois que je me laissais glisser vers l'inconscience, une sensation de danger latent me ramenait à la surface. Ce n'était pas seulement le bruit du vent ou la froideur de la pierre autour de moi. Non, c'était quelque chose d'autre, quelque chose qui semblait ramper dans l'ombre.