Le peuple de l'air : La Princesse Oubliée

Chapitre 17

Les dalles de marbre noir vibraient légèrement sous les pas d'Amor et d'Emirya alors qu'ils se lançaient dans une danse envoûtante au centre de la salle. Le rythme lent et envoûtant de la valse contrastait avec la tension qui régnait dans l'air. Chacun de leurs mouvements, calculés et précis, dégageait une alchimie inquiétante, presque hypnotique, qui attirait tous les regards. Je ne pouvais détacher mes yeux de la scène, un mélange d'admiration et de crainte grandissant dans ma poitrine.

Amor faisait tournoyer Emirya avec une aisance déconcertante, ses mains sur sa taille, son regard fixé sur elle comme s'il la possédait déjà. De son côté, Emirya gardait son expression impassible, mais je voyais bien la rigidité de son dos et la crispation de ses doigts contre la main d'Amor. Elle se battait intérieurement, tentant de conserver le contrôle, alors que ce prédateur dansait autour d'elle, comme un serpent enroulé autour de sa proie.

— Il joue avec elle, murmura Cain, ses yeux ne quittant pas la scène.

Je serrai les poings. Mon instinct me hurlait de m'interposer, de la sortir de cette danse toxique, mais je savais que cela n'était pas possible. Amor ne s'attendait qu'à une chose : une erreur de notre part, un faux pas qui lui donnerait une raison de nous écraser. Chaque mouvement de cette soirée était un test, et nous devions réussir à tous les surmonter.

Autour de nous, les invités continuaient de boire, leurs murmures remplissant l'air, mais aucun d'eux ne semblait se réjouir réellement. Chaque rire avait une note de cruauté, chaque sourire une lueur de mépris. J'avais l'impression d'être entouré de prédateurs en attente, prêts à bondir au moindre signe de faiblesse. Et là, au centre, Emirya jouait un rôle qu'elle détestait.

La valse continuait de tourner autour de nous, les couples se déplaçant comme des ombres, tandis qu'Emirya et Amor s'avançaient, magnifiquement gracieux. Leurs mouvements étaient fluides, mais je pouvais sentir la tension sous-jacente, une lutte de pouvoir palpable, cachée derrière les sourires feints et les éclats de rire.

Je poussai un soupir, ne pouvant détacher mon regard de leur danse. Chaque tour qu'ils prenaient me donnait un nœud à l'estomac, et je ne pouvais m'empêcher de ressentir l'angoisse d'un prédateur à l'affût.

— Regarde bien, murmura Cain à côté de moi. Il n'est pas seulement un danseur, c'est un manipulateur. Emirya doit garder son calme, sinon...

Je hochai la tête, mais les mots de Cain résonnaient dans mon esprit comme un écho sinistre. Emirya semblait en contrôle, mais je savais que la situation était précaire. Chaque regard échangé entre eux était chargé d'une signification cachée, comme s'ils discutaient sans mots, leurs véritables intentions dissimulées derrière le balancement de leurs corps.

— Ne bouge pas, ajouta Cain, sa voix basse et urgente. Nous devons attendre le bon moment.

Je serrai les poings, la frustration m'envahissant. Mon instinct de protection s'éveillait, mais je savais que tout mouvement imprévisible pourrait provoquer une réaction fatale. Chaque danse, chaque sourire échangé, renforçait le sentiment que le temps pressait.

Amor s'approcha d'Emirya, son visage à quelques centimètres du sien. Ses yeux brillaient d'une lueur possessive, mais Emirya ne fléchit pas. Je pouvais voir le feu dans son regard, une détermination indéniable.

— Que dirais-tu de quitter un instant ce bal infernal pour discuter en privé ? proposa-t-il, sa voix suave comme du velours.

Emirya inclina légèrement la tête, une lueur de défi dans ses yeux.

— Et risquer d'être trahi ? Ce serait bien trop dangereux, Amor. Je préfère rester au milieu de mes amis, au cas où tu déciderais de me trahir, répondit-elle, un sourire énigmatique sur les lèvres.