Chapitre 8

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Le fracas des sabots d'Atlas résonnait dans la forêt comme une symphonie inquiétante. Chaque pas lourd de la créature faisait vibrer le sol, répercutant son écho à travers les sous-bois épais. Nous avancions en silence, Cain et moi, suivant Emirya qui ouvrait la marche sur sa monture. La forêt semblait vivante, tordant ses racines et ses branches basses sur notre passage, comme si elle ressentait la gravité de notre quête et nous observait d'un œil invisible.

Je jetai un coup d'œil à mon frère. Cain, habituellement imperturbable, fixait Atlas avec une intensité dérangeante. Ses mâchoires se crispaient, trahissant une anxiété inhabituelle. La créature qui menait la marche était imposante, un "équidiator" dont les légendes fae ne faisaient qu'effleurer l'horreur réelle.

— Toujours obsédé par ce cheval démoniaque ? le taquinai-je en chuchotant, un sourire en coin.

Cain tourna lentement la tête vers moi, ses yeux sombres se fixant sur les miens.

— Ce n'est pas tous les jours qu'on chevauche à côté d'un monstre capable de nous broyer en un claquement de mâchoire, dit-il d'une voix rauque. Même pour des princes fae comme nous, cette créature appartient à des mythes qu'on croyait oubliés.

Avant que je ne puisse répondre, la voix glaciale d'Emirya fendit l'air.

— Atlas n'est pas un monstre, Cain, dit-elle sans même se retourner. C'est une créature ancienne et noble. Vous devriez le respecter. Il peut ressentir votre peur... et s'en nourrir s'il le souhaite.

Un frisson glacé me traversa le dos. Cain resta silencieux, serrant les dents, tandis que nous poursuivions notre route, seulement troublée par le son régulier des sabots et le souffle du vent qui glissait à travers les branches mortes.

Peu à peu, la forêt s'éclaircit, dévoilant un chemin pavé qui menait vers un petit village niché entre deux collines. Au loin, une auberge se détachait du paysage : la Licorne Dorée. Une enseigne en bois, finement sculptée, représentait la silhouette élancée d'une licorne aux teintes dorées.

Emirya ralentit, levant la main pour nous indiquer de la suivre avec prudence. Ses yeux brillaient d'une gravité que je ne lui connaissais pas.

— Nous passerons la nuit ici, annonça-t-elle. Eolya, la propriétaire, est celle que nous devons rencontrer. Une centaure, ancienne guerrière de la Cour des Sabots.

Je fronçai les sourcils en entendant ce nom. Une centaure, ici, à la tête d'une taverne ? L'idée me semblait absurde. Les centaures étaient des créatures nobles, fières, loin des affaires des fae et des auberges bruyantes. Cain, lui, semblait tout aussi perplexe.

— Tu es sûre qu'elle acceptera de nous parler ? demandai-je, légèrement nerveux.

Emirya hocha lentement la tête, ses yeux scrutant les alentours comme une prédatrice.

— Eolya ne fait confiance à personne, encore moins à des princes fae. Mais elle déteste Angel, le roi sanguin, autant que nous. Si vous êtes intelligents, elle pourrait nous aider. Mais souvenez-vous... notre nom porte encore le poids des crimes de notre grand-père.

Un silence lourd s'installa, et nous descendîmes de nos montures. Atlas disparut dans l'ombre des arbres avec une fluidité inquiétante, tandis qu'Emirya ouvrait la porte de la taverne. À l'intérieur, la chaleur et le bruit nous enveloppèrent aussitôt. Des rires, des voix rauques, et une odeur de bière épicée emplissaient l'air. Pourtant, ce qui attira immédiatement mon regard fut la silhouette massive derrière le comptoir : Eolya.

Elle dominait la pièce par sa seule présence. Ses cheveux bruns tombaient en boucles épaisses autour de son visage marqué par les années et les batailles. Ses yeux marron, perçants, captèrent chaque détail de la salle avec une vigilance implacable. Son corps équin, puissant et musclé, chaque cicatrice sur sa peau témoignant d'une vie passée à combattre.

Le peuple de l'air : La Princesse OubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant