Le rire d'Emirya résonnait encore, léger et cristallin, lorsqu'elle se redressa lentement dans sa chaise, essuyant une larme qui brillait au coin de son œil. Ses iris d'un noir profond brillaient d'une lueur malicieuse tandis qu'elle se penchait en avant, posant ses coudes sur la table. Son regard perçant balayait la salle avant de se fixer sur nous, Cain et moi, comme si elle mesurait chaque détail de notre posture.
— On pourrait presque s'y habituer, non ? lâcha-t-elle avec un sourire en coin, en désignant la taverne d'un geste vague.
Son ton semblait léger, presque détaché, mais ses paroles étaient lourdes de sous-entendus. La taverne, malgré ses airs chaleureux et animés, était un nid de serpents, rempli de promesses voilées et de menaces silencieuses. Chaque rire, chaque murmure pouvait dissimuler une intention sombre.
Je haussai un sourcil et me renfonçai dans ma chaise, jetant un coup d'œil rapide vers la porte d'où Goldryque avait disparu. La scène avec ce fae cornu restait gravée dans mon esprit.
— Peut-être pour toi, rétorquai-je avec un soupir, mais personnellement, je préfère éviter de me retrouver en tête-à-tête avec un fae enragé.
Cain, toujours un peu endolori après mon coup bien placé sous la table, se redressa avec un grognement. Il s'efforça de garder contenance, mais je vis bien qu'il essayait de ne pas masser discrètement son côté meurtri.
— Au moins, ajouta-t-il en étirant un sourire narquois, tu as toujours un goût douteux pour les fréquentations. Mais je dois reconnaître que tu sais te débarrasser d'eux avec panache.
Emirya haussa simplement les épaules, comme si ce genre d'altercations n'était qu'une diversion sans importance. Un simple divertissement dans un monde de chaos.
— Ils ne sont que des distractions, dit-elle, le regard fuyant. Des pions dans un jeu bien plus vaste.
Elle se tourna alors vers l'escalier où les soldats au sang blanc avaient disparu quelques instants plus tôt. Son sourire s'éteignit doucement, remplacé par une expression plus grave. Une ombre sembla passer sur son visage, et je sentis un poids grandir dans l'air. La tension en elle devenait palpable, une sorte de fardeau silencieux qu'elle portait depuis trop longtemps sans le montrer.
Je m'apprêtais à lui demander ce qui la tracassait vraiment, mais avant que je ne puisse formuler ma question, un raclement de gorge retentit à notre table.
Eolya, la centaure imposante, venait de revenir. Ses sabots frappaient doucement le sol en bois, chaque pas résonnant avec une lourdeur maîtrisée. Malgré sa carrure massive, elle portait un plateau de chopes de bière avec une surprenante délicatesse. Elle déposa chaque chope devant nous avant de redresser son imposante silhouette.
— Vos chambres sont prêtes, déclara-t-elle d'une voix rauque mais ferme. Mais avant cela, vous et moi, nous devons parler.
Son regard se fixa d'abord sur Emirya, puis glissa lentement vers Cain et moi. Ses yeux sombres semblaient nous jauger, pesant chaque choix que nous avions fait jusque-là, chaque erreur aussi. Elle s'assura que personne autour ne prêtait attention à nous avant de continuer.
— Vous parlez de renverser Angel, dit-elle en baissant légèrement le ton. Vous vous rendez compte de ce que ça implique ?
Son ton était plus mordant, comme si elle attendait de nous voir reculer face à la dure réalité que ses mots évoquaient. Mais Emirya, sans une seconde d'hésitation, soutint son regard avec la même détermination glaciale.
— Nous n'avons pas d'autre choix, répondit-elle, sa voix calme mais tranchante comme une lame. Angel m'a pris mon trône. Il est grand temps que je le reprenne. Il a détruit des lignées entières, et d'après les rumeurs, il ne compte pas s'arrêter là. Son ambition dépasse les frontières des sanguins. Il veut renverser Tarrafae.
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Le peuple de l'air : La Princesse Oubliée
FantasyCela fait bientôt 25 ans que la paix règne à Tarrafae. Cassian, deuxième fils du roi Cardan et de la reine Jude, ne cesse de faire la fête et de fuir ses responsabilités de prince. Lors d'un banquet organisé en l'honneur de son grand frère le princ...