Chapitre 41: Les Doutes et les Peurs

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Le ciel au-dessus de la mer s'était paré de teintes rosées alors que le soleil se couchait à l'horizon, créant une atmosphère paisible sur le pont du navire. Mais pour Rose, la tranquillité extérieure ne reflétait pas la tempête de pensées qui tourbillonnaient dans son esprit. Assise seule dans sa cabine, le journal ouvert devant elle, elle fixait la page blanche, son stylo suspendu au-dessus du papier, comme si elle hésitait à confier ses peurs les plus profondes.

Rose avait toujours trouvé du réconfort à écrire. Son journal était devenu un refuge, un endroit où elle pouvait être honnête avec elle-même, où elle n'avait pas à être la femme forte que tout le monde voyait en elle. Mais ce soir-là, l'écriture semblait plus difficile. Les mots qui voulaient se former étaient lourds, encombrés de doutes et d'incertitudes.

Elle posa enfin la plume sur le papier, traçant les premières lignes :

"Les vents ont changé. Je le sens depuis un moment, mais aujourd'hui, plus que jamais, l'avenir me paraît incertain. Shanks et moi avons traversé tant de choses ensemble. Dix années de batailles, de victoires, de découvertes. Pourtant, ce n'est pas le passé qui me hante... c'est ce qui pourrait arriver. L'inconnu, les dangers qui nous guettent, et cette vie que je pourrais porter en moi..."

Elle s'interrompit, posant son stylo et se laissant tomber contre le dossier de sa chaise. Son cœur s'accélérait à l'idée de ce qu'elle avait partagé avec Hongo et Shanks plus tôt. La possibilité qu'elle soit enceinte bouleversait tout. Leurs vies étaient déjà dangereuses en tant que pirates, mais ajouter un enfant dans cette équation... cela lui paraissait terrifiant.

La main sur son ventre, elle ferma les yeux un instant, imaginant ce que cela signifierait. Est-ce que Shanks serait prêt à cela ? Elle savait que sa réponse serait probablement "oui", sans hésitation, mais cela ne rendait pas la perspective moins intimidante. Elle n'était même pas certaine d'être prête elle-même. Elle avait grandi au sein de l'équipage, embrassé cette vie d'aventures et de libertés. Un enfant changerait tout.

Son esprit s'égara vers Uta. Cela faisait des années maintenant qu'elle ne l'avait pas vue, depuis cette tragédie sur Élégia. Rose se souvenait de la petite fille pleine de vie, toujours à courir sur le pont du navire, à chanter des chansons, à rêver de mondes merveilleux. Un sourire doux se dessina sur ses lèvres à ces souvenirs.

"Elle aurait grandi si vite," pensa-t-elle avec une pointe de nostalgie. "Si elle était encore avec nous, elle serait une jeune femme à présent, pleine de rêves et de talents."

Uta avait toujours été spéciale pour Rose, presque comme sa fille adoptive. Leur lien était profond, né de cette période où elles avaient toutes deux trouvé refuge au sein de l'équipage de Shanks. Pourtant, Uta avait fini par partir, ou du moins, c'est ce que Shanks lui avait dit. Rose savait, au fond d'elle-même, que la vérité était bien plus sombre. L'esprit maléfique de Tot Musica, l'incendie d'Élégia... Tout cela avait arraché Uta à leur vie. Mais c'était une chose à laquelle ils n'avaient jamais pu vraiment faire face, un poids qu'ils portaient encore, chacun à sa manière.

Rose reprit son journal, ses pensées revenant à leur situation actuelle :

"Je me demande parfois si nous serons capables de maintenir cet équilibre. Shanks et moi... nous sommes comme la mer et le vent, inséparables mais souvent imprévisibles. Est-ce que je peux vraiment lui demander de changer pour un enfant, pour moi ? Lui, qui a toujours eu la liberté dans les veines ? Et moi, est-ce que je suis prête à renoncer à cette vie, à cette liberté ? Je n'en suis plus si sûre."

Elle entendit des bruits de pas approcher de sa cabine. Quelques secondes plus tard, la porte s'entrouvrit doucement, laissant apparaître Shanks, toujours aussi décontracté, une lueur d'inquiétude voilée dans son regard. Il se tenait dans l'encadrement de la porte, observant Rose un instant avant de s'avancer.

— Tu es toute seule ici depuis un moment, murmura-t-il en s'asseyant face à elle. Tout va bien ?

La belle ferma doucement son journal, le plaçant sur le bureau sans répondre tout de suite. Elle leva les yeux vers Shanks, essayant de lire dans ses yeux l'inquiétude qu'elle savait dissimulée sous son masque de légèreté.

— J'ai juste... beaucoup de choses en tête, répondit-elle finalement, sa voix légèrement tremblante.

Il tendit la main pour effleurer la sienne, une chaleur réconfortante émanant de ce simple geste.

— Si c'est à propos de ce que Hongo a dit... quoi qu'il en soit, on le traversera ensemble. Je suis là, tu le sais bien, dit-il doucement, ses yeux rivés aux siens avec une intensité qui la faisait vaciller.

Rose sourit faiblement, mais l'inquiétude ne quitta pas son visage.

— Je sais, Shanks... Je le sais. Mais... je ne peux pas m'empêcher de penser à tout ce qui pourrait arriver. Cette vie... Elle est pleine de dangers. Est-ce vraiment le bon moment pour... pour un enfant ?

Shanks la regarda en silence un moment, comprenant la profondeur de ses inquiétudes. Il connaissait cette vie mieux que quiconque, ses risques, ses sacrifices. Il posa son autre main sur la sienne, la serrant plus fermement.

— Il n'y a jamais de bon moment, Rose, murmura-t-il. La vie, c'est ce qu'on en fait. Tu sais que je ne suis pas du genre à faire des plans à long terme. Mais ce que je sais, c'est que peu importe ce qui nous attend, je veux que tu sois à mes côtés.

Ces mots résonnèrent profondément en elle. C'était tout Shanks, après tout. Toujours à vivre dans le présent, à savourer chaque instant sans se soucier du futur. Mais pouvait-elle vraiment être aussi insouciante ? Le poids de la responsabilité d'un enfant ajoutait une nouvelle dimension à tout cela.

Elle soupira, sentant l'étreinte du capitaine sur sa main lui apporter une étrange forme de réconfort.

— J'ai peur. Peur de ne pas être à la hauteur... Peur de ce que l'avenir pourrait nous réserver, avoua-t-elle, sa voix brisée par l'émotion.

Shanks se leva lentement de sa chaise, se penchant vers elle pour poser un baiser léger sur son front.

— Tu es bien plus forte que tu ne le crois, Rose, murmura-t-il. Peu importe ce qui arrive, je sais qu'on pourra tout surmonter.

Elle ferma les yeux, se laissant envelopper par ce moment de tendresse, ses craintes s'apaisant un peu, mais toujours présentes, en toile de fond.

...

La suite dans le prochain chapitre

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