Nicolae et Adriana

Chapitre 57

J'avais complétement zappé le livre que mon prof préféré m'avait donné après les cours. Il tient vraiment à m'aider et ça me touche énormément. J'espère qu'il a raison et que ce livre m'aidera vraiment. J'attrape le bouquin et m'installe sur mon lit pour commencer ma lecture.

"les rêves sont encore un domaine mystérieux sur lequel il est impossible d'avoir une emprise totale. L'usas le plus connu est l'utilisation des rêves pour explorer d'éventuelles vies antérieures, ce qui donne lieu à un véritable effet de mode."

Ouais ben je me passerais bien de suivre la mode là. Je veux juste avoir une vie normale. Je pensais que découvrir l'assassin d'Adriana stopperait tout mais depuis que je sais la vérité, j'ai la visite du Nicolae du passé et de Ludwig qui parlait bien de ma vie présente lui... Alors... je reprends ma lecture mais l'introduction du livre est assez soporifique. Je finis par tourner les pages un peu au hasard jusqu'à ce que mon regard soit accroché par un thème qui me touche de pres.

"Certaines personnes ont développé un don dans ce domaine. Elles sont capables de pénétrer les rêves et d'y évoluer comme si elles en faisaient partie. Cela nécessite de leur part une grande force mentale et beaucoup d'énergie psychique car utiliser leur don entraine de grand risque. Si une personne n'est pas suffisamment prête, autant mentalement que physiquement, elle courte le risque de perdre le contrôle. Le plus souvent un non initié sombrera dans la folie, mais des cas plus complexes ont déjà été observés. Dans ces cas-là, le rêveur perd toute notion de la réalité. Le rêve et la réalité se mélangent au point qu'il est impossible de démêler le vrai du faux."

Bon c'est exactement mon cas, autrement dit, je suis foutue... je continu à lire en espérant que le livre donne un moyen de remédier à ça.

" Il arrive même que le rêveur, soums à un grand stress, fantasme ses rêves et leur donne l'apparence de ce qui les rassure et les réconforte."

Et comment ne pas stressé avec tout ce qui me tombe dessus... Je tourne la page tremblante.

" Il est tentant de se laisser aller à ce genre de rêves. Mais une fois plongé dedans, il est très difficile, voire impossible d'en sortir."

Je laisse tomber le livre comme s'il venait de me bruler les mains. Est-ce que c'est ce qu'il va m'arriver. Est-ce que je vais m'enfoncer dans un rêve et ne plus jamais en sortir. Je me rappelle le mal fou que j'ai eu pour sortir du rêve tout à l'heure... Ça me terrifie. Je ne veux pas oublier ma réalité... Nicolae... Mon cœur se serre et ma tête est de nouveau prise dans étau. Je me masse les tempes cherchant un moyen d'apaiser la tension qui m'oppresse. Mais rien n'y fait.

Les murs de ma chambre semblent se refermer sur moi, prêt à m'écraser comme un misérable insecte. J'ai l'impression d'étouffer. Impossible de me calmer. Je suis en pleine crise de panique. Les battements frénétiques de mon coter s'intensifient au point d'en devenir assourdissants. Je porte ma main sur ma poitrine comme pour empêcher mon cœur d'en sortir. Il faut que je parte d'ici et de ses fantômes !

Sors de ma chambre en trombe, la porte rebondissant contre le mur. Je me moque bien t'attirer l'attention de tout le monde. Comme une possédée, je me mets à courir pour m'éloigner au plus vite de tout cela. Je dévale l'escalier à toute vitesse en manquant de tomber au moins trois fois. La vue de la porte d'entrer me fait accélérer davantage. Pourvu que personne ne tente de me retenir.

Je passe la porte sans encombre et prends la direction du centre-ville. La civilisation, la normalité, voilà ce que je veux retrouver ! mais en me voyant débouler dans l'état ou je suis la civilisation va me prendre pour la folle que je suis devenue. Au dernier moment, je dévie mes pas et m'enfonce dans la forêt qui s'étend derrière le manoir. Le ciel est menaçant et un éclair zèbre le ciel. Chacun de mes pas est plus lourd que le précèdent comme si des bras invisibles voulait m'empêcher de partir. Ma folie a décidé que je ne devais pas quitter le manoir et ses murs oppressants. Sauf ma volonté est plus forte et je ne cèderais pas.