Confessions
– AAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!
Où est-ce que je suis ?! Qu'est-ce qui m'arrive ?! Étais-ce mon cri ce hurlement atroce ?!
Ma respiration était saccadée, mon cœur battait la chamade, tout mon corps tremblait, mais je me sentais étonnamment en vie. Comment étais-ce possible ?! Il faisait pourtant toujours aussi sombre ici, et je ne sentais plus mes pattes. Or je pouvais percevoir des sons, des odeurs, et même des mouvements ; l'au-delà sentait la soie à plein nez.
Les contours d'une chambre carrée et étroite se dessinèrent dans l'obscurité. Je ne saurais pas vraiment dire où je me trouvais, mais cet endroit avait quelque chose de familier, de rassurant. Ici je pouvais bouger. Lentement d'abord, je me relevai, grelottant, et tentai vainement de me détendre en fixant de toutes mes forces le mur en face de moi. Ça ne fonctionnait pas. L'image du ravissement qu'éprouvait Nathan alors qu'il me broyait étouffait toute autre forme de pensées, dont celles qui m'auraient permis de retrouver mon calme. Je ne pouvais pas m'arrêter de ressasser cet odieux sourire, ces yeux brûlants d'excitation tandis qu'il me réduisait en miettes entre ses doigts. Cela attisa ma migraine, qui revint avec une intensité telle que je dus me mordre les lèvres pour m'empêcher d'hurler à nouveau. Un fluide tiède et salé s'insinua dans ma gorge ; tout mon visage semblait liquide, comme si un tsunami de larmes l'avait emporté et avait tout ravagé sur son passage. Entre deux sanglots je tombai soudain sur mes mains, sur mes dix doigts chéris revenus à la normale, et en les passant sur mon crâne je retrouvai mes cheveux. Mes crochets étaient vivaces, et mes mandibules s'agitaient de bonheur. Jamais je n'aurais cru me sentir aussi heureux d'être dans cet hideux corps d'hybride.
Malgré ça, la peur me clouait sur place, m'arrachant d'horribles souffrances mentales et physiques, et je ne savais toujours pas comment lui échapper. J'avais l'impression que mon estomac avait été réduit en une bouillie gluante, acide et nauséabonde, même si ça n'en avait pas l'air vu de l'extérieur, et que cela se propageait dans toute ma chair comme si mes veines étaient désormais saturées de vomi. J'optai pour une position assise, les deux pattes avant dans le vide et le reste fourré dans la sorte de toile qui me soulevait au dessus du sol. Elle ressemblait fortement à celles que je tissais d'ordinaire, mais avec l'obscurité ambiante plus rien n'était sûr.
Soudain, je fus surpris par un être inconnu qui sortit de l'édredon juste à côté de moi.
– Tom ?... murmura le garçon étranger.
Qui était-il ? Et comment pouvait-il connaître mon nom ?!
Il se rapprocha de moi, et posa délicatement une main sur mon épaule. Je la dégageai tout de suite, agissant en légitime défense, et cela l'interloqua.
– Hey, c'est moi, Nathan.
Nathan ?! Non, pas Nathan ! Nathan m'a fait du mal, trop de mal, je ne veux pas le voir ! Je veux qu'il disparaisse, tout de suite !
– Est-ce que... tu pleures ?
Non ! Je ne pleure pas, je veux que tu disparaisse ! Te voir disparaître et ne plus jamais revenir, ne plus jamais me blesser, ne plus jamais me faire mal, ne plus jamais me faire peur et ne plus me parler. Pas d'autres mots.
Il se mit en mouvement, et je me retrouvai à contre-cœur dans ses bras.
– Respire, ce n'était qu'un cauchemar.
Un cauchemar ? Quel cauchemar ? De quoi parlait-il ? Et pourquoi ressentais-je tant de joie par le simple fait de le toucher ?
Je m'écroulai contre lui et fondis en larmes. Pourquoi appréciais-je tant ce moment, ces caresses, tout cet amour qu'il me vouait ? Ses sentiments étaient-ils réels ? Jouait-il encore la comédie pour mieux me trucider ? On me glissa quelque chose dans la bouche, que j'avalais par curiosité, et alors tout s'illumina autour de moi, tout devint plus clair.
