Je l'ai détesté au premier regard.
Je ne suis pourtant pas une personne haineuse. En réalité, je suis même particulièrement amicale, mais il y a quelque chose chez Justin Bieber qui me hérisse les poils, et ce depuis la première fois que je l'ai vu, il y a cinq semaines.
C'est peut-être que je suis attirée par lui alors que c'est bien la dernière chose dont j'ai envie, et qu'il me rappelle tout ce que j'ai laissé chez moi, à Brooklyn.
Je m'efforce de chasser ces pensées et continue d'examiner la résidence de la fraternité comme s'il n'existait pas. Ce qui est loin d'être évident, surtout avec les trois filles collées à son bras et à d'autres parties de son corps que je ne nommerai pas. Faut-il préciser que ce type est diaboliquement sexy ?
Il a des cheveux blonds, ébouriffés et dorés par le soleil, des reflets naturels pour lesquels la plupart des filles seraient prêtes à payer une fortune - et d'ailleurs, c'est ce qu'elles font. Ses yeux sont d'un marron si intense qu'ils paraissent électriques, et sa peau naturellement cuivrée par le climat californien. Inutile d'ajouter qu'il a un corps de rêve, mince et musclé car, après tout, on est bel et bien en Californie et, ici, apprendre à surfer dès qu'on tient sur ses deux jambes, c'est une question de survie.
- Arrête de le reluquer.
Kayleigh s'approche de moi et me donne une petite tape sur l'épaule.
- Tu as autant de chances de me voir le reluquer que de me voir faire un strip-tease pour toute la résidence, je réplique.
- Chérie, j'en connais plusieurs qui seraient vraiment pas contre.
Kyle m'adresse un clin d'oeil de l'autre côté du bar dans la cuisine et je pousse un soupir.
- Ils peuvent toujours rêver. Ça risque pas d'arriver, Kay.
- Dommage. (Elle me sourit.) Je serais pas forcément contre, moi non plus.
Je secoue la tête, mais avec un sourire. Dès le premier jour où elle est entrée dans notre chambre, il y a cinq semaines, Kay a ouvertement affiché son orientation. Elle est bisexuelle et se fiche que les gens soient au courant. J'ai éprouvé du respect pour elle à la seconde où je l'ai vue. Je trouve sa spontanéité plutôt rafraîchissante.
- Tu es incorrigible, je lui dis d'un air faussement réprobateur.
- Parle pour toi ! (Elle me fait un clin d'oeil et claque des doigts vers Kyle.) À boire, trouduc !
- Attends ton tour, la relou, répond-il en remplissant deux shots de vodka avant de les tendre à quelqu'un à l'autre bout du bar.
- Je parie qu'il se précipiterait si c'était toi qui avais demandé, murmure-t-elle à voix pas si basse.
- Tu crois pas si bien dire, Kay ! (Kyle se retourne et me décoche son sourire à cent mille watts.) Tu veux un verre, sublime créature ?
- Ça va, merci, je réponds avec un sourire poli. Mais je suis sûre que Kay est partante, elle.
- Tu déconnes ! (Kay se penche en avant et fait claquer sa main sur le bar.) Quatre shots de vodka, Kyle. Ce soir, je vais lui apprendre la vie, à Miss Maddie.
- C'est parti !
Il aligne quatre petits verres à liqueur.
- Kay, je murmure d'une voix sifflante. Tu sais bien que je ne bois pas !
- Buvais, corrige-t-elle. Buvais pas. Mais maintenant, si.
- Kay.
- Maddie, fait-elle en imitant le ton de ma voix avant de s'emparer des verres que Kyle fait glisser vers nous. Un, deux et paf. C'est comme ça qu'on fait, petite fille. Tu réfléchis pas, tu gâches pas. Tu me descends les deux.