Chapitre neuf - MADDIE

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Je fixe mon téléphone des yeux, incrédule. J'ai quitté Brooklyn il y a six semaines et c'est maintenant, seulement maintenant, que mon frère Pearce s'est souvenu de moi. Ce message est le premier depuis mon arrivée à Berkeley. Enfin, son premier message. Je lui en ai envoyé un le premier jour pour lui dire que j'étais bien arrivée, et aucune nouvelle. Jusqu'à aujourd'hui.

Je regarde de nouveau mon téléphone. Je ne sais pas pourquoi je m'attendais à autre chose de sa part. Il ne prend contact avec moi que quand il a besoin de quelque chose. Et comme d'habitude, il est question d'argent. Je ne veux pas savoir pourquoi il en a besoin, mais compte tenu de la somme qu'il m'a demandée, huit cents dollars, je dirais que c'est pour le loyer. Tout ça parce que ce connard égoïste et arrogant n'arrive pas à garder un boulot assez longtemps pour soutenir notre père suicidaire.

Je me frotte le front en essayant de chasser ces mauvais souvenirs, et je réponds à Pearce que j'appellerai la banque et virerai l'argent sur le compte de papa. Même si ça ne changera pas grand-chose. Pearce utilisera l'argent comme il veut de toute façon, en faisant passer papa en deuxième.

Une vague de culpabilité me submerge d'avoir laissé papa, mais je me force à rappeler que c'est ce qu'il voulait, et ce que maman aurait voulu pour moi.
Pearce a toujours été trop égocentrique pour faire quelque chose de sa vie. C'était moi le cerveau, et c'était pour ça qu'elle avait économisé une somme à laquelle j'avais accédé à ma majorité.

Elle avait un jour appelé ça les fonds d'études, en disant qu'elle avait économisé depuis le jour où elle avait appris que j'arrivais, qu'elle voulait que j'aie une bonne vie. Elle avait aussi épargné pour Pearce, mais il s'est acheté une voiture et Dieu sait quoi d'autre. Elle aurait honte de lui si elle le voyait aujourd'hui. Elle serait furieuse.

Je ferme les yeux pour chasser ces pensées de mon esprit. Au bout de trois ans, la plaie est toujours trop fraîche, trop vive. La douleur suinte toujours comme le sang coule d'une coupure, mais c'est supportable. Ce n'est qu'une partie de ma vie. Une autre partie que j'aurais dû laisser à Brooklyn en partant. Mais, comme toute bonne tragédie, elle me poursuit.

Je décide de faire l'impasse sur la bibliothèque pendant mon heure libre et préfère travailler dans la bulle sécurisé de ma chambre. En plus, en allant à la bibliothèque, je risque de tomber sur Justin.

La version californienne de mon frère.

Mes pensées dérivent sur notre « rencard » de demain soir. Il doit vraiment avoir envie de moi s'il est encore en train d'attendre. En général il traîne une demi-heure - si vous manifestez de l'intérêt, tant mieux. Sinon, il passe à la suivante. Ouais, on ne peut pas nier qu'il ne plaisante pas avec sa vie sexuelle. En fait, une partie de moi respecte presque sa façon de tout faire pour obtenir ce qu'il veut.

Mais une infime partie, de la taille de mon petit orteil. Le reste pense toujours que c'est un porc.

Je me demande ce que maman dirait si elle avait connaissance de ce défi. En tant que femme forte et indépendante, elle serait probablement un peu fière de savoir que j'allais le remettre à sa place. En tant que mère, elle me conseillerait d'être prudente et de ne pas y laisser mon cœur en cours de route. Je ricane à cette idée. Laisser mon cœur à Justin Bieber ?

Ça risque pas d'arriver.

- Décontracté, s'exclame Kay depuis la salle de bains.
- Non, décontracté chic, soutient Lila en secouant la tête.
- Lila, ils vont au bowling, souffle Megan. Elle doit être décontractée mais confortable. Une robe décontractée ou un joli haut et ton jean moulant, là.
- Celui qui fait un cul à mon cul ? Je hausse un sourcil.
- Oui. Il faut bien appâter le client.

Jeux Dangereux Tome 1 - Le défiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant