Chapitre quinze - MADDIE

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- Ton « Tu ignores toujours les filles avec qui tu couches », c'était magique, Maddie. Carrément magique.

Megan éclate de rire et je m'interromps, mon bâton de mascara suspendu en l'air, et je lui envoie un sourire dans le miroir. Je suis ravie qu'elle pense au plan, parce que moi pas.

Je suis préoccupée par ce que je ressens quand il me touche.
Quand il a posé la main sur ma cuisse tout à l'heure, j'ai eu envie de le castrer. Vraiment, j'avais envie de lui arracher ses bijoux de famille et de les passer à la râpe à fromage. Plusieurs fois. Quand il s'est mis à me caresser la jambe, j'ai eu envie de le frapper, et pourtant quand il a retiré sa main, j'ai eu envie de la reprendre et de lui dire de la laisser là.

Cette pensée me rend légèrement malade. Je voulais que Justin Bieber me touche, et il le faisait, et j'adorais ça. Bon sang, j'ai aussi adoré ce geste innocemment sexy avec son pouce à l'intérieur de ma jambe. Cette histoire commence à devenir dangereuse.

Ça ne fait qu'une semaine et je sens déjà une petite fissure dans le barrage de mon attirance pour lui. Ouais, l'attirance que j'ai enfermée dans une boîte en fer avec la totale, gros cadenas et mot de passe crypté.

Ce qui m'énerve et que je ne comprends pas, c'est comment il peut me dégoûter un instant, et comment je peux l'embrasser la minute d'après. Sans que ça me dérange. Ni sur le coup, ni après. Beurk, comment je peux aimer embrasser quelqu'un que je déteste autant ? Je ne dois pas oublier que c'est un jeu, et pour gagner, il faut que je joue. Que je joue selon les règles. Ses règles. Le seul moyen de gagner, c'est de jouer selon les règles du joueur.

Et le jeu est gouverné par le sexe. C'est le but, le grand prix. Tout ce qui ne relève pas de l'attirance et du désir sexuels n'a pas sa place ici, pas sous ma responsabilité.

Une semaine de passée, encore trois à venir. Il ressent plus qu'une simple envie de coucher avec moi, c'est clair. Mon attitude est crédible et je sais qu'il est en train de craquer, en train de craquer pour moi. Je ne dois juste pas oublier que je le déteste.

Mes cheveux volent au vent et je les retiens d'un côté de mon cou. Mais cette petite brise est la bienvenue par ce temps automnal anormalement chaud, alors je m'en fiche. J'aurais seulement dû penser à emporter un élastique.

Lila se met à fredonner tout fort quand on arrive, guidées par les rires et les éclats de voix à l'autre bout de la plage. Toutes les première année sont là, on dirait, et de la musique jaillit de quelque part. Quelqu'un prépare un feu et Megan pousse un gémissement.

- Pourquoi ils ont besoin d'un feu ? Il fait toujours près de trente degrés dehors.
- Parce qu'ils sont trop frais, tiens, dit Kay en riant. Pauvres cons.

Je grogne pour approuver et parcours la foule des yeux, à la recherche de Justin. Est-ce que je peux m'accorder cinq minutes pour profiter de cette soirée avant d'être forcée de jouer la nouvelle petite amie transie d'amour ?

Apparemment oui.

On trouve une place et Lila fouille immédiatement le sable des yeux à la recherche de galets ou de bois flotté. Je plains le moindre fragment de bois qui oserait égratigner ou écorcher sa jambe. Estimant visiblement qu'on peut s'asseoir en toute sécurité, elle s'installe et s'appuie contre un arbre. Megan secoue la tête, et Kay et elle se laissent à leur tour tomber sur le sable. Je les imite, mais de manière plus conventionnelle.

Je passe ma main dans mes cheveux et démêle quelques nœuds à l'extrémité de mes mèches légèrement bouclées. Je sens le sable bouger der- rière moi. Deux mains m'agrippent par la taille et je sursaute en laissant échapper un petit cri.

Jeux Dangereux Tome 1 - Le défiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant