Chapitre dix-sept - MADDIE

71 2 0
                                    

Mon frère, qui se trouve actuellement à quatre mille kilomètres de là, a toujours le don de me gâcher la journée - voire l'existence. Et, apparemment, le don de fiche par terre neuf jours de dur labeur avec Justin.

Mais franchement, qui se pointe devant quelqu'un à la cafétéria de l'université pour lui demander de reprendre là où ils s'en étaient arrêtés ? C'est bas et pitoyable, et ça me rappelle exactement pourquoi je fais tout ça. Ça ravive aussi la haine que j'ai pour Justin mais que j'ai perdue quand il m'a serrée comme il l'a fait après ma crise.

Je soupire et mes pensées dérivent de nouveau vers Pearce. La colère bouillonne en moi et j'ai comme une folle envie de balancer mon téléphone par la fenêtre de ma chambre. Ce serait vraiment une telle satisfaction de le voir exploser en mille morceaux sur le trottoir... Ou alors, bien sûr, je pourrais changer de numéro. C'est probablement une meilleure idée, mais qui est loin d'être aussi revigorante.

Je ne suis pas surprise qu'il m'ait contactée si vite après la dernière fois. Je pensais qu'il voulait de l'argent pour le loyer, mais je me trompais. Je me trompais complètement.

Il y a une grosse différence entre Pearce et Justin que je dois bien reconnaître. Et cette différence se présente sous la forme de drogues.

Pearce est tombé dedans quand maman a été tuée. C'était son « échappatoire ». Il n'y a rien de mal à vouloir s'échapper, mais quand cette évasion vous amène tout en bas de la pente, c'est que vous avez un problème. Et mon frère adoré a résolu le problème en s'échappant de plus en plus.

Et cette fois, il a accumulé une telle dette que les huit cents dollars déjà transférés par ma banque n'en couvrent même pas la moitié.

Naturellement, il a dit à celui à qui il l'a empruntée qu'il aurait bientôt la somme, en supposant que je lui prêterais comme je le fais toujours.
Mais cette fois, j'ai dit non. Je lui ai dit que je n'avais plus l'intention de le renflouer pour le tirer d'affaire et il est devenu fou.

Son message d'hier matin m'informait qu'il prenait ses dispositions pour venir ici, et que je pouvais m'attendre à le voir débarquer la semaine prochaine.

Je fais claquer ma langue. Deux vies différentes qui se télescopent. Tout le monde ici sait que j'ai un grand frère à Brooklyn, mais personne ne connaît les détails. À part Kay, Megan et Lila, seul Justin sait que ma mère a été tuée. Personne ne m'a jamais posé la question, et ce n'est pas le genre d'information que j'ai envie de partager sans raison.

Mais Pearce, ici ? Cette idée m'effraye parce que je le connais. Après tout, est-ce que je ne l'ai pas vu dominer et prendre le contrôle de ma meilleure amie, jusqu'à la pousser à la tentative de suicide, tout ça à cause de son addiction et de son complexe d'infériorité ?

Je me frotte les yeux avec la paume de la main et les enfonce dans leurs orbites comme si ça pouvait effacer les souvenirs de l'année dernière. Ce serait trop beau.

Les couleurs vives de notre affiche Opération Piéger le Joueur attirent mon attention. Dixième jour, et je suis plus déterminée que jamais à en finir.
Pour ce qui me semble être la centième fois en deux jours, j'érige une forteresse tout autour de mon cœur.

Et malgré tout, Megan avait raison. Justin est attentionné, doux et réfléchi. Il a bien un cœur, quelque part.

Mais c'était aussi le cas de Pearce avant qu'il brise celui d'Abbi.

Je traverse la pelouse en direction de la résidence de Justin. On ne s'est pas vraiment parlé depuis mon emportement à la cafétéria hier, et je sais que je dois « nous rabibocher » pour le bien du plan. Mais tout ce que j'ai vraiment envie de faire, c'est m'enfuir en courant et me cacher quelque part où Pearce ne me trouvera pas.

Jeux Dangereux Tome 1 - Le défiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant