Chapitre 26

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J'ai remarqué que des rôdeurs se sont amassés d'un côté du grillage. Je prend une barre de fer qui a été aiguisée. Je me glisse dans le chemin. Pour les éparpiller je tape sur le fer tout en marchant. Une fois que je les juge assez alignés, je plante la barre dans leurs crânes. L'exercice me prend beaucoup de temps et de force. Je n'ai pas l'impression d'avancer. Pourtant il doit bien y avoir une différence. Une main décharnée agrippe mon bras et le tire jusqu'à une bouche estropiée. Je perd mes moyens en voyant mes doigts à deux petits centimètres des dents luisantes. J'essaye de m'extirper mais je ne fais que m'empêtrer encore plus. Mon deuxième bras est pris par d'autres rôdeurs. J'hurle en essayant de les repousser. Ma barre m'échappe. Au loin Rick court vers moi une hache à la main. Il l'abat sur les membres des cadavres vivants. Je tombe sur mon derrière. Rick s'abaisse à mes côtés. Il retire les bras qui sont restés accrochés à moi. Je suis stupéfaite par ce qu'il s'est passé. Je ne parviens pas à interpréter mon inertie. Rick m'aide à me relever.

Moi hagarde : Merci, Rick...

Rick en me prenant dans ses bras : Calme toi maintenant... Reprend ton souffle.

Je niche ma tête dans son cou. Loin de me repousser il resserre son étreinte. Je me détache ensuite de lui. Il sort un couteau à cran de sa ceinture. Le shérif ramasse ma barre et me la tend.

Rick : On y retourne ?

J'hoche la tête en m'armant.
Rick : Alors, comment tu as fait ton compte ?

Moi : Je ne sais pas. J'avais la tête ailleurs.

Rick : Ce n'était pas vraiment le moment pour se noyer dans ses pensées. Tu pensais à Daryl ?

Moi : Peut-être.

Rick : Excuse-moi, ça ne me regarde pas.
Moi : Pas vraiment en effet. Mais ne t'excuse pas. Je vois bien que ça part d'une bonne intention.

Rick : Tu es quelqu'un d'incroyablement douce et maternelle. (une pause) J'aurai un service à te demander, d'ordre privé.
Moi : Et bien, tu ne perds pas le nord ! Tu me sauves la vie et tu me complimentes pour ensuite me demander un service ! Qu'est-ce que tu appelles "privé" ?

Rick : Carl a besoin d'une figure d'autorité.

Moi : C'est ton rôle de parent ça.

Rick s'arrête. Il enfouie ses prunelles fatigués dans les miens.

Rick : J'ai perdu toutes grâces à ses yeux. Cléo ! Je suis en train de le perdre. Carl a profondément changé. Je ne le reconnais plus !

Moi un peu arbitraire : Carl grandit ! Bon sang Rick, il vieillit dans un monde horrible où il n'aura jamais l'occasion d'amener une fille au cinéma, d'organiser une soirée pour ses seize ans, d'intégrer l'équipe de football de son lycée. Il n'a plus sa mère, il l'a tuée. Il doit veiller sur sa petite sœur et lutter pour la survie de sa famille. Tous les jours il pense qu'il peut tout perdre et errer des jours, des semaines, voire des mois, seul. Qu'importe l'enfant insouciant et joyeux qu'il était ; parce qu'il ne pourra pas être autre chose qu'un adulte sombre et renfermé. Tu dois t'y faire.

Rick : Je comprend... J'essaye en tout cas... Mais pour l'instant Carl est un enfant. Il a besoin d'une mère, ou du moins de quelqu'un d'autre que moi, qui sera là pour l'écouter et le conseiller. Tu en es capable. Il le sait aussi. Et puis tu ressembles tellement à Lori par certains points...

Moi en soupirant : Mais je ne suis pas ta femme Rick. Est-ce que tu m'as vraiment écoutée ? C'est à toi de faire tout ça...

Rick en attrapant mes bras : Cléo je t'en supplie. Tu es mon dernier espoir.

Moi en soupirant : D'accord Rick. Mais ce sera juste le temps que tu te reprennes. Je veux que tu fasses une rétrospective sur toi-même.

Rick affiche un air si soulagé que je ne regrette pas mon choix. Il hoche vivement la tête comme un enfant. Je pouffe un peu. Il m'embrasse sur la joue avant de me sourire une dernière fois et de me quitter.

Même après la finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant