Chapitre 1-3

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Au bout de quelques minutes, nous arrivons en pleins centre-ville, avec des cafés et des magasins à perte de vue et des routes, plus bondées les unes que les autres. « Oh génial, je déteste les endroits bondés ça tombe bien » me dis-je. C'est à ce moment qu'elle se retourne et me tend une main, parfaitement manucurée.
« Je m'appelle Irina. » dit-elle un énorme sourire aux lèvres.
Je ne réagis pas tout de suite. Elle s'est retournée de manière tellement naturelle, comme si elle n'avait pas passée les dernières minutes à me tirer derrière elle pour arriver ici. Son sourire me déstabilise, il a l'air sincère, mais me rappelle étrangement le sourire du jeune homme d'avant. C'est là que l'information arrive enfin à mon cerveau : Ils se ressemblent tous les deux beaucoup, voire même trop pour des étrangers. Car ils sont étrangers n'est-ce pas ? Peut-être sont-ils frère et soeur ? Non, sinon ils se seraient assis l'un à côté de l'autre, ou au moins se seraient salués tout à l'heure.
« T'es du genre à beaucoup trop réfléchir, je me trompe ? » dit Irina en se retenant de rire.
Je comprend que je me suis encore perdue dans mes pensées, pour la troisième fois aujourd'hui , et que je l'ai laissée la main en suspend un peu trop longtemps. Je lui tend aussi la main, et lui dit :
« Désolée, c'est juste que tu ressembles beaucoup au garçon qui était assis à côté de nous tout à l'heure. Au fait, moi c'est Helena. »
A l'évocation du jeune homme, son sourire se fait moins resplendissant et elle perd un peu de sa joie. Je me demande si je n'ai pas fais une gaffe. Mais elle ne me laisse pas le temps de lui poser la question.
« On va manger ? ça te dis ? »
« Euh... c'est à dire que... Tante Anna va s'inquiéter et... » balbutie-je « Tu vis avec ta tante ? » me questionne-t-elle du tac au tac.
« Oui, depuis mes 5ans, je n'ai jamais connue ma mère... »
La sonnerie de mon téléphone me coupe dans mes explications. C'est tante Anna, je m'en doutais, elle est venue me chercher et ne me voyant pas sortir elle s'est sûrement mise à paniquer. Je décroche et n'ai même pas le temps de dire un mot qu'elle se met à m'asséner un long monologue de parent sur-protecteur:
« Helena Marie Dawkins! Je n'arrive pas à croire que tu partes sans me prévenir! Tu devais pourtant te douter que j'allais venir te chercher, c'est ton premier jour à la fac quand même ! Tu sais à quel point j'ai eu peur ? Non forcément tu ne sais pas, sinon tu ne serai pas partie comme ça ! Y a tellement de choses qui peuvent arriver à une jeune fille de ton âge dans une grande ville comme ici, tu es peut-être plus grande maintenant mais ça ne change rien au fait que je suis ta tante et que j'ai déjà perdue ta mère, et je ne supporterai pas de te perdre toi aussi ! Et puis ne reste pas silencieuse comme ça! dis moi où tu es enfin ! Je ne vais pas sillonner toute la ville pour te trouver ! Et sache que tu auras droit à 1 mois de corvée de ménage pour le coup. »
Alors là, je ne sais pas ce qui est le mieux. Faire la morte, ou bien donner le téléphone à Irina et la laisser tout prendre à ma place parce qu'au fond, c'est à cause d'elle si je suis partie sans prévenir tante Anna. Mais comme je tiens quand même à la vie, je décide d'y aller doucement et de m'excuser.
« Tante Anna calme toi, je suis avec une ... amie. On a décidé d'aller manger un morceau et j'ai oublié de t'appeler. Excuse moi »
Je sens qu'elle se radoucie, mais elle ne lâche pas l'affaire néanmoins. « Tu arrives à m'oublier tout de même ! c'est bien joli ça! »
« Mais Tantine, tu sais très bien que je ne pourrai jamais t'oublier, tu es toujours dans ma tête. Mais là, j'ai un peu été ... (Je lance un regard sévère vers Irina) dépassé par les évènements, disons. Excuse moi de t'avoir fais peur. »
Tante Anna lâche un long soupir, avant de me dire, plus calme cette fois-ci :
« Bon. Je laisse passer pour cette fois, mais si jamais tu me refais un coup pareil, je te jure que je t'enferme à la maison. »
Je tentais une petite approche :
« Et euhm... Pour mes 1 mois de corvée de ménage...? »
Je l'entends rire légèrement, ainsi qu'Irina à côté de moi.
« Si tu me ramènes des beignets au chocolat, je veux bien y réfléchir. »
Cette fois, c'est moi qui me met à rire.
« Aucun soucis ! Je te ramènerai toute la pâtisserie si tu me le demandais! »
« Mais oui, bien sûr. Quelque chose me dit que c'est plus pour éviter les corvées que pour me faire plaisir, mais bon. Allez, je te laisse petite maligne. »
« Je t'aime fort Tantine! » Je raccroche, toute sourire.
« A ce que je vois, tu t'entends très bien avec ta tante. » me dit Irina qui n'avait pas loupé une miette de la discussion.
Je lui fais oui de la tête et elle me sourit. Puis nous nous dirigeons vers un petit restaurant, qui est d'ailleurs le moins bondé aux alentours à mon plus grand bonheur, et nous nous installons. Le serveur viens prendre notre commande, je décide de prendre un Smoothie , tandis qu'Irina commande un hamburger, un cheesecake ainsi qu'un soda. Je me demande comment elle peut être aussi fine tout en mangeant autant!
« Alors, parle moi de toi » dit-elle LA question qui me rebute le plus.
« Que veux tu que je te dise... j'ai 18 ans, et je vais en école d'architecture, mais ça tu le sais déjà. Et puis voilà. »
« T'as pas l'air très bavarde non plus, décidément , je vais finir par être vraiment vexée tu sais, je suis d'une si mauvaise compagnie ? » me lance-t-elle un air triste su le visage.
En voyant son expression, je tic légèrement. Je me rend compte que je suis odieuse avec elle depuis que je l'ai rencontrée, et je me sens vraiment mal.
« Oui ,excuse moi. Mais le problème Irina, c'est que je n'ai pas l'habitude de me faire des amis aussi vite. Il y a eu ce garçon qui te ressemble, avant, puis toi, et après tu m'attrape par le bras et m'emmène manger. Avoue que c'est pas très banal quand même, tout ça en l'espace de quelques heures. Et puis je n'aime pas vraiment parler de moi, je ne pense pas être assez intéressante pour me mettre à jacasser à propos de tout et de rien sur ma vie .Je suis juste normale, simplement. »
Elle m'écoute attentivement, et semble un instant, se perdre totalement dans ses pensées tout en me fixant intensément.
Soudain, elle se soulève légèrement de son fauteuil juste en face de moi, et tend la main pour effleurer mon visage. A l'instant où ses doigts touche ma joue, je sens une vague d'énergie traverser tout mon corps, elle traverse mes pieds, mes jambes, passe par mon abdomen, fait accélérer mon rythme cardiaque au passage, et arrive dans mes mains. Je sens mes cicatrices me brûler sous mon pull, et j'étouffe un cri de douleur. Ce n'est qu'à ce moment là qu'Irina semble revenir à elle, et en voyant l'expression de douleur sur mon visage, elle retire immédiatement sa main. Elle retombe sur son siège et me regarde, effarée.
« Helena... » commence-t-elle.

Je ne lui laisse pas le temps de finir, et alors que je vois le serveur s'approcher de notre table avec nos commandes, je pars en courant vers la sortie.

Il faut que je rentre, vite.

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