Chapitre 4-2

45 9 0
                                    

**

Une sensation d'étouffement me tire de mon sommeil. Je tousse à m'en décrocher les poumons, j'ai l'impression qu'on m'enserre la gorge. Je me redresse et porte les mains à mon cou, je me débat, je griffe, j'ouvre et ferme la bouche dans de vaines tentatives de faire entrer la moindre quantité d'air dans mes poumons. Mes avants bras me brûlent, je ne pense plus correctement et je sens que je ne vais pas tarder à m'évanouir.
Alors que je ferme les yeux et me laisse tomber à nouveau sur le lit, j'entend des bruits de pas.
Quelques secondes plus tard, le bruit d'une porte qui s'ouvre, j'entrouvre les yeux mais je ne distingue rien il fait trop sombre.
Ou est-ce que je suis simplement en train de mourir ?

« Helena ? » une voix m'appelle.

Une voix que j'ai déjà beaucoup entendu. Il m'est cependant impossible de répondre ou d'émettre le moindre mouvement. Je tente une dernière fois de me libérer de cet étau qui se resserre sur ma gorge et qui m'ôte la vie doucement, douloureusement. J'ouvre la bouche. Toujours rien.

« Helena ! » S'écrie la voix.

Je sens que je suis secouer, comme une poupée de chiffon. Je perds pied peu à peu et au fond, je crois que ça me plait. Je ne ressens plus rien, plus aucune peine, tout s'envole lentement, me laissant seule dans mon corps que je ne vais pas tarder à quitter moi aussi.

Les secousses se font plus violentes.

« Reprends toi bon sang ! Helena ! »

Je n'en ai simplement pas envie. C'est pourtant clair non?

Tout à coup, une décharge électrique traverse tout mon corps. Elle réveille brutalement tous mes membres et plus particulièrement mon cerveau, que j'avais décidé de mettre complètement de côté.

J'ouvre de gros yeux et je croise ceux de Gabriel.

Il est penché juste au dessus de moi, ses bras enserrant mes poignets et des gouttes de sueurs perlant sur son front. Cette scène est presque identique à celle d'il y a plus d'un mois, j'ai l'impression qu'on revient à la case départ...

« Petite idiote. » Lâche -t-il sèchement tout en se redressant.

Je met un moment à reprendre mes esprits. Je me redresse lentement et regarde autour de moi. Je suis à nouveau dans cette même chambre aux allures de maison de poupée, toute de blanc immaculée, comme le reste de la maison d'ailleurs, je le sais.

Soudain, l'incompréhension laisse place à la colère.

« De quel droit est-ce que tu t'es permis de me ramener ici ? »

Il se retourne vivement et plante ses yeux dans les miens, je peux voir que la couleur de ses yeux s'est assombrie au point qu'ils paraissent presque noirs.

« Helena, ne me pousse pas à bout. » me menace-t-il.

« Pardon ? C'est une blague ? » dis-je en fronçant les sourcils.

C'est lui qui me pousse à bout et non l'inverse, il est vraiment culotté de dire ça.

« Dois-je te rappeler que c'est Toi, qui m'a supplié de ne pas te laisser seule à l'hôpital? J'ai du te ramener ici parce que Tu ne m'as pas laisser le temps de te dire non, j'étais donc obliger de tenir une parole que je n'ai pas donné, je t'ai ramené ici par obligation. Libre à toi de partir. Je suis déjà bien sympathique de t'avoir emmené te faire soigner après ce que tu as fais l'autre jour avec tes pouvoirs, tu serai probablement morte si on ne t'avait pas guérie. » dit-il en me pointant du doigt.

Touchée.

Les souvenirs me reviennent peu à peu, je me rappelle clairement lui avoir demandé - « supplié » serait plus adéquat- de ne pas me laisser seule juste avant de me rendormir. Il n'a fait que m'écouter en fin de compte. C'est bien ma veine, je vais devoir m'excuser devant monsieur-arrogant maintenant... Mais une autre réalité s'offre a moi tout à coup : c'est lui qui m'a sauvé. Encore une fois. Trois fois que je frôle la mort et trois fois que Gabriel me fais revenir.

« Pourquoi tu me ramènes à chaque fois? » finis-je par dire en baissant les yeux sur mes mains devant moi.

Pendant de longues minutes, qui me paraissent être des heures, il ne répond pas. Je suis mal à l'aise, trop mal à l'aise.
Et soudain, il souffle un bon coup et se dirige vers la porte. Je lève la tête et nos regards se rencontrent. L'un rappelant un ciel avant l'orage et l'autre, une plaine sous un soleil d'été.

« J'en sais rien. Et plus j'y pense, plus je me dis que j'ai fais un erreur. »

Il me regarde, comme s'il pouvait lire en moi, comme si je n'avais aucun secret pour lui. Ce n'est que lorsqu'il claque la porte que je me met à soupirer longuement. Je ne me suis même pas rendue compte que je retenais ma respiration.

« Tu aurais dû me laisser mourir dès la première fois, au moins, on n'en serait pas là. » dis-je doucement en sortant du lit.

Terre D'EdenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant