Terre D'Eden

Chapitre 8-3

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« Helena, ma chérie réveille toi. »

Je me sens tellement légère, c'est comme si je flottais. J'ouvre les yeux alors que la voix tendre et chaleureuse de Tante Anna parviens à mes oreilles et c'est bien elle que je vois, assise près de moi.

Une lumière presque aveuglante est présente tout autour de nous, me forçant à cligner des yeux plusieurs fois avant de m'y habituer.
Tante Anna saisis ma main et je me concentre sur son visage. Elle a l'air paisible et heureuse, ça me fait vraiment bizarre et je ne sais pas pourquoi, ce qui est d'autant plus frustrant.

« Où sommes-nous ? »

Elle sourit doucement et caresse le dos de ma main de son pouce, traçant des cercles imaginaires sur ma peau, comme elle le faisait lorsque j'étais plus petite.

« Je ne sais pas trop, je crois que c'est une sorte de salle d'attente, ou un entre-deux, un lieu de passage en d'autres mots. »

« Un passage pourquoi ? »

Son sourire se fait plus triste, je crois que j'ai dis quelque chose qu'il ne fallait pas. Je cherche pourtant dans ma mémoire pour comprendre comment nous sommes arrivées là, mais tout est trop embrouillé, j'ai vraiment besoin qu'elle m'explique et peut-être que ça m'aidera à me rappeler ?

« Vers l'autre monde, mon ange. »

J'ouvre de gros yeux, elle arrête ses mouvements relaxant sur ma main et pose la sienne sur mon épaule. Je me met tout à coup à revoir les évènements qui se sont déroulés juste avant, l'incendie, les pompiers qui ont tenté de m'empêcher d'entrer dans la bâtisse en feu, le corps de Tante Anna gisant sur le sol de ma chambre croulant sous les flammes, mon envie d'en finir....

« Nous... Nous allons passer de l'autre côté ? Tu es venue me chercher pour m'emmener avec toi ?»

« En réalité, j'allais passer quand la route sur laquelle j'étais a disparu pour me ramener ici, près de toi. Et là, j'ai surtout envie de te demander ce que tu fais là si tu veux bien. »

« Je ne pouvais pas rester, pas sans toi. Il y a d'abord eu mes parents, puis Clarisse et maintenant toi. Toutes les personnes importantes à mes yeux ont disparu de ma vie...Tu as été la personne de trop, je crois, je ne pouvais pas supporter de me retrouver seule alors je suis restée près de toi et je t'ai suivi. »

« Helena, t'es-tu déjà demandé quel était le point commun de toutes les personnes importantes à tes yeux, qui ont disparus ? »

Sa question me laisse un instant sans voix, je ne vois pas vraiment ce qu'elle attend comme réponse. Je crois que je ne suis jamais allée aussi loin dans mes réflexions. Et puis d'ailleurs pourquoi je devrai me poser cette question ? Ils sont partis, et elle aussi à présent, je vais partir aussi un point c'est tout.

« Non, pourquoi j'aurai dû ? »

Son rire brise le silence régnant tout autour de nous et il me parait tout à coup plus clair, plus cristallin qu'il ne l'a jamais été. C'est comme si je parlais avec un souvenir de Tante Anna que mon esprit aurai lissé, remodelé pour le rendre parfait. Nos souvenirs sont toujours plus beaux que les réels évènements qui les animent, on cherche à les rendre parfait pour que notre coeur en prenne moins en coups, mais c'est juste un manière de repousser le moment où on va craquer. Fuir, encore et toujours.

« Notre point commun, c'est que nous t'aimions tous et que nous étions prêts à tout pour que tu puisses être heureuse, en vie. Je parle au passé, mais sache que c'est toujours valable en ce moment et que ça le sera toujours quoi qu'il arrive. Ta mère ne t'a pas abandonné et ni moi ni Clarisse ne sommes mortes par ta faute. Ton père aussi t'aime, j'en suis sûr, même les coeurs obscurcis ont leur part de lumière, sinon comment veux-tu qu'il soit tombé amoureux de ta mère ? Il faut que tu acceptes le fait que la vie continue quoi qu'il arrive et qu'aucun être cher ne meurt réellement, ils continuent tous à vivre là... »