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Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Pourquoi ai-je fais une chose pareille ?
Peut-être étais-ce dû à la frénésie du moment. Ou peut-être étais-ce la proximité de son corps, de sa peau contre la mienne, de ses mains effleurant du bout des doigts mes ailes... L'odeur de son sang et le bruit assourdissant de son coeur qui cognait dans sa cage thoracique, battant un peu plus vite au fur et à mesure que l'espace nous séparant s'estompait.
Oui, toutes ces conditions réunies ont dû me faire perdre mes moyens. Sinon je n'aurai jamais osé faire ça.
Mais ça n'était pas désagréable.
Non, il faut que j'arrête d'y penser. J'étais redevenu l'ancien Gabriel un court instant et j'ai agis comme lui l'aurai fait, c'est tout. L'ancien moi aurait effectivement embrassé Helena. Pas par instinct, pas par pulsion sous le coup du moment, mais bel et bien parcequ'il serait tombé amoureux d'elle dès la première fois où il l'a vu.Mais ce n'est pas mon cas. Je ne suis plus comme avant, je ne possède pas cette capacité à aimer. Je ne peux qu'haïr et tuer. Pour aimer, il faut être prêt à tomber, à sombrer dans les profondeurs les plus obscures de son âme, celles qui cachent ce que nous sommes réellement.
Or, je suis déjà prisonnier de ténèbres depuis bien longtemps. Des ténèbres qui m'ont permis de découvrir ce que je suis : un être incapable d'éprouver le moindre bon sentiment.J'aurai pourtant voulu pouvoir l'aimer.
Je secoue vivement la tête. Il faut que je me reprenne, que je cesse une bonne fois pour toute de penser à ses lèvres, à ses mains sur moi, aux effluves de sa peau... à elle, tout simplement. Jamais je ne pourrai donner d'amour à qui que ce soit, je n'en ai simplement pas. Comment pourrai-je, alors que je me déteste moi- même.Qu'importe. Elle ne se souviendra plus de rien lorsqu'elle se sera réveillée et c'est mieux ainsi. Elle est peut- être la seule à pouvoir résister à mon don de télépathie, mais sa mémoire n'a pas pu en faire de même face à moi.
J'arpente les rues d'un quartier malfamé de New-York, j'ai marché jusqu'ici sans même m'en rendre compte. Mais au fond, je sais parfaitement pourquoi mon instinct ma conduit ici.
Il faut que je puisse me perdre.
Me perdre au point de tout oublier.
Jusqu'à mon propre prénom.
Mais surtout jusqu'à pouvoir l'oublier. Elle.
Je rôde près de bars miteux et remplis d'ivrognes plus misérables les uns que les autres, tel un lion guettant sa proie.
C'est pitoyable.Ces humains cherchent à noyer leur désespoir dans une boisson, comme si elle allait les sauver. La seule chose qu'ils réussissent à noyer, au bout du compte, c'est eux-même. Ils ne s'en sortent jamais, peu importe le siècle, je le sais pour les avoir longuement observé durant plus de 700 ans.
Mais qui peut leur en vouloir ? Ils sont faibles, vulnérable et éphémères. Alors ils cherchent des remèdes aussi éphémère que leur propre vie, pour se sentir mieux.N'est-ce pas ce que je fais, moi aussi ? Je repousse cette idée, aux allures pourtant si réaliste, loin de moi.
De l'autre côté de la rue, une jeune femme marche d'une allure rapide, la tête baissée. Elle doit avoir la trentaine passée et tient fermement un sac dans sa main. Un sac de pharmacie.
Un de ses enfants doit sûrement être malade et elle a dû sortir précipitamment pour lui chercher de quoi aller mieux. Mais c'est dangereux pour une jeune femme de trainer dans ce genre de quartier, la nuit qui plus est. Bon sang, que fabrique son mari ?
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Terre D'Eden
FantasyLa vie est comparable à un train, qui file à toute vitesse. On peut se lever et marcher à contre-sens, mais cela n'enlèvera rien au fait que le train continue d'avancer. Et puis parfois, lorsque le train s'arrête à une station, certaines personnes e...