Chapitre 3

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« Et au fond, comme tous les hommes, on ne s'attend pas au coup du destin.
On pense sans cesse, qu'un magnifique paysage n'est pas apte à devenir le cadre d'un drame, qu'un beau sourire ne peut simplement pas cacher un sombre passé,
ou que la beauté de la vie est un bouclier contre la mort.
Cette naïveté n'est que le reflet de l'égoïsme de l'humanité. On pense tout contrôler, avoir tout notre temps devant nous, et pourtant, la réalité nous rattrape un jour... »

Courir est pour certains un outil pour atteindre un but précis, comme s'amincir par exemple. Ils connaissent la raison pour laquelle ils courent, et c'est ce qui fait leur détermination.
Pour moi, courir est plus une nécessité. Lorsque tout devient trop lourd, que ma tête est sur le point d'exploser sous le coup de mes nombreuses réflexions, que je sens ma poitrine se serrer au point de me briser les côtes, je décide d'aller courir. Je ne sais pas vraiment quelle en est la raison, ni ce que je tente de fuir ainsi, mais je sais que courir me fait aller mieux, pour un certains temps du moins.
Cela fait bien 1h que je cours, mes écouteurs bien ancrés dans mes oreilles, dans ce petit parc non loin de chez moi. Ma respiration se fait plus douloureuse, et je comprend qu'il est temps de prendre une pause, alors je ralentis doucement et me dirige vers un banc le long du parcours. Ma main se porte automatiquement à mon téléphone qui m'affiche que cela fait bien 1h et 4minutes que je cours, je met le chronomètre sur arrêt et m'assoit sur le banc non sans lâcher un soupir d'aise. Ce n'est que lorsque j'ôte mes écouteurs que je me rappelle que je ne suis pas seule.

« Dis donc, même moi je ne cours pas une heure entière sans pause ! »
s'exclame la jolie blonde à côté de moi.

Elle est essoufflée, je vois sa poitrine se soulever de manière saccadée, et quelques gouttes de sueur perlent sur son visage. Ses yeux bleus croise les miens, et je me surprend à apprécier la présence de cette fille près de moi, contrairement à notre première rencontre. Il est vrai qu'avoir de la compagnie ne m'enthousiaste pas dans des moments comme ceux-ci, où je cherche à me vider l'esprit, mais Irina ne me dérange pas vraiment. En réalité, je commence même à penser à devenir très bonne amie avec elle.

« Evidemment, et dès que cette force resurgira, tu la brûleras, voire pire, comme le font toutes les bonnes amies sur cette planète! Un barbecue, génial ! » me raille ma stupide conscience.

Je secoue vivement la tête pour me reprendre et détache ma bouteille de ma jambe pour ensuite en dévisser le bouchon et la porter à mes lèvres sèches.
C'est vrai, je ne dois pas m'attacher à cette fille. Mais je ne peux m'empêcher de me poser des questions sur elle, je ne la connais même pas en réalité! Depuis Clarisse, plus jamais je n'ai sentis cette puissance se réveiller en moi et tout à coup Irina arrive et tout recommence. Pourquoi elle ? Pourquoi est-ce que Tante Anna peut me toucher sans que rien ne se produise par exemple ? Il n'y a qu'Irina et cela me frustre d'autant plus que je ne la connais pas assez pour me permettre de l'harceler de questions.
Il faut simplement que je trouve une manière d'aborder le sujet, que je...

« Tu ne parles donc jamais, à moins qu'on t'y oblige ? » me dit-elle soudain.

Je souris à sa remarque. Il est vrai que je n'aime pas du tout engager une conversation, quelle qu'elle soit. Je détourne le regard, toujours un léger sourire au coin des lèvres, avant de répondre :
« Que veux-tu savoir? »

Je la sens s'agiter tout à coup.

« Tu es sérieuse ? » s'exclame-t-elle.

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