Chapitre 7

66 9 4
                                    

** Haïr est toujours plus simple qu'aimer. Lorsqu'on a décidé d'haïr, tourner le dos est plus facile. On ne se retourne pas et on continue d'avancer, peut-être en boitant, en titubant,
mais on avance parce qu'on sait que c'est finit, qu'on ne se retournera plus.
Et moi, j'aurai aimé que tu me haïsses, que tu t'en ailles.
Pour qu'au moins un de nous puisses sortir indemne de tout ça. **

Le vent glacial d'hiver s'engouffre par la fenêtre de ma chambre. Je suis recroquevillée contre le mur d'en face, près de la porte et j'attend.

Qu'est-ce que j'attend ?

Je ne sais pas, mais j'ai peur. Je suis complètement terrorisée.

J'ai l'impression qu'un étau enserre mes côtes, compresse mes poumons et m'empêche de respirer. Des larmes coules incessamment sur mes joues et j'ai beau les sécher avec les manches de mon pull, chaque fois, elles affluent de plus belle.

Je ressens un malaise, une sorte de mauvais pressentiment, comme si la peur que je ressens en ce moment va se décupler dans un instant. Je ne sais pas ce qui m'effraie à ce point mais je sens que c'est encore pire que ce que je peux croire.

« Tu es tellement belle, ma jolie, tu lui ressembles beaucoup... »

Une voix lugubre se fait entendre, se répercute sur les mur de la chambre, mais aussi dans ma tête... dans tout mon corps. Cette fois-ci s'en est trop, beaucoup trop pour que je puisse le supporter. Je me lève, hystérique et cherche frénétiquement d'où provient cette voix.

« Montrez-vous ! »

« Oh non, ma belle. J'aime faire durer le suspense. Mais quelque chose me dit que tu sais déjà qui je suis. »

Je fais voler les objets dans la pièce, certains viennent se fracasser contre les murs, d'autres tombent lamentablement au sol. Des pots de peintures, des croquis de paysages ou de visages inconnus sortis tout droit de mon esprit étrange et torturé. Je veux que tout cela cesse, je ne veux plus avoir peur, je veux comprendre ce qu'il se passe.

Je m'arrête un instant, prête à faire voltiger une boîte qui, je le sais, contiens mes aquarelles. Comme paralysée, maintenue par une force dont j'ignore la provenance, je reste immobile. Un souffle froid et sinistre vient entrer en contact avec ma peau, il est là.

« On se retrouvera... plus tôt que tu ne le crois. »

Il laisse courir ses immondes mains sur mon cou, lentement. Aucun son n'ose franchir ma bouche, eux aussi immobilisés comme le reste de mon corps.
Soudain, il saisit ma gorge et la presse avec une force surhumaine.
Cette fois-ci, je hurle de toutes mes force.

« Helena ! »

J'ouvre les yeux, propulsé hors de cet horrible cauchemar. Je me redresse, par automatisme, et ma tête heurte quelque chose. Ou quelqu'un.

Sans même prêter attention à qui se trouve à mes côtés, je me lève, je saisis ses bras et plaque l'inconnu contre le mur, encore en pleins choc dû à ce mauvais rêve.

Je vois trouble, c'est comme si quelqu'un d'autre avait pris ma place, je suis complètement affolée mais surtout, j'ai peur. Peur qu'il soit là, encore.

Terre D'EdenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant