Chapitre 6-3

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« C'est pas ton genre de faire ça, Gabriel. »

Je lève les yeux de la fenêtre du salon qui donne une belle vue sur l'entrée et la rue (mais surtout sur l'entrée), pour lancer un regard mauvais vers Irina qui me toise depuis la porte. J'essaie de lire dans la tête d'Helena depuis tout à l'heure, mais en vain, elle me bloque toujours l'accès à ses pensées. C'est très frustrant, je me retiens pour ne pas aller la voir et lui hurler d'arrêter ça, tout de suite.

Pour me calmer, je me contente d'écouter leur conversation, même si sa tante nous a déjà tout révélé avant.

« Espèce de voyeur. Je ne savais pas que tu écoutais au porte, maintenant. » continue-t-elle pour m'irriter encore plus.

« Je ne vois pas de porte là. » dis-je en faisant de grand signe pour mimer une porte imaginaire « De plus, je sais déjà ce qu'elles se disent, donc je ne fais rien de mal. Et puis, même si ça l'était, je m'en fous pas mal de faire quelque chose de mal, en fait. »

« Tu es très susceptible, tu le sais ça ? » dit-elle en souriant.

Je me retiens de lui envoyer la table basse en pleine tête. Elle arrive vraiment à me rendre fous quand elle veut, c'est franchement chiant.
Elle se décide enfin à partir, non sans continuer à sourire à pleine dent pour me narguer et je continue à écouter la conversation d'Helena et de sa tante sans aucun scrupule.

Le moment fatidique arrive, Annaelle lui annonce qui est son père. J'observe un instant le regard d'Helena, alors qu'il se décompose en une expression aux multiples nuances de douleurs. Helena ne savait peut-être rien de cet univers mystique jusqu'à il y a peu, mais cela n'empêche pas qu'elle sait parfaitement qui est Hadès. Tout le monde le sait, croyant ou non, chacun a déjà entendu parler de cette horrible créature, aux multiples noms.

Hadès

Lucifer

Léviathan

Satan.

Comment cette fille aux traits si innocents peut-elle être la progéniture d'un tel monstre?

L'image d'Helena frappant contre le mur de la chambre tout à l'heure, me revient soudainement, comme pour me rappeler qu'elle peut aussi être incontrôlable parfois.

Tout à coup, la porte d'entrée claque et j'entend les pas précipités d'Helena qui monte à l'étage pour s'enfermer, pour la seconde fois aujourd'hui, dans la chambre qui peut à présent être qualifiée comme étant la sienne.
J'ai envie de monter pour l'empêcher de faire quelque chose de stupide, mais au fond, je me dis que ce n'est pas à moi de faire ça. Mais j'ai envie d'y aller.
Tellement envie...

Il me faut juste une bonne raison.

Le jeune homme insensible devient tout à coup vulnérable !

Je chasse cette idée et me creuse la tête pour trouver une raison valable pour aller la voir. Et tout à coup, c'est clair.

« Ses mains ! » murmuré-je pour moi-même.

Je me précipite dans la cuisine pour prendre de la glace dans le congélateur puis verse les petits blocs d'eau dans un tissus pour ensuite les enrouler. Je monte pour aller me planter devant la chambre, ne sachant pas si je dois la laisser encaisser seule ou continuer mon petit manège. J'entend Irina essayer de retenir Annaelle en bas, mais la porte finit par se fermer dans un bruit assourdissant, à nouveau, et Irina se met à maugréer qu'elle en a assez qu'on lui claque la porte au nez, ce qui me laisse comprendre qu'Annaelle est partie.

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