Chapitre 2-1

58 9 4
                                    

Je vois une jeune fille à la chevelure familière courir dans une forêt sombre, juste devant moi. Les arbres dansent d'une manière inquiétante, et même la lune semble s'être caché derrière les nuages pour ajouter à la scène une allure des plus obscure.
La jeune fille crie de toute ses forces, utilisant tout l'air de ses poumons et bien plus encore, elle appelle à l'aide.

« Pourquoi a-t-elle besoins d'aide? »

« Si seulement je pouvais voir son visage! Et puis où courre-t-elle comme ça? »

Il n'y a rien que des arbres aux alentours, je regarde la scène, comme un spectateur regarderai un film sur un écran géant. J'aimerai plus que tout l'aider, mais il m'est impossible d'agir, je reste passive, à observer ce qu'il se passe, sans même pouvoir me déplacer, pour pouvoir voir qui elle est.
Soudain, elle s'arrête, en voyant que toutes la végétations alentours est noire de cendre je comprend que quelque chose cloche . En plissant les yeux je peut entrevoir qu'à ses pieds se trouve la raison de ses appels à l'aide, quelque chose est posé là par terre.
« Je voudrai voir! »
Tout à coup, je sens que je peux enfin bouger, et après avoir tenter un pas en avant, je me met à courir vers elle. Je sens que je la connais, je veux voir qui elle est, et pourquoi elle a besoins d'aide.
Arrivée à quelques pas d'elle, je me stoppe net lorsque je comprend qu'un corps est allongé par terre à ses pieds, lui aussi complètement brûlé. Elle s'accroupie doucement, et je n'ose pas bouger, de peur de ce que je vais découvrir lorsque je vais voir le visage de la personne qui est à terre. Je ne comprends pas pourquoi j'ai peur, c'est un rêve, je le sais, rien ne peut m'arriver ce n'est que mon inconscient qui s'amuse à me montrer des images sans queux ni tête.
Mais non. Je sais qu'en réalité ma peur est dû à une toute autre raison. La vérité est que je sais qui est la personne dont le corps inerte est allongé sur le sol, et je sais qui est cette fille penchée juste au dessus, je sais où nous sommes, et surtout, je sais ce qui s'est passé.
Je sais tout cela, au fond de moi. Mais j'ai tellement refoulé ce souvenir, que le revivre ainsi m'arrache un cris de douleur.

Mon coeur est en lambeaux.

La jeune fille à la chevelure brune au reflet doré, identique à la mienne, se retourne vers moi et je vois un sourire plus proche de la grimace se former sur ses lèvres, elles aussi identiques aux miennes. Ses yeux sont le reflet des miens, et la flamme verte qui les anime, les rendant nettement visible dans la pénombre s'assombrie lorsque les larmes se mettent à déferler sur ses joues.
J'ai envie de pleurer, moi aussi, mais aucune larme ne coule de mes yeux.
Seul un trou béant se forme dans ma poitrine, et je sens la douleur revenir, plus violente encore.
« Tout ça est ta faute » me lance une voix dans ma tête.

Oui. Tout cela est ma faute.

C'est moi qui ai appelé Clarisse pour qu'elle vienne dans ce chalet avec nous pendant les vacances.
C'est moi qui lui ai proposé de sortir faire un tour dans les bois derrière la maison et qui ai convaincu Tante Anna de nous laisser y aller.
C'est moi qui lui ai proposer ce pari stupide.
« Si tu arrives à aller jusqu'à l'arbre de l'autre côté de la rivière là bas, toute seule, j'accepte de te montrer mes marques. »
C'est moi qui ai été assez bête pour croire qu'elle aurait trop peur et qu'elle ne le ferai pas, et pourtant si , elle l'avait fait.
C'est moi qui ai tout enflammé lorsqu'elle a touché mes marques.
J'ai été stupide de croire que ces marques ne représentaient rien, et que j'étais normale.
En fin de compte, c'est moi qui ai tué ma meilleur amie.

J'ouvre les yeux, m'extirpant tant bien que mal de ce cauchemar, ou plutôt ,de ce souvenir. Etonnement, je n'ai pas crié cette fois-ci, non, je suis en larmes au contraire. Revivre cette scène ne m'a pas fais peur, elle m'a juste fais revivre toute cette peine que j'avais ressentie et qui est restée présente dans un coin de ma tête sans jamais me quitter. J'ai fais ce cauchemar presque tous les soirs, après ce jour-là, et de toutes les façons possibles et imaginable. Parfois j'étais à la place de Clarisse, et je sentais tout mon corps prendre flamme lorsque mes mains effleuraient les marques, ou bien je revivais la scène dans mon propre corps, et d'autres fois je voyais la scène se dérouler devant moi comme si j'étais une spectatrice, sans que je puisse agir, comme maintenant. Il m'est même arrivée de me réveiller avec des brûlures. Nous avions seulement seulement 15 ans quand c'est arrivé, j'avais eu ces marques quelques semaines auparavant et Clarisse faisait tout pour m'obliger à lui montrer, je n'avais laisser personne les toucher, ni elle , ni aucun médecin, ni même Tante Anna, et il fallait que la seule personne à qui j'en donne l'autorisation ,soit ma meilleur amie...
Jamais je ne me le pardonnerai. Jamais.
Je croyais m'être libérer de ce cauchemar, comme je ne l'avais plus fais depuis déjà 1ans, et pourtant, il faut bien croire que non. Je suis condamner à revivre cette scène encore et encore, jusqu'à la fin de ma vie, et cela ne me rend même pas triste car au fond, je sais que je le mérite.
Je sais que tout est à cause de ces marques, de ces cauchemars que je fais depuis l'enfance, je sais qu'il y a quelque chose de différent en moi, mais je ne veux rien savoir de tout ça.

Peu importe ce qu'est cette chose en moi, je ne la laisserai plus faire de mal à qui que ce soit, je la refoulerai quoi qu'il m'en coûte.

Je hais ces marques, je hais tous ces cauchemars.

Je hais ce que je suis.

Terre D'EdenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant