Peter Pan

Chapitre 7

      (PDV Peter)

   -Oh tiens, mais c'est Peter Pan, raille le nouveau de sa voix fluette. Qu'est-ce que tu me veux? 

   Rester calme, Peter. Rester calme. J'inspire discrètement puis je m'approche de lui.

   -Je voulais juste te dire bonjour, dis-je. Bonjour.

   Il ne me répond rien. J'ai comme l'impression qu'il va être encore plus rebelle que les autres, celui-là. Déjà, il n'a pas peur. Ce n'est pas bon signe.

   -Si tu attends que je te réponde, tu peux toujours rêver, le cinglé, lance-t-il avec une pointe de défi dans la voix.

   Le cinglé?

   Mon sang ne fait qu'un tour. Je m'apprête à lui sauter dessus pour qu'il reçoive la raclée de sa vie, mais Karim me devance en me posant une main sur le bras. Ça me calme instantanément. Pas totalement, mais assez pour ne pas que je saute sur cette sale tête à claque. Non mais me traiter de cinglé? Et puis quoi encore? On me l'avait jamais fait, celle-là!

   -Je rêve ou tu me provoques? criai-je. Qu'est-ce qui te prend pour me traiter de cinglé?

   Mon ton menaçant ne le fait même pas ciller. Et ça me met pire qu'en rogne. 

   -C'est toi qui dit ça? se moque-t-il avec un sourire en coin. Rappelle-moi qui m'a assommé, il y a peu de temps? Et qui m'a enlevé, sans me demander mon avis? Qui est-ce qui m'a mis dans une cabane moisie avec un mec qui étale du vomi sur mon visage alors que je n'ai rien demandé? Et qui est-ce qui...

   -Stop! l'interrompis-je en levant les bras. Stop. 

   -Excuse-moi, continue-t-il malgré tout, mais te traiter de cinglé n'est pas si déplacé que ça, de mon point de vue. 

   Je ne trouve rien à dire devant cette réplique. Il n'a pas tort. En fait, il a complètement raison. Mais Ô grand jamais je ne l'avouerai. Autant mourir. 

   -Je ne viens pas pour me disputer avec toi, dis-je pour changer de conversation. Je voudrais en savoir plus sur toi. Tu ne m'as toujours pas dit ton prénom.

   -J'ai faim, dit-il soudain, sans se préoccuper de ce que je viens de dire. Il y a de la nourriture ici ou non? Ce serait la moindre des choses, après ce que je viens de subir. 

   Il se tourne vers Sébastien, un sourcil levé. J'en reste bouche bée. Nan mais il en fait exprès??

   J'aurais pu recevoir du soutien de la part de mes garçons manqués aux alentours, mais il n'y a que Karim et Sébastien qui entendent la conversation, sachant que le premier ne parle que quand il le faut vraiment, et que le deuxième me déteste tellement qu'il attrape la moindre occasion qui se présente pour m'humilier. Il semble déjà bien s'entendre avec le nouveau, vu comment il le colle. Super pour moi.

   -Non désolé répond justement Sébastien en secouant la tête. Il n'y en a déjà pas assez pour dix personnes chaque jour, je doute qu'il y en ait maintenant. 

   Il me jette un regard mauvais.

   -Et comme notre chef est un gentilhomme, il garde le plus gros pour lui. 

   Voilà, vas-y, enfonce-moi bien. 

   -J'aurais mieux fait de rester assis toute la journée, moi, grognai-je.

   Je sens la colère monter petit à petit en moi, malgré le contact étrangement apaisant de Karim. S'ils continuent de se foutre de moi, je sens qu'ils vont finir en bouilli pour chien. Je rajouterai de la... Hum, du remède dans le verre de Sébastien ce soir. Il en aura bien besoin.