Chapitre 19

2.2K 133 91
                                    

   (P.D.V Peter)

   Ce matin, c'est un grand cri qui m'arrache à mes songes. J'ouvre les yeux et me redresse d'un mouvement brutal, sur mes gardes. Je ne fais même pas attention à voir si je marche sur un de mes garçons (je me suis endormi avec eux hier soir) et j'accours vers le bruit. 

   -Qu'est-ce qui se passe? rugis-je en sortant mon épée de son fourneau. 

   C'est après avoir calmé mon souffle que je me décide à observer la situation. Et je me trouve vraiment con. 

   Deux garçons perdus sont en train d'éplucher un lapin en discutant discrètement, enfin, jusqu'à ce que je déboule comme une furie. Là, ils me dévisagent avec curiosité, et un peu de peur, comme si j'allais leur sauter dessus. 

   Mais d'ailleurs, il est quelle heure pour qu'ils mangent, eux? Souvent le matin, on ne mange pas sinon on n'a rien pour le soir. 

   Je regarde le soleil, et je remarque que je ne peux pas le voir parce qu'il y a les arbres. Mais en scrutant bien les quelques lueurs, j'en déduis qu'il est déjà haut dans le ciel. Il est bientôt midi, c'est normal qu'ils mangent. Et d'ailleurs, en regardant autour de moi, je vois que tous les garçons perdus sont en activité, aucun ne dort encore, contrairement à moi.

   Merde alors. Il n'y a rien du tout d'alertant. 

   Pour ne pas perdre ma fierté, je me met à grogner tout en rangeant mon épée, me sentant vraiment embarrassé. Et personne n'a pensé à me réveiller, bien sûr. 

   Un gloussement me parvient des deux garçons, et je relève les yeux vers eux, leur lançant toute ma haine matinale. 

   -Faîtes pas les malins, bande de mou du genoux, les prévins-je en pointant un doigt accusateur vers eux, je vais vous faire regretter de vous être moqués de moi! Trente pompes, et que ça saute! 

   Les deux pauvres fautifs s'échangent un regard apeuré avant de poser leur festin et d'exécuter mon ordre. Je les regarde un petit moment, énervé contre eux et contre tous ceux qui ne m'ont pas prévenu qu'il fallait se lever, puis je me dirige vers la sortie. Une petite ronde ne va pas me faire de mal, tiens. 

   En chemin, j'entends des voix lointaines qui s'approchent. Je perçois clairement celle de Sébastien et je gémis déjà de la confrontation. Pourquoi j'ai l'impression qu'aujourd'hui ne va pas être une bonne journée? 

   J'aperçois enfin le petit groupe de chasseurs qui revient, tous avec une petite proie dans les bras. Sébastien, en tête, a son poing armé de son arc et me fixe déjà, attendant le moment où il faudra me croiser. 

   -Salut Peter, me lance-t-il en souriant avec narquois. 

   Lui qui souriait pas beaucoup avant, putain. Ces années me manqueront cruellement. 

   -Ouais, c'est ça, marmonnai-je en continuant mon chemin. 

   Alors que je m'éloignais déjà avec, ne le cachons pas, un peu de précipitation, Sébastien me rappelle, pour mon plus grand malheur. Je soupire avant de me retourner, obligé. C'est alors que je remarque son visage fatigué et sa posture un peu recroquevillée. Ça alors, l'abstinence du remède a un mauvais effet sur lui aussi, tiens! 

   -Quoi encore? lâchai-je, pas d'humeur joyeuse. 

   -En fait, je voudrais discuter avec toi de ton plan pour attaquer les... Pirates. Si tu le veux bien. 

   Je lève un sourcil. 

   -Depuis quand tu veux parler stratégie avec moi, toi? 

   Il hausse les épaules avant de s'avancer vers moi, en confiant son arc à un de ses camarades. Mais c'est qu'il veut vraiment parler avec moi. Sans coup. Sans bagarre. Juste avec des mots... Je suis sûrement encore en train de dormir, c'est pas possible. 

Peter PanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant