Chapitre 28

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(P.D.V Peter) 

Arthur et Dorian partent aussitôt chercher les herbes que je leur ai indiqué, sans commentaire désagréable. Étrange, je m'attendais à ce qu'ils ronchonnent. Mais ce n'est pas ce qui me préoccupe le plus. 

   Mes yeux sont fixés sur Lili qui est trempée de sueur et tremblante comme une feuille, les paupières closes. Une vague de culpabilité m'envahit à mesure que je l'observe. Et dire que c'est de ma faute si elle est dans cette état... Je me sens d'autant plus coupable que je ne me rappelle plus très bien de l'événement, seulement la rage qui s'est installée en moi avec une force incroyable et... Et cette envie de tout détruire sans pouvoir m'en empêcher. 

   Je secoue la tête avec énergie. Je déteste ces crises de colère, j'ai l'impression de m'enfoncer toujours un peu plus dans un état bestial que personne ne peut contrôler. 

Un bruissement derrière moi m'alerte de la présence de quelqu'un dans mon dos. Etant donné que Arthur et Dorian sont partis, la personne ne peut être que Natacha ou Sébastien. Un pincement au cœur me vient lorsque je ressens le besoin vital que ce soit Natacha. Son visage, ses grands yeux, ses sourcils constamment froncés, sa voix parfois calme, parfois provocante... Je le sais que penser à elle comme je le fais de plus en plus est mauvais, très mauvais. Plus je la vois, et plus je m'aventure sur un chemin dangereux, pour nous deux. Je le sais, et pourtant...

   -Hey. 

   Mon cœur fait un bond auquel je ne m'attendais pas. Je ne me retourne pas, forçant mon attention à rester vissée sur Lili. Cela ne l'empêche pas du tout de venir à mes côtés et s'asseoir trop près de moi pour, à son tour, regarder silencieusement la blessée. 

   -Hum... Je voudrais m'excuser. 

   Je sens le sang affluer trop vite dans mon cerveau, laissant mes pensées s'éparpiller dans tous les sens. Si j'ouvre la bouche, j'ai peur de dire une connerie, une gaffe, n'importe quoi. 

   -Pour... Pour la baffe de tout à l'heure et... Pour tout le reste. Encore. 

   Inconsciemment, mes yeux dévient sur son genou qui frôle à peine le mien, et ses cheveux qui virevoltent à quelques centimètres de mon épaule. 

   -Je sais que des excuses ne suffisent pas, continue Natacha d'une petite voix. Je sais que ce que je t'ai fait subir est odieux et mérite que tu me fasses la tête... Et même si toi aussi, tu as fait des choses horribles, ce n'était pas une raison. J'aurais dû t'écouter au lieu de suivre les garçons sur le bateau de Crochet.

   Mes poings se serrent compulsivement à l'entente de ce nom. 

   -Je n'aurais pas dû être aussi distante durant tout ce temps. C'est vrai, parfois je faisais exprès de m'éloigner de toi, et parfois... Je ne m'en rendais même pas compte, c'était... C'est plus fort que moi. Je ne sais pas trop pourquoi, à vrai dire. 

   Elle laisse s'échapper un petit rire nerveux. Moi, je sais très bien pourquoi. Tout son corps, tout son être lui crie inconsciemment que je suis néfaste, que je suis dangereux. C'est sûrement son instinct primaire qui la force à vouloir se tenir éloignée de moi. 

   -Au début, je me suis dit que c'était parce que je ne connaissais pas du tout et que je t'en voulais de m'avoir enlevé à ma famille, à ma vie d'avant. 

   A ce moment, je me redresse enfin. Natacha n'a jamais parlé de son ancienne vie, de ce qu'elle était avant. Elle n'a jamais paru triste, ou apeurée par le fait de tout quitter pour une misérable existence ici. Je me suis toujours demandé pourquoi, si elle en parlait aux autres, mais qu'elle n'osait pas l'exprimer devant moi, si elle gardait tout pour elle, ou si elle n'en avait vraiment rien à faire.

Peter PanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant