Chapitre 15

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(P.D.V Natacha)

   Les deux garçons reviennent dix minutes après que j'aie effectué ma périlleuse action. Ils ont les bras chargés de plusieurs oiseaux, ainsi qu'un animal que je n'arrive pas à identifier, de la taille d'un petit chien. Leurs mains couvertes de sang me donnent des frissons sans que je n'y puisse rien. Je n'aime pas trop le sang, c'est pas ma faute.

   -Ah, vous voilà! m'exclamai-je d'une voix faussement enjouée. Je ne vous attendais plus, dis donc.

   Dorian me sourit. J'ai envie de lui foutre une deuxième claque, à celui-là. Il croit vraiment que je suis contente qu'il me prenne pour une soi-disant damoiselle en détresse? Pff.

   -Ravis de t'avoir manqué, déclare Arthur en lâchant ses prises pile devant mon nez.

   Je le fronce, dégoûtée. L'odeur âcre du sang monte jusqu'à moi, et se rajoute à celle de la viande crue que dégage le gibier. Bon, je ne suis peut-être pas une damoiselle en détresse, mais je n'aime pas trop qu'on me jette des trucs morts à la figure comme ça. Néanmoins je ne dis rien, car à ce que je peux apercevoir devant moi, ils ont fait attention à ne pas chasser de lapins, alors que c'est la prise la plus simple à avoir. Je les remercie tout haut pour cette intention qui me va droit au cœur.

   Dorian se contente de hausser les épaules devant ma gratitude.

   -On n'avait pas envie que tu nous vomisses dessus, rien de plus.

   Arthur, comme à sa grande habitude, se met à rigoler, tout en commençant à déplumer un oiseau. Je l'observe faire, sans rien répliquer à la réponse de Dorian. Je suis en fait préoccupée par la flèche que j'ai lancé sur le bateau. Je ne sais absolument pas si elle est bel et bien parvenue à bord, mais quelque chose me dit que c'est le cas. Je ne veux pas être prétentieuse en affirmant que j'ai bien visé, car il y a beaucoup de chance pour qu'elle ait atterri dans l'eau. Bah... De toute manière, si j'ai manqué mon tir, ce n'est pas trop grave. Un jour ou l'autre, on se débrouillera bien pour y aller, dans ce fichu bateau. C'était juste histoire d'humilier les gars qui me rabaissent un peu trop à mon goût.

   Au bout d'un long moment, pendant lequel j'étais perdue dans mes pensées sur le bateau et sur ce que je pourrais bien faire si je me retrouvais nez à nez avec le Capitaine Crochet, Dorian m'interrompt en me tendant des bouts d'oiseaux déplumés et soigneusement découpés. Je sursaute, un peu déboussolée par ces choses qui me paraissent immondes, mais je me ressaisis avant qu'il ne s'aperçoive de mon dégoût. Pourquoi je suis aussi chochotte, là? Avec le lapin, ça ne m'avait pas autant répugné.

   -Est-ce que tu pourrais aller chercher des grosses feuilles, ainsi que des bâtons pour qu'on puisse faire cuire ces morceaux, s'il-te-plaît? me demande-t-il.

   Je me rends soudain compte que je ne fous rien depuis tout à l'heure alors qu'ils se cassent les cacahuètes à éplucher les oiseaux et les couper. Hum, pour le coup, je suis vraiment mal culottée.

   Je me lève avec précipitation, rouge de honte.

   -Oui, j'y vais tout de suite, pardon!

   Mon air gêné fait rire une énième fois Arthur, qui me jette quelques plumes, comprenant mon embarras.

   -Feignasse, va! me lance-t-il avec amusement.

   Je souffle dessus pour les lui renvoyer, puis je m'éloigne, pressée d'accomplir ma tâche pour ne pas qu'ils aient encore plus de préjugés à mon propos.

   Comme je suis déjà montée afin d'aller chercher des feuilles, je sais exactement le trajet qu'il faut faire. C'est donc sans difficulté que je me retrouve en haut une seconde fois, en chantonnant joyeusement un air que j'apprenais au chant, à l'école. Mon professeur de chant était un fan des Disney, je connais à peu près par cœur les chansons de Pocahontas, du Roi Lion ou même de Mulan. Mais c'est "Loin du froid", dans Anastasia (Diapo) qui me revient en cet instant, et je me mets à effectuer mon travail tout en fredonnant l'air. Je ne sais pas trop pourquoi c'est ce chant qui me revient, mais bon. J'adore chanter, et c'est vrai que ça fait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Alors je continue, avec une pointe de nostalgie. Je crois que ce qui me manque le plus, ce sont les cours de chant. 

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