Peter Pan

Chapitre 21

(P.D.V Dorian)

Je reste bouche bée devant mon ancien protégé, mon cerveau ayant décidé de faire grève d'un coup. Sans que je ne m'y attende, Sébastien se jette dans mes bras pour me serrer très fort contre lui... Outch, un peu trop fort.

Je grimace en essayant de me dégager de son étreinte collante, sans succès. Je vois du coin de l'œil le visage liquéfié d'Arthur, qui ne doit pas tout capter non plus. Non mais c'est vrai, quoi, qu'est-ce qu'ils foutent là, alors que je pensais ne plus jamais les revoir de ma vie? Il faut dire que la possibilité de les croiser était plutôt grande, sachant qu'on est tous coincé sur une île pas si vaste que ça, mais sur ce bateau? Il faut vraiment ne pas avoir de chance.

-Sébastien, tu pourrais au moins répondre quand je te...

Peter s'interrompt en m'apercevant, les yeux écarquillés. Je dois avoir à peu près la même tête, tellement je suis abasourdi.

Finalement, mon ennemi se renfrogne, visiblement plus agacé que surpris.

-Bon sang, on n'aurait pas pu mieux faire, bougonne-t-il. Tomber sur des fantômes, génial.

-Mais... Mais je croyais que... balbutie Sébastien en se séparant (enfin) de moi. Vous devriez être morts! s'offusque-t-il en pointant Arthur du doigt, puis moi. Je vous ai vu! Toi (il montre Arthur de nouveau), toi je t'ai vu agoniser!

Mon compagnon, qui s'est apparemment remis de cette rencontre inattendue, lève les yeux au ciel devant la remarque.

-Ben nan, on est là, et on est bien vivant. Qu'est-ce que vous foutez là, vous?

Sébastien tressaille en entendant la voix d'Arthur et il est tellement blanc que j'ai l'impression qu'il va s'évanouir. Je ne vais pas dire que le revoir ne me fait pas plaisir, au contraire. J'adore Sébastien, c'était un pauvre petit garçon que j'ai pris sous mon aile par pure compassion. On est devenu plus proche petit à petit, jusqu'à ce qu'il ne me lâche plus d'une semelle. Il était tellement frêle que je pensais qu'il n'allait pas vivre très longtemps dans cette forêt hostile, et à vrai dire, en partant de là-bas, la dernière chose à laquelle j'ai pensée, c'est de regretter de ne pas l'avoir formé assez pour survivre. Je pensais réellement qu'il allait mourir. Ça me fait donc plaisir de le voir toujours vivant, et en pleine forme, avec des muscles supplémentaires. Oui mais... Pas là, pas sur ce bateau.

-On est venu pour Mike, nous dit Peter en croisant ses bras.

Je suis très étonné de le voir ici. Il a encore grandi, depuis la dernière fois que je l'ai vu. Pas beaucoup, mais un peu tout de même. Ça montre qu'il n'a pas arrêté son enlèvement de "garçons perdus" dans le monde réel.

Quand je suis parti, il était un garçon vautré dans son trône moisi qui jouait avec son épée à faire peur à ceux qui l'énervait un peu trop. Pour dire la vérité, durant les années que j'ai passées dans le campement, je n'ai dû l'apercevoir que deux ou trois fois, et il sortait juste parce que son toutou l'y obligeait. C'était quoi son nom, à lui déjà? Kalim... Sélim...? Je sais plus, et c'est pas non plus un drame, je ne l'aimais pas trop, ce faux-cul. Bref. Tout ça pour dire que le voir en chair et en os devant moi, aussi déterminé, me fait tout drôle. Oh, je l'ai vu affronter les pirates, et j'admets qu'il est très doué à l'épée, mais je ne pensais pas que cela allait le faire autant remuer.

-Connais pas, lâche Arthur. Maintenant cassez-vous avant qu'on vous embroche comme des merguez.

-Des quoi? s'étonne Peter en levant un sourcil.

-Des merguez, expliquai-je. Ce sont des sortes de saucisses, mais qui piquent...

-Mais pourquoi tu sympathises, toi? m'engueule Arthur en me poussant. C'est l'ennemi, je te rappelle! Vas-y, discutez autour d'une tasse de thé, pendant que vous y êtes.