Chapitre 11

3.4K 212 17
                                    


(P.D.V Peter)

   Je lève les yeux vers la cime des arbres, pensif. 

   Depuis l'incident d'il y a quelques heures, je n'arrête pas de penser aux cheveux de Mike. Ça faisait longtemps que je n'en avais pas vu d'aussi longs et d'aussi brillants. Des boucles brunes, qui encadrent parfaitement le visage de cette fille... Je n'arrive pas à me défaire du petit air contrit qu'elle a pris dans la forêt avant de mettre sa casquette pour dissimuler ses cheveux. Ce doit être à cause de la quasi inexistence de femmes sur cette île que je ne cesse d'y penser. C'est sûrement normal. 

   Étrangement, je ne suis pas énervé de penser sans relâche à elle. Déjà, je ne pense pas à elle en particulier, mais à ses cheveux, nuance. Et puis ce n'est pas comme si elle m'obsédait; je m'ennuie tellement que je pourrais penser à un caillou pendant trois heures si ça peut me divertir. 

   Je pose mes mains sur mes hanches. Mes doigts effleurent le pommeau de mon épée pendant l'action. Je baisse la tête vers elle. Tiens, et si je m'entraînais un peu à me battre, moi? Ça fait une éternité que je n'ai pas sorti cette épée dans le but de la manier en tant qu'arme. Généralement, je m'en sers pour faire peur à ces mauviettes de garçons manqués. 

   Je la sors lentement, observant le jeu de miroir qu'exercent les rayons du soleil sur la lame. Je vois mon reflet dessus. Un jeune homme sale aux traits tirés par la contrariété. 

   Un jeune homme.

   Je rengaine aussitôt la lame dans son fourneau, les sourcils froncés. 

   -Mais qu'est-ce qui me prend, moi? murmurai-je à voix basse.

   Je pensais à quoi en sortant cette épée? Pouvoir redevenir comme avant? Pouvoir la manier contre les pirates, en riant à gorge déployé, accompagné de mes fidèles garçons manqués? C'est ça? 

   Je serre les dents.

   Une boule de colère grossit dans mon ventre, comme à chaque fois que le souvenir de mon enfance revient. J'arrache soudainement le fourneau de mon épée et le balance de toute mes forces. Il se répercute contre un arbre et s'abat lourdement sur le sol. Je souffle pour tenter de me calmer. Ce n'est pas en s'énervant que je vais arranger les choses. Le passé, c'est du passé, Peter.

   -Et puis merde.

   Depuis quand j'essaie de me raisonner? Je donne un coup de pied sur le sol, exaspéré par mes sauts d'humeur. Ce n'est pas la première fois que ça arrive, mais c'est toujours la même histoire, tournant autour du même sujet. Toujours la même chose, qui revient en boucle me hanter, sans jamais me laisser tranquille. Quand est-ce que j'arriverai enfin à digérer le fait que je ne sois plus un enfant, et que je resterai à jamais un mec vieux et déjà lassé par son futur qui ne lui prédit aucune joie? 

   -Et puis merde! criai-je en m'emparant d'une petite pierre.

   Je la jette sur mon arme en utilisant toute ma puissance dans ce geste, pour me défouler. Mon épée ne se fracture pas, le choc ne produit qu'un petit son métallique. Sans savoir pourquoi, ça me met encore plus en rogne, et je hurle en sautant partout, comme un fou. 

   Après plusieurs minutes à agir comme un débile mental, je m'allonge sur le sol, les bras et les jambes tendus, essoufflé. J'ai envie de détruire quelque chose, mais dans cette forêt de merde, il n'y a que des arbres. Ce qui est logique, dans une forêt. Mais en cet instant, j'ai envie qu'il y ait un objet à casser, ou une personne à défoncer à l'aide de mon poing. Sébastien aurait parfaitement fait l'affaire, s'il avait été là. 

Peter PanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant