Chapitre 1

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   Driiiiiiiiing! Driiiiiiiiiiiing! Driiiiiiiiiing! Driiiiiiiiing! Driii...

   Je tape sur ma table de nuit partout jusqu'à ce que ce foutu réveil se taise. Pfff, j'ai l'impression de ne pas avoir dormi de la nuit. D'ailleurs, j'ai fait un rêve vraiment étrange, avec une histoire de lapin et de gâteau au chocolat... Vraiment bizarre.

   Je sors de mon lit avec peine, en grognant face à l'air glacial qui règne dans ma chambre, comparé à la tiédeur de sous ma couverture. En posant mes pieds par terre, je frissonne. Le sol est gelé. 

   Bon, après la dure épreuve du réveil, celle de choisir ses vêtements. Que prendre dans cette garde-robe qui ne contient que des habits d'été? Bah, ça va, on est au début du mois de mai, il ne fait pas si froid que ça. 

   Je me décide pour un haut à bretelle bleu légèrement décolleté et un short en jean, tout simple, puis je pars me laver. Ce que la vie est dure, à six heures trente du matin! 

   Après m'être habillée, coiffée mes longs cheveux bruns et maquillée un peu mes yeux, je descends à la cuisine pour aller petit-déjeuner. Ma mère est déjà prête, toute fraîche et pimpante, en train de déguster un café. Je ne sais pas comment elle fait pour se préparer aussi rapidement. Elle m'impressionne, avec sa bonne humeur dès le matin. Elle me sourit pour me dire bonjour et je lui réponds par un "s'lut" rapide. J'ai trop faim pour discuter de je-ne-sais-quoi avec elle. 

   Cela tombe bien car elle part de la pièce, ayant probablement terminé sa tasse.

   Oui, la relation entre ma mère et moi est quelque peu tendue, mais c'est un peu de sa faute aussi. Si elle ne me collait pas vint-quatre heure sur vingt-quatre, peut-être que je pourrais être plus sympa. Pour l'instant, j'attends qu'elle change de comportement, et ensuite, on verra.

   Bon, à présent, il faut que je me dépêche. A chaque fois, je n'ai pas le temps de prendre tranquillement mon petit-déjeuner. Mais peut-être que ce matin va être différent.

   Je prends un bol, verse du lait dedans, puis du chocolat, mélange le tout pour que le chocolat se dissout, m'installe tranquillement devant la table, me prépare consciencieusement une tartine beurrée, ouvre la bouche pour croquer dedans...

   -Natacha! Dépêche-toi, tu es en retard! me crie ma mère depuis la salle. 

   Je repose ma tartine en grinçant des dents. Quand est-ce que je pourrais profiter d'un vrai petit-déjeuner un jour de cours?! Jamais, c'est clair. 

   Ma mère déboule dans la cuisine, affolée à l'idée que j'arrive en retard. Elle range le beurre, ramasse mon bol pas du tout entamé, et jette ma tartine encore entière. Je la regarde faire, exaspérée. Il n'est que sept heures et demi (oui, je sais, je prends une heure pour me préparer) et je commence à huit heures, elle ne va pas me faire croire que je vais arriver en retard au lycée!

   Elle s'arrête soudain et me fixe. Je lui rend son regard avec un haussement de sourcil.

   -Ben quoi? lui demandai-je.

   Elle met ses mains sur ses hanches avec une moue colérique. 

   -Pourquoi tu restes plantée là? Je te dis que tu es en retard, et toi tu t'en fiches? Parfois, je me demande vraiment pourquoi j'ai pas eu un garçon! Lui, au moins, il aurait été plus réactif à mes conseils!

   Ses conseils? Plutôt ses cris de tarée, ouais! Je ne peux même plus déjeuner tranquille, dans cette maison! 

   Après avoir levé les yeux au ciel, je pars de la pièce, énervée. Je n'ai pas envie de me disputer avec ma mère aujourd'hui. D'autres choses me préoccupent plus qu'une simple engueulade mère/fille. Des choses beaucoup plus importantes, qui concernent le lycée:

   °J'ai au total quatre contrôles dans la journée, dont la moitié que je n'ai pas révisé.   

   °Je me suis disputée avec ma meilleure amie à propos d'un mec sur qui elle flashait.

   °Ledit mec ne fait que de me coller, ce qui diminue les chances de réconciliation avec ma meilleure amie.

   °Je ne sais pas avec qui je vais bien pouvoir manger au self, sachant que j'ai perdu ma meilleure amie, et donc mes autres amies qui prennent sa défense (elles ne m'ont jamais trop apprécié, ces pintades).

   °J'ai sport. Non pas que je n'aime pas le sport, bien au contraire, mais c'est le prof qui m'énerve. Il est hyper pervers et le moindre de ses regards vicieux sur les filles de la classe m'insupporte.

   °C'est tout, mais croyez-moi, ça fait beaucoup de problèmes à gérer en une seule journée.

   Face à tout ça, les querelles avec ma mère deviennent beaucoup moins importantes à mes yeux. Ah, si je pouvais seulement arranger mes problèmes d'un seul geste, ce serait merveilleux. Dans ces moments-là, je regrette de ne pas être une fée ou un être magique. 

   Après m'être brossée les dents, je descends mettre mes chaussures, des sandales à talon marrons. Puis je m'empare de mon sac de cours. Si je ronchonne parce que je ne peux pas manger comme je le voudrais, arriver en avance au lycée ne me dérange pas le moins du monde. Bien au contraire. Échapper à ma famille énervante est un privilège que je ne rate surtout pas chaque matin. 

   Ça y est, je suis prête. 

   -Maman, t'es où? criai-je de devant la porte d'entrée de la maison.

   -Là, là, j'arrive! 

   Je soupire en regardant ma montre. sept heures trente-cinq. Ça va, si on prend en compte le fait qu'il faut cinq minutes de trajet pour arriver là-bas, je vais y être pour quarante. Je pourrais passer à mon casier, mettre mes affaires de sport, prendre mes livres, passer au secrétariat (j'ai perdu ma carte de cantine) et ce sera parfait. 

   Ma mère descend enfin, le manteau déjà sur le dos et ses chaussures à ses pieds. Je grogne mentalement. Elle nous interdit de monter nos chaussures à l'étage, mais quand elle le fait, elle, on n'a le droit de rien dire! 

   -Bah alors, me sermonne-t-elle, pourquoi tu n'es pas encore dans la voiture? Tu veux vraiment être en retard, dis-moi!

   Puis, après cette gentil petite réplique inutile, elle s'en va vers la voiture à petits pas. Je soupire une nouvelle fois. Parfois, je me demande si ma mère n'est pas, elle aussi, pressée de ne plus m'avoir sur son dos le matin. Bah, telle mère, telle fille.




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