Chapitre 6

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Non, ça n'est pas possible, c'est une blague.

- Bonjour, mademoiselle. Je cherche...

Quand il en vient à dire le prénom, je le vois qui hésite. Et oui mon mignon, tu débarques chez une fille dont tu ne connais même pas le prénom. Embarrassant, n'est-ce pas ? 

Je le laisse faire des bulles avec sa bave alors qu'il bafouille quelque chose au sujet de prénoms féminins compliqués à retenir.

- CocoChanelN°6 ? Lui dis-je avec un sourire qui se veut conciliant. Peut-être, que mon pseudo lui dira quelque-chose.

Il a une expression soulagée.

- C'est ça ! Elle est ici ? demande-t-il avec intérêt en essayant de regarder derrière moi.

- Tu l'as rencontré sur Instagram n'est-ce pas ? M'assurai-je d'abord, histoire de ne pas me planter de façon phénoménale.

- Tout à fait, me confirme-t-il en hochant la tête.

Je ris intérieurement.

- Elle est devant toi.

Son expression vaut le détour. Elle passe d'ébahie, à déçue, puis étonnée, suivie de choquée, perturbée et finalement il toussote en essayant de ne pas perdre le peu de dignité qui lui reste.

- Tu n'es pas blonde.

- Et tu n'as pas encore de barbe, me moquai-je en constatant qu'il avait, sans l'ombre d'un doute, menti à propos de son âge.

Il baisse le regard pour contempler ses chaussures et passe sa main dans ses cheveux, gêné. Je retiens un rire puis lui demande :

- Comment m'as-tu trouvé ?

- Conduit par mon amour pour les blondes, me dit-il en pinçant des lèvres et haussant un sourcil comiquement.

Je lui lance un regard cynique.

- Tu dois être déçu d'être tombé sur une fille originaire des Philippines.

Il me considère de haut en bas et se gratte le menton.

- Outre la déception, t'es pas mal non plus, dit-il d'un ton désinvolte.

J'ignore son compliment.

- Sérieusement, comment m'as-tu retrouvé ? Insistai-je en reprenant mon sérieux.

- On dirait que tu n'es pas contente de me voir, dit-il en boudant.

Je croise les bras et le regarde droit dans les yeux, la situation n'est pas des plus confortantes pour moi. Savoir que n'importe qui, notamment un adolescent est capable de me pister jusqu'à chez moi est préoccupant.

- Comment m'as-tu retrouvée ? Dis-je en accentuant chaque mot.

Il soupire et croise les bras à son tour.

- J'ai retracé ton adresse IP.

Ah, c'est vrai que j'ai affaire à un soi-disant "ingénieur informatique". Je m'écarte de l'entrée et fais signe à Karl et Taylor d'aller se planquer pour ne pas effrayer le gamin.

- Tu es conscient que je plaisantais quand je t'ai dis de venir chez moi, n'est-ce pas ?

- Oui, répond-il, absorbé par la contemplation de ses ongles.

- Alors pourquoi es-tu venu ?

- J'avais envie, répond-il.

Sa réponse me sidère. Je regarde son visage paisible en me demandant ce qui a bien pu se passer dans la tête de cet enfant. Je ne suis pas suffisamment vieille pour ne plus comprendre les jeunes, n'est-ce pas ? Perdue entre désillusion et hésitation, un vacarme assourdissant éclate dans mes oreilles.

La baie vitrée de la cuisine explose.

- À terre ! Je hurle.

J'attrape l'invité surprise par le col et l'entraîne au sol. Karl, jusqu'ici dissimulé derrière moi, bascule en arrière, une main appuyée sur la poitrine. Je cris son prénom mais il ne me répond pas, la bouche sanginolente et le regard ébahi. Taylor semble exercer une pression sur sa jambe, tandi qu'une auréole rouge se propage sur son pantalon. L'autre imbécile que je continue à maintenir à terre s'arrache à mon emprise et se lève. Désormais debout il regarde droit en direction de à où les balles proviennent. En jurant, je l'attrape par les jambes et tire de toutes me forces à la commissure de ses genoux. Ses jambes lâchent et il tombe à l'instant précis où une balle siffle au sommet de son crâne. Je le repousse violemment et me dirige vers Taylor pour le tirer derrière le comptoir. Un homme fait irruption dans la pièce et m'empêche d'avancer. Il porte un gilet pare-balle et tire dans tout les sens avec son AK-47. Il arrête un instant, puis j'entends une unique balle, celle qui achève Taylor.
Je me retiens de geindre en entendant le soubresaut du corps. Je tire Blondinet derrière le comptoir et attends que la nouvelle pluie de balles cesse.
L'horloge est la seule qui continue à faire du bruit. Je me relève, pointe mon revolver entre les yeux camouflés par une cagoule de notre agresseur et tire sans réfléchir.
Il n'a pas le temps de réagir.
J'attrape le col de mon dernier compagnon qui se tient recroquevillé au sol et le remets sur ses pieds. Je lui prends la main comme un enfant et le pousse devant moi pour ne pas être tentée de l'abandonner. Nous dévalons l'escalier qui mène à ma cave.
Je saisis les clefs de ma moto, lui ordonne d'enlever la bâche qui la recouvre. J'actionne l'ouverture automatique et enfourche ma Ducati. J'enfonce deux casques sur nos têtes et le force à s'asseoir derrière moi.
Il se cramponne à ma taille et je démarre en trombe. La Ducati fait un léger dérapage et jaillit de la cave.
J'accélère autant que possible et m'engage sur le périphérique à toute vitesse.
Personne ne semble avoir eu le temps de nous suivre et à mesure que nous nous éloignons, mon compagnon de fortune cesse de trembler. 

J'actionne le micro qui relie nos casques.

- Ça va ? Je lui demande.
Il sursaute et s'accroche d'autant plus fort a moi.
- Ça va.
- Comment tu t'appelles ?
Il déglutit avant de me répondre.
- Thibaud, toi ?
- Dior. Je m'appelle Dior.









Taddaaaamm ! J'espère que ça vous plait ! Dites moi dans les comments :)

La suite dans deux jours ;)Kisses <3

Radicalement VôtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant