Chapitre 45

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- Que veux-tu dire par "vous les avez perdu" ? Entends-je gronder une personne qui essaie visiblement de garder son calme.
- Ils ont disparu, Lider. On a cherché partout...
- Si vous aviez cherché partout, Ostrovski, vous les auriez trouvé.
L'homme ne répond pas.
- Et maintenant, nous n'avions rien de mieux à faire que de quitter le port...

Le premier interlocuteur tape violemment sur quelque chose et le questionné sursaute.

Je ne voudrais pas d'un supérieur comme celui-ci, pensai-je encore dans les vapes, finalement, je me porte bien avec un dont je ne connais même pas le nom.
- Sors de là !
Les bruits de pas d'Ostrovski s'éloignent peu à peu. J'ai presque envie de le rappeler pour qu'il ne me laisse pas seule avec ce "Lider" en colère.
J'ai l'impression d'être assise. Ma tête pend sur ma poitrine et mes mains sont menottées dans mon dos. J'ai une drôle de sensation. Comme si je sortais d'une anesthésie générale. Je ne me sens pas fatiguée sans pourtant parvenir à rester éveillée.

Un nombre incommensurable d'endormissements s'enchaînent par la suite. Je me réveille, plane un moment et me rendors. Puis je me réveille à nouveau, lutte contre l'épuisement artificiel et me rendors. Réellement, les assoupissements relèvent plus d'évanouissement que d'autre chose. Je perds la notion du temps, flotte sur un nuage ponctué par des mots russes. La tête me tourne de temps en temps à cause de la chaleur. Ils doivent me déplacer pendant mon sommeil. Je reprends parfois conscience dans le fauteuil club en cuir noir d'une chambre intégralement peinte en noir. Le lit a un couvre-pied gris anthracite, il y a deux tables de chevet, des lampes sans pieds dont les abats jours rectangulaires rependent une lumière douce, sur la table ronde laquée qui se trouve à côté de moi, il y a une autre lampe, au pied laquée lui aussi, une petite pyramide de bronze, un carnet et un stylo plume. C'est un univers très masculin, sombre et pourtant très éclairé par les spots style usine qui pendent au plafond. J'ai l'impression que la pièce en elle-même me retient prisonnière.

Parfois je me réveille aussi dans la soute. Je suis sur la même chaise, dans la même inconfortable position qui me détruit les lombaires. Je ne sais pas si nous sommes le jour ou la nuit. Je ne me souviens plus d'où je suis. Ma blessure à la jambe cicatrise lentement. Je ne sens plus vraiment la douleur. Mais la couleur de la plaie et le liquide jaune qui suppure ne me disent rien qui vaille. J'ai l'impression qu'elle est en train de s'infecter, pensai-je en m'endormant.

***

La lumière des spots s'infiltre au travers de mes paupières. Je mets une main devant mes yeux et tourne légèrement la tête. De grosses gouttes roulent sur mon front. Je prends appuie sur les accoudoirs pour me lever et reste penchée au-dessus du fauteuil les yeux fermés en attendant que la pièce daigne arrêter de tourner. Une main posée toujours posée sur le club, je tente un premier pas. Tout se passe bien. Alors, je prends mon courage à deux mains et traverse les quelques mètres qui me séparent de la porte. Je tourne la poignée, tire la porte et le vertige me reprend. Adossée au mur, je regarde la porte qui s'ouvre de son propre gré en grinçant. Un homme se tient dos à moi. Alarmé par le bruit de la porte, il se retourne violemment et pointe son mini-uzi sous mon menton en criant. Quelque part, quelqu'un enclenche une alarme. Mes genoux s'entrechoquent et je chancelle. De tous côtés, des hommes armés surgissent au pas de charge. Je m'agrippe à l'encadrement de la porte alors que mon gardien attitré s'égosille toujours devant moi.

Je ne l'entends pas vraiment, je vois juste son visage déformé par la colère et la terreur. Il a peur de moi. Puis à l'autre bout du couloir trois hommes arrivent en courant. Celui du milieu porte sa chemise blanche déboutonnée et un pantalon de costume gris, mais je n'ai pas le temps de me soucier des autres que je tombe à la renverse.

Ma tête se cogne sur le sol dans un bruit sourd et je me recroqueville sur le doux tapis noir avant de m'évanouir.

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Heyy, le chapitre est un peu plus court que les précédents mais j'espère qu'il vous plait quand même ! :) Donnez moi votre avis ;)

Kisses <3

Radicalement VôtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant