Radicalement Vôtre

Chapitre 20

Une drôle de sensation me tiraille en l'entendant m'appeler ainsi. Mon cœur bat au ralenti. Je ne sais pas comment elle va réagir, si elle est contente de me voir ou non. Peut-être a-t-elle complètement changé par rapport à la dernière fois ou je l'ai vu. Peut-être a-t-elle même eu des enfants entre temps. Ce qui est sûr c'est que nous avons fait une erreur phénoménale en venant ici. Si j'avais pris la peine de débourser une grosse somme d'argent, n'importe quelle maquilleuse de New York nous aurait pris. Mais j'ai agi de façon impulsive et Dieu sait que les résultats ne sont pas bons quand c'est le cas.
J'aimerai pouvoir continuer mon chemin jusqu'à ma moto et prétendre de ne pas être moi, mais ça n'est plus possible.

Une main se pose sur mon bras et je sursaute en me retournant.

- Oh mon Dieu, dit Tyna en posant une main sur sa bouche.
Elle s'éloigne un instant et me détaille de la tête aux pieds. Je commence à reculer en tirant sur mon chapeau pour cacher mon visage et me retourne, sur le point de partir en courant.

- Non attends ! M'arrête-t-elle dans mon élan.
Quelle ineptie c'était de venir ici ! Surtout maintenant, alors que je suis aux trousses de Sachka. Elle s'agrippe à mon épaule pour me retenir.
- Reste, m'ordonne-t-elle. Elle me met face à elle de force et m'oblige à la regarder dans les yeux. Les siens sont embués, pleins de larmes.
Je ne sais pas quoi dire. Je suis partagée entre le désir de la serrer contre moi et la gêne. Ma conscience avait raison, je suis sans figure au point de débarquer chez une personne sans avoir donné de nouvelles depuis cinq ans parce que j'ai besoin d'un service. Je me fais honte à moi même.
- Oh Dior, dit-elle en m'attirant contre elle. Je suis, pendant un court instant, d'une raideur très inconfortable. Mais celle-ci s'échappe vite, laissant place à un sentiment agréable de paisibilité.
- Tu m'as manqué, lui dis-je avec des trémolos dans la voix.
- Toi aussi, me répond-elle en reniflant fort près de mon oreille.
La clochette de la porte d'entrée tinte à nouveau, laissant passer un bel asiatique qui s'arrête net en me voyant. Je mets une fraction de seconde avant de le reconnaître. Notre dernier "face à face" commence à dater.
Tyna s'écarte de moi et s'approche du brésiliano-japonais qui a l'air de vouloir disparaître dans un trou.
- Dior, je te présente Lee, mon fiancé, m'annonce-t-elle fièrement.
La présence du fameux Lee m'arrache un sourire.Je tends une main à Lee en souriant.
- On a déjà eu le plaisir de se rencontrer, dis-je en le regardant virer au rouge.
Il me rend une poignée de main molle.
- Effectivement, ajoute-t-il à voix basse.
Oui, effectivement comme tu le dis. Avant que tu ne rencontres Tyna et que tu avais soif d'aventure. Enfin, juste assez pour embaucher une call girl. La journée s'avère être garnie en terme de réminiscences du passé. Voilà bien longtemps que je n'avais pas croisé quelqu'un de mon "ancienne" vie.
- Dior, nous interrompt Tyna, il y a un homme sur une moto de l'autre côté de la rue qui te regarder, me dit-elle aussi naturellement que possible.
Je me retourne et fais un geste à Thibaud pour lui dire de venir.
- Ne te fais pas de soucis, la rassurai-je en regardant Thibaud arriver, son casque toujours sur la tête.
- Qu'est ce qu'il fabrique avec le casque ? Me demande-t-elle curieusement.
Je ris et propose :
- Si nous rentrions à l'intérieur ?
- Oui cousine, répond-elle en utilisant une expression du quartier.
Thibaud arrive à notre niveau et salue les deux fiancés d'un mouvement de main circulaire. Lee le regarde bizarrement. Je ne le blâme pas, il a vraiment l'air cloche.

Coucou ! Dites moi ce que vous en pensez, Kisses