Chapitre 46

2.6K 184 83
                                    

Deux personnes chuchotent non loin de moi.

- Il est trop tard maintenant, nous ne les retrouverons pas. Il nous faut quitter le port sans plus tarder.

- Tu as raison, va prévenir mon frère.

De grosses bottes noires passent près de ma tête. Je me retourne pour trouver une position plus confortable, mais me rendors avant de terminer mon geste.

***

Quelqu'un tapote mes joues. Je rentre ma tête dans épaules pour lui échapper, mais mon assaillant ne lâche pas l'affaire.

- Réveille toi, Printsessa.

Je râle et entrouvre les yeux. Il fait sombre. Je suis toujours allongée sur le doux tapis. On m'a enfilé un tee-shirt beaucoup trop grand qui m'arrive jusqu'à mi-cuisse.

- Tu devrais manger avant que Sachka n'arrive.

Je scrute mon interlocuteur un instant, le temps que mes sens se réveillent, et ses traits deviennent moins troubles. Dimitri balance sous mon nez un Tupperware et une cuillère en bois.

Je me redresse sur mes coudes et tends les mains pour les lui prendre. Je tiens en équilibre un court instant avant de basculer en arrière.

- Hola! dit-il tout bas en me rattrapant de justesse par les bras. Mon corps est mou. J'ai l'impression que mes muscles ont fondu. Je laisse tomber ma cuillère et pose une main sur mon front. Je me sens mal. J'ai envie de vomir. Et maintenant, j'ai plein de la bouffe sur moi. 

Dimitri me traîne jusqu'au pied du lit et me cale contre. Puis il va avec la cuillère recueillir ce qu'il reste dans le tupperware. Il me la tend, prêt a me nourrir comme un bébé. Bien que drogué, mon ego en prend un coup. Sans délicatesse, je la lui arrache des mains et l'enfourne dans ma bouche. 

Quand l'espèce d'immonde pâtée insipide rentre en contact avec mon palais, je fais de mon possible pour ne pas la recracher.

- Pas très bon, n'est-ce pas ? Demande Dimitri avec un air compatissant.

Son air sincère me donne envie de lui faire avaler ses sourcils. Sans prendre la peine de répondre, je soulève mon bras jusqu'au Tupperware et prend une autre cuillerée de cette purée fadasse. 

Tout à coup, la porte grince et en un clin d'œil, Dimitri se trouve debout. J'aimerai pouvoir en faire autant, mais j'ai l'impression d'être dans la version ralentie d'une cassette. La porte s'ouvre complètement et Sachka entre, les mains derrières le dos.

- Elle en a eu assez, dit-il en mettant terme à mon horrible repas. 

Je ne suis pas certaine de lui en vouloir ou lui être reconnaissante.

Les deux hommes se mettent à converser en russe a une allure telle que je ne parviens pas à attraper un mot de la conversation. Sachka semble réprimander son frère. Celui-ci se raidit progressivement et cesse de parler. Subitement, l'échange prend fin et Dimitri part sans même m'adresser un dernier coup d'œil. Sachka le suit jusqu'à la sortie et claque la porte derrière lui. Puis, il se plante face à moi et s'immobilise,  me fixant comme s'il s'apprêtait à me manger. 

Peut-être est-ce le cas d'ailleurs. Qui sait ce dont ces russes sont capables ?

Je ne sais pas combien de temps il reste ainsi. Stoïque. Magnifique. Effrayant. Probablement submergé par le nombre de façons possibles et inimaginables de me faire dire ce qu'il veut entendre. Ma respiration est lente et je lutte pour rester droite alors que mon corps veut à tout prix glisser le long du tapis et se rendormir. Mais cette fois je sais que lorsque je me réveillerai, ça ne sera pas Dimitri qui m'accueillera avec sa nourriture pour animaux, mais Sachka avec ses pinces et couteaux. 

Eh bien, la drogue me fais faire des rimes.

Soudain, contre toute attente, il sourit, dévoile ses dents très blanches et ses canines pointues. Il  se penche vers moi et me soulève sans effort pour me mettre à sa hauteur.

- Toi et moi avons des affaires en suspens, dit-il avant de déposer un baiser humide sur ma joue.

Il me pose avec délicatesse sur le lit et se rapproche de la table laquée. Il soulève la pyramide en bronze et presse un bouton. 

Alors, deux hommes font irruption dans la pièce et se rue dans ma direction. Je ne réagis pas, amorphe. Ils se placent chacun d'un côté, me prennent sous les bras et me tire vers la sortie en regardant droit devant eux. Mes pieds traînent au sol, ma tête dodeline au rythme des tournants jusque sur le pont. J'inspire l'air frais et salé. New York est loin. Tout petit.

Ils sont saufs, pensai-je avec soulagement en me remémorant la conversation entendue entre Sachka et un de ses officiers.

Je me demande comment ils se sont débrouillés pour disparaître aussi vite avec une femme en panique, un homme inconscient et une espèce de cas social qui n'en fait qu'a sa petite tête bouclée.

Nous continuons notre trajet et la ville disparaît derrière moi. Les hommes m'entraînent dans un escalier sombre qui me parait sans fin. Ils descendent des marches et des marches ...

Et me soulèvent de temps en temps quand je heurte un obstacle trop fort. 

Un long moment plus tard, nous arrivons devant une porte blindée que je ne reconnais que trop bien. Une de mes escortes me lâche sans ménagement et entreprend de l'ouvrir. L'autre homme me maintient fortement contre lui alors que je menace de m'effondrer.

La porte s'ouvre en gemissant. 

J'ai l'impression d'être aspirée à l'intérieur. Les deux hommes s'enfoncent dans le trou noir et l'humidité se colle immédiatement à ma peau. La chaleur m'assomme et je m'efforce de respirer alors que de grosses perles dégoulinent le long de mon dos. Le tee-shirt se plaque contre mon corps et je sens mes paupières s'alourdir, puis se fermer.


____________________________________

Woilaaaaa ! Vous en pensez quoi?

J'essaie de mettre un peu plus d'action dans les prochains chapitres ;) 

Kisses <3

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Oct 15, 2017 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Radicalement VôtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant