Radicalement Vôtre

Chapitre 29

Je grince des dents et me retiens de lui lancer mon poing dans la figure, histoire de lui faire avaler son sourire suffisant. Deux bouteilles vides trônent près de Sergei en guise de trophées. Il fait chaud, mais il m'est impossible d'enlever mon gilet. Mes tatouages pourraient refaire apparition sous le latex avec l'humidité. Je pose mon litre d'eau sur le comptoir avant de m'installer sur le tabouret en face de Sergei et inspire pour me détendre.

Thibaud a sérieusement disparu de la circulation. 

Je croise les jambes et fais un geste pour reprendre ma bouteille, élément qui pourrait encore me sauver. Si j'arrive à remplacer le contenu de mes shots sans que personne ne le remarque, je pourrai tenir tête à Sergei bien plus longtemps. Sans quitter mon adversaire des yeux, je tends la main pour l'atteindre, mais la seule chose qu'elle réussisse à attraper est le vide. 

Parfait.

Elle n'est plus là. 

Eh bien, je ne suis pas dans la merde.

Dimitri et un autre homme très ... roux, se matérialisent à mes côtés avec chacun une bouteille de vodka à la main. Sergei fait glisser un shot dans ma direction et son -je suppose- frère le remplit à la volée.

- Les dames d'abord, m'accorde-t-il avec une insolente petite révérence.

Entre le pouce et l'index, je saisis le shot et le contemple comme l'incarnation même du diable. Il n'y a pas vraiment de retour en arrière possible. En approchant le petit contenant de ma bouche, je bloque ma respiration. Lorsque le verre froid rencontre ma lèvre inférieure, je jette ma tête en arrière et attends que la brûlure de l'alcool s'élève.

 Mais elle ne se présente pas.

J'avale un peu d'air et explore ma bouche en quête de la saveur médicamenteuse de la vodka. Avec surprise, je constate qu'il n'y a aucune amertume ou âpreté sur ma langue. En revanche, il y a un léger goût de plastique qui ne peut venir que ... de l'eau en bouteille.

Une naissance de sourire sur les lèvres, je remercie silencieusement mon bienfaiteur qui a permuté les deux liquides pour moi.

Je simule une légère grimace avant de rouvrir les yeux et de constater que je suis observée de tous côtés. 

- A ton tour, baragouinais-je en russe à l'intention de mon cher et tendre compagnon de beuverie. Le roux à la mine stoïque le sert et repose la bouteille.

Sergei sourit puis prend son verre dégoulinant et se le jette sans préliminaires dans le gosier. Il a l'air de boire ça comme du petit-lait. Mon œsophage brûle pour lui. 

Dimitri semble être mon serveur attitré. Peut-être est-ce lui qui a remplacé la vodka par de l'eau ? Je ne vois pas de raisons valables pour lesquelles il agirait ainsi. 

Le fait est que je suis bien aise que Sergei et moi ne buvions pas de la même bouteille, je ne souhaite pas le voir découvrir que ma douce boisson n'est autre que de l'eau. A cette idée, je frissonne.

- Bois, me fait-il en levant un peu le menton. Ça te réchauffera l'estomac.

Doux Jésus, qu'il est attentif.

- Ça va me le mettre en cendre, oui, grommelais-je en regardant Dimitri me servir.

Notre public s'esclaffe tandis que je m'empare du shot et le bois cul-sec.

De fil en aiguille, je vois ma bouteille se vider et je perds la notion du temps. Un quart, puis un tiers, et enfin la moitié s'épuisent. Celle de Sergei aussi d'ailleurs, qui en est lui -ne l'oublions pas- à son troisième litre de la soirée. Je ne sais même pas où autant de liquide peut-être passé. C'est très perturbant. 

Un moment avant que je n'entame ma seconde bouteille, je vois que mon adversaire commence à tanguer. Satisfaite d'être en train de l'achever, je ne remarque pas que Dimitri s'éloigne. Sergei pose une main sur le comptoir pour se stabiliser et secoue la tête en se frottant les yeux.

Eh bien ! Il était temps !

Plus que quelques shots et le compte est bon ! Je cligne exagérément des yeux et me racle la gorge, pour paraître moi aussi un peu grisée. Dimitri revient alors avec une nouvelle bouteille. Mon 21ème shot ne se passe pas comme prévu. Quand j'avale le fluide, ma gorge s'enflamme littéralement. Je tousse et manque de m'étouffer. J'ai dans la bouche un gout de graines et le liquide était beaucoup trop épais pour être de l'eau. Il en était presque crémeux.

La boisson incendie tout sur son passage et je peux suivre son trajet jusque dans mon estomac. Il y a certes de la vodka dans ce mélange mais il y a autre chose, c'est certain. Un alcool moins fort qui a la saveur de vanille et d'épices.

Mon cerveau fait la corrélation au bout de plusieurs secondes. Pourquoi diable y a-t-il du martini dans la vodka ? Et premièrement, pourquoi y- a-t-il de l'alcool dans mon shot ? Mon ange gardien a décidé de ne plus m'apporter d'aide ? Je pince des lèvres en réalisant que mon litre d'eau était passé entièrement dans la première bouteille de vodka. 

Retenant un grognement, je prie pour que Sergei s'effondre rapidement. Car d'ici 5 shots, je serai hors d'état de prononcer quoi que ce soit de cohérent.

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Je suis d'humeur généreuse, je vais poster plusieurs chapitre

Kisses

(Vous pensez quoi de celui-ci ?)