Chapitre 30

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22ème shot 

Je prends le petit verre entre mes doigts avec appréhension et le porte rapidement à mes lèvres. C'est un peu plus facile cette fois. La sensation a perdu de son intensité.

Le grand roux considère Sergei avec un froncement de sourcils soucieux. 

Mon rival s'enfile son shot et prend appui au bar. De petites perles de vodka coulent aux coins de ses lèvres. 

Eh oui mon garçon, ta défaite est proche, pensais-je en le voyant dangereusement balancer.

23ème shot

Dimitri me ressert et j'empoigne le verre sans même regarder ce que je fais. L'alcool n'a pour l'instant aucun autre effet sur moi que de me ragaillardir. En outre, il m'est de plus en plus facile d'absorber le petit cocktail qui m'a été composé.

Quand Sergei porte son 63ème et dernier shot à ses lèvres, ses yeux roulent en arrière et il tombe à la renverse. Le grand roux le rattrape avant qu'il ne s'effondre totalement au sol et je pousse un soupir de soulagement. La petite troupe qui nous entoure se met lentement à taper des mains. Notre public à l'air plutôt dépité de voir un petite blonde l'emporter sur Sergei le Magnifique.

 Dimitri s'empresse de passer de l'autre côté du bar, effaré. Il semblerait bien qu'il n'ait pas l'habitude de le voir aussi saoul. Profitant de son moment d'inattention, je m'empare des bouteilles de vodka avec un air innocent. Soudain, une tête jaillit d'en dessous le comptoir. Prise en faute, j'ai un brusque mouvement de recul avant de reconnaître le brun qui se tient devant moi.
- Thibaud ! M'exclamais-je aussi silencieusement que possible.
Il sourit malicieusement, brandissant une bouteille d'eau.
- Je t'ai manqué ?
Résistant à une violente envie de l'envoyer paître, je l'attire de l'autre côté du bar et lui fourre les bouteilles dans les mains.
- Espère toujours, lui répondis-je en tapotant sa joue.
Bon d'accord je ne suis pas tout à fait honnête et il n'a pas entièrement tord. Il se pourrait, - remarquez que je parle au conditionnel-, que je sois légèrement soulagée qu'il ne lui soit rien arrivé, m'accordais-je muettement en m'avançant vers un homme.
- Vous avez du feu ? Demandais-je avec mon plus beau sourire.
L'homme fouille dans ses poches avidement et, sans me quitter du regard, en extrait un petit briquet bleu. Je le remercie d'un clin d'œil et le fais passer à Thibaud qui se tient derrière moi.
- Vide moi ça un peu partout, lui dis-je en désignant les bouteilles qu'il tient. Je veux que cet endroit brûle comme un feu de paille, murmurais-je près de son oreille.
Il hoche la tête, dévisse le bouchon de la première bouteille et laisse naturellement son bras se diriger vers le sol.
Une main se pose sur mon épaule et je me raidis imperceptiblement, prête à sortir mon cran d'arrêt. Je me tourne lentement et me prépare à... Eh bien... Tout. Une femme derrière moi me bouscule et je trébuche. Totalement déséquilibrée sur mes talons, j'essaie de reprendre le contrôle de mon corps en m'accrochant à la première chose qui me passe sous la main. Autrement dit, les hanches de l'homme dont la main est encore posée sur mon bras.  Gênée au plus haut point, je bats brutalement en retraite et lisse mon sarouel pour me donner une contenance. Comme dans un film, je relève les yeux de manière progressive en partant des chevilles, puis passant par les cuisses, s'arrêtant sur le ... hum..., dépassant la boucle de la ceinture, bataillant pour ne pas bloquer sur les abdos ou les épaules, et enfin, le visage.

Les coins de la bouche relevés par l'espièglerie et les iris brillantes de malice, Dimitri me fait un signe de tête pour que je le suive. Tout à coup suspicieuse, je chercher Thibaud du regard avant de  lui emboîter le pas. Il m'emmène jusqu'au bar et me fait passer derrière. Puis il se baisse, passe sa main sous le comptoir et en extrait un petit sac à dos qu'il me met dans les mains.

Je le regarde, ne sachant pas sur quel pied danser.

- C'est la récompense du gagnant.

Curieuse, j'ouvre le sac. La première chose que je vois est un appareil photo jetable. Je fourre ma main dedans et le retourne. L'appareil est démonté. Deux très longs fils électriques sont soudés aux bornes du condensateur. L'un des deux fils est relié à l'interrupteur et ils sont joints entre eux par un morceau de paille de fer. Mes sourcils se haussent au fur et à mesure. 

Il y a aussi un petit cube blanc de dix centimètres sur dix, logé confortablement dans un petit étui en plastique.

Si je ne m'abuse, se trouvent sous mes yeux de quoi réduire en poussière Central Park. L'appareil n'est autre qu'un détonateur maison et le petit solide blanc de l'octanitrocubane. Autrement dit, l'explosif non nucléaire le plus puissant à la surface de la Terre.

Dimitri me regarde et plaisante.

- Maintenant, fuis avant que Sergei ne sorte de son "coma", car au réveil, il voudra sûrement t'épouser, me dit-il avec un clin d'oeil.

Je lui fais un sourire absent, encore en train d'essayer de réaliser se qui se trouve entre mes mains, et glisse les anses du sac à dos sur mes épaules. Puis je repasse l'autre côté du bar et un cri suraiguë éclate dans la foule. Mon regard se dirige automatiquement vers l'endroit d'où provient le son désagréable et une flemme gigantesque jaillit dans l'assistance.

Bien joué, Blondinet.

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Voili, voilou encore un autre ! Ça vous plait ?

Kisses

Radicalement VôtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant