Chapitre 37

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Je sors deux paires de lunettes Night Owl qui nous permettrons de voir dans le noir et lui en lance une.

On peut se demander, pourquoi ai-je presque l'intégralité de mon matos en double... Tout simplement parce que Robin était avec moi la dernière fois que je suis venue dans ce conteneur. 

- Bon, commençais-je, évite autant que possible de te servir des revolvers. Avec ton arbalète, vise les jambes et les mains de nos assaillants. Si vraiment tu ne peux faire autrement que de le tuer, vise la tête.

Il fronce les sourcils avec une moue dégoûtée.

- Je ne tuerai personne, m'annonce-t-il avec une voix bornée.

Je réprime un grognement de frustration. Il proteste déjà alors que je viens juste d'ouvrir la bouche.

- Si c'était le cas, dis-toi que c'était ou lui ou toi, d'accord?

Je sens qu'il va me répéter qu'il ne tuera personne ce soir.

- Je ne tu...

- On s'en fout, je l'interromps. Si c'était le cas, ne te prend pas la tête OK ?

Il pince des lèvres et répond en roulant les yeux

- OK.

Voila ce que je récolte à vouloir lui épargner des soucis inutiles.

- Bien, il faut que nous soyons prêts à attaquer dès qu'ils auront ouvert la porte. Ils ne doivent pas avoir le temps de réagir, lui expliquais-je en installant des silencieux sur l'ensemble de nos pistolets.

- D'accord, me répond-il simplement.

- Dès que tu en as la possibilité, sauve-toi, lui dis-je. Tu fais comme tu peux, tu te débrouilles, mais je ne vais pas pouvoir m'occuper de toi. Saute dans l'eau si tu en as l'occasion, c'est le meilleur endroit où se cacher.

Il hausse les sourcils, visiblement surpris. 

- Donc notre but c'est de s'échapper ? Demande-t-il.

- Ton but, moi je vais me faire prendre prisonnière.

- Pourquoi ? M'interroge-t-il, étonné.

Je souris de son expression ébahie.

- Parce que c'est mon métier, tu te souviens ? Lui dis-je sur le ton de la plaisanterie.

Une agitation nous interrompt. Tous les sens en alerte, je tire Thibaud hors de la salle de bain et enlève la sécurité de mes revolvers. Du coin de l'œil, je le vois qui arme son arbalète. 

- Oh, et Dior ? 

Je tourne la tête vers lui.

- Je sais pas nager.

Mon visage reste de marbre devant la gravité de la situation.

- Tu déconnes ? Je lui demande d'un ton doucereux.

Une première secousse ébranle la porte, mais le drap tient bon. 

- Thibaud, dis-moi que tu déconnes, commençais-je à sérieusement m'inquiéter.

Bien qu'étouffées par le Kevlar et l'isolation, des éclats de voix humaines se font entendre de l'extérieur. 

- Je déconne.

Quelques secondes plus tard la porte est secouée d'un horrible de frisson. Le drap se tend et s'étire, mais ne cède toujours pas.

Je ne sais pas où je me le suis procuré, mais il est vraiment de bonne qualité. Il faut que je retrouve le ticket de caisse.
Le coton continue de s'allonger. J'ancre solidement mes pieds dans le sol en le voyant sur le point de craquer. Je suis prête. 

Thibaud l'est aussi, il est calme. Étonnamment calme. Son l'arbalète est tendue devant lui.  

Un sinistre déchirement annonce la fin du règne du drap. La porte s'ouvre à la volée. Un groupe d'homme armés et cagoulés apparaissent dans mon champ de vision.

Je tire sans leur laisser le temps de réfléchir. Les silencieux étouffent les détonations de mes revolvers. Nos assaillants commencent à riposter. Je virevolte, telle une danseuse, entre leurs balles. Le combat est étrangement insonore. Une sorte de tampon ouaté semble avoir assourdi la scène. 

Je suis finalement atteinte à la jambe. Il fallait bien que cela arrive. Nous sommes totalement surpassés en nombre. Le choc me fait basculer en arrière, je vais avoir un joli hématome. Les cinq hommes qui tiennent encore sur leurs pieds prennent leur courage à deux mains et pénètrent dans le conteneur en me voyant à terre. 

Ils me croient blessée, les abrutis.

Je roule sur le ventre en les voyant occupés à encercler Thibaud. Étrangement, ils ne l'abattent pas. Ils se contente d'esquiver ses flèches et de le menacer avec leur arme.

Je brise le silence feutré en sifflant. Leur attention se porte directement sur moi. 

Parfait.

Ils me considèrent un très court instant. Puis je tire sur deux d'entre eux et m'apprête à faire son affaire au troisième, quand mes revolvers cliquettent dans le vide. Je les regarde avec mépris, écœurée par leur subite trahison. Puis je réalise que l'homme se presse dans ma direction. Mes sourcils se haussent de surprise au moment ou il se jette sur moi sans retenue. Son poing passe très près de mon nez et je l'évite juste à temps. Je me lève au quart de tour, fait tourner le pontet d'un de mes revolvers autour de mon index et empoigne le canon. Mon agresseur m'écrase volontairement le pied, juste avant que je ne l'assomme d'un coup de crosse sur la tempe. 

Je vois l'un des attaquants de Thibaud s'effondrer avec une flèche dans la jambe. L'arme du dernier a tôt fait de se pointer en direction de la tête de mon petit protégé. Ses yeux s'écarquillent de terreur. Il tire frénétiquement dans le bras du grand gaillard sans que celui-ci ne tressaille. La bouche de son revolver se rapproche dangereusement du visage de Thibaud. L'homme ne donne pas l'impression qu'il va s'arrêter. J'ai le sentiment qu'il ne fera pas marche arrière avant de lui avoir logé une balle dans le cortex préfrontal. 

J'ai envie de tester Thibaud. Que fera-t-il de sa dernière flèche ? 

Bien plus rapidement que souhaité, le moment fatidique arrive.  L'arbalète fait des allers-retours entre la tête et l'avant bras du colosse. 

Quand Crane Brillant n'est plus qu'à cinquante centimètres de Thibaud, cet imbécile décide de lui tirer dans l'épaule.

Franchement, aucun instinct de survie ! me lamentais-je, dépitée.

Autour de nous, une dizaine d'hommes gémissent, à croire qu'ils n'ont jamais pris une balle ! L'assaillant de Thibaud baisse son arme, la fait tourner autour de son doigt et empoigne le canon comme je l'ai fait il y a quelques instants.

Une vague de colère me submerge.

- Eh ! Mr Propre !

Je dégaine ma machette et cours dans leur direction. Le géant se retourne au moment où je bondis et abats le dos de la hache sur son crane lustré. Il s'écroule brutalement au sol, inconscient.

Je regarde sévèrement Thibaud qui contemple, soulagé, l'impressionnante masse de viande gisant à ses pieds. Il s'adosse au mur, une main sur le cœur.

- C'est plutôt ...radical, dit-il avec une voix hésitante.

J'expire et me prosterne devant lui avec un sourire goguenard.

- Radicalement Vôtre.

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Kisses <3

Radicalement VôtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant