Chapitre 11

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- Tu as un téléphone ? Je demande à Thibaud.

Il sort une espèce de tablette de sa poche et me la tend. Je m'empare de l'engin après avoir plié ma puce et dépecé mon téléphone.

- Un téléphone peut être traçable  dans cet état là ? M'enquéris-je en désignant les restes du portable échoués sur la canapé.

Il le regarde avec tristesse.

- Il aurait fallu que quelqu'un développe un circuit électronique qui viendrait se greffer à la fois sur la batterie et sur la carte mère pour ...

Je l'interromps en levant une main.

- Tu m'as perdu, dis-je en tapant le numéro d'Abby sur son Lenovo jaune. Tu as un modificateur de voix ?

Il me prends le téléphone des mains et fait une rapide manipulation avant de me le rendre. J'appuie sur le téléphone vert et me lève.

- Allô ?

- Corps à ramasser, baie vitrée à remplacer et débris à nettoyer au 212th St Bayside, Queens, NY  11364. 

Je raccroche et laisse échapper un soupir en entendant le ventre de Thibaud qui gronde.  Le regard fixé sur les écrans, je dissèque le téléphone jaune et attends avec agitation un quelconque signal venant de l'ordinateur.

***

Quatre heures s'écoulent sans que je ne m'en rende compte. Des millions de photos et vidéos ont défilé, mais toujours rien sur Sachka. Thibaud n'a pas dit un mot et ne s'est pas plaint de sa blessure ou de sa faim mais je le vois qui s'énerve en silence. Après tout, il n'a peut-être pas tout à fait accepté d'être bloqué avec moi.

 Je me lève et diminue les pages de recherche. 

- A table, lui dis-je en sortant deux boites de conserve.

Il s'assoie sur la chaise en face du bureau.

- Je vais configurer les paramètres pour que ça nous prévienne s'il trouve quelque chose, m'informe-t-il.

Je hoche la tête, verse le contenu des boites dans deux assiettes et en place une à côté de lui. Il la regarde en fronçant le nez.

- J'aime pas.

- Eh bien ne mange pas, lui dis-je en allant m'asseoir sur mon lit.

Je prends au passage une cuillère dans le tiroir de la cuisinière et me demande quelle heure il peut bien être. Surement  22 heures. Je mange mon plat en tendant l'oreille, j'espère entendre la petite notification qui m'indique qu'elle a trouvé mon homme. L'inactivité me tue. Je suis dans un tel état d'énervement que je serre les dents pour ne pas frapper dans mon matelas. Thibaud se lève et va s'allonger dans le canapé. Je pose mon assiette par terre et prends un couverture sur mon lit je pose sur l'accoudoir du canapé puis vais dans la salle de bain chercher des bandes. 

- T'as pas un coussin à me prêter ?

Je retiens un petit sourire mais continue mon chemin, je sors les bandes de la pharmacie et l'entends qui proteste à voix basse.

- C'est pas grave, j'aurai un torticolis au réveil, c'est tout.

On voit qu'il n'est pas habitué aux conditions précaires.

Tout en enroulant les tissus autour de mes poings, je fais demi-tour et me dirige vers mon lit que je soulève. J'extrais le sac de frappe et l'attache au crochet situé entre le canapé et mon lit puis sors un coussin et le jette sur Thibaud. 

- Eh ! Râle-t-il en le recevant sur le visage.

- Tais-toi et dort, lui ordonnai-je en commençant à mettre des coups de poings dans le cuir.

Il ne réplique pas. Tout en continuant à tendre l'oreille, je cogne par procuration le soi-disant bon Dieu qui m'a refilé un gosse. Molester le sac me fait un bien fou, la tension s'échappe à chaque impact. Au bout d'une dizaine de minute, une fine couche de sueur commence à faire luire ma peau. Le stress s'écoule de mon corps sous forme de gouttes. Mon rythme trouvé, j'enchaîne mes attaques avec plus de fluidité et de force. Mon esprit se déconnecte finalement de la réalité et une bulle invisible se crée autour de moi, flouant tout ce qui m'entoure. Je ne suis plus qu'attaques et battements de cœur. En face de moi se trouve maintenant Sachka et mes poings n'ont de cesse de meurtrir son beau visage, son sang teinte maintenant ses cheveux blonds. Son nez est détruit, ses lèvres et arcades explosées, et son début de barbe n'est plus qu'une masse sanguinolente. Seuls ses yeux sont intacts, grands et bleus. Comme ceux de Thibaud.

Cette pensée me projette hors de ma transe et je reviens dans le monde des vivants. Transpirante et essoufflée, je regarde Blondinet qui est une autre fois échoué sur le canapé. Une de ses longues jambes pend et sa bouche est ouverte. Je souris en éteignant la lumière et vais dans la salle de bain pour prendre une rapide douche. 

J'enfile un tee-shirt court assorti à mon bas de survêtement et m'en vais à tâtons. La porte de la salle de bain s'ouvre sans bruit mais arrivée au pied du lit, je me cogne violemment les orteils dans le sommier. En retenant maintes insultes, je me hisse vers le haut et me glisse sous les draps.

J'entoure l'oreiller de mes bras et m'endors en rêvant paisiblement d'un russe attaqué par une jolie femme à la peau mate.

Hey ! Voila le nouveau chapitre ! J'essaie d'en mettre un autre ce soir mais je ne promets rien ^^

Donnez-moi votre avis :-* ;)

Kisses <3

Radicalement VôtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant