Chapitre 41

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Il hausse ses épaules et se regard se perd dans le vague.

- Descendez-la.
Dimitri se frotte les mains et s'approche, Sergei, lui, semble moins enthousiaste.
J'attends bien sagement que les deux me détachent, envahie par une torpeur qui ne m'est pas commune. Dimitri défait d'abord la chaîne qui se trouve autour de mes bras, puis monte sur la chaise pour détacher mes chevilles. Sergei me réceptionne en douceur. Il sent bon, une douce chaleur émane de son corps. Quand il me pose sur mes pieds, je vacille et mes jambes lâchent. Il me retient in extremis et m'empêche de m'écrouler à terre. 

Je ne porte que mes sous-vêtements. Peu d'armes ont pu leur échapper. 

Ma tête de met à tourner et je chancelle. Étourdie, je passe une main distraite dans mes cheveux, pensant rencontrer l'acier froid d'une lame. Mais ne sens rien du tout. 

La surprise doit s'afficher sur mon visage car Sachka m'adresse un hypocrite sourire d'excuse.

- Désolé de t'avoir déshabillée ainsi.
Je pose la main sur mon front en fronçant les sourcils. Il est bien trop chaud à mon goût.
Sergei me porte jusqu'au centre du cercle où Dimitri a replacé la chaise. Je bascule dangereusement quand il m'assoie dessus et oscille jusqu'à ce qu'ils me menottent les mains derrière le dos.

- On va commencer gentiment, m'informe Sachka en s'agenouillant devant moi. Je te pose une question et tu y réponds.

Pas si compliqué, pense mon petit cerveau insuffisamment irrigué. Des marques bleues apparaissent déjà autour de mes chevilles.

- J'ai juste deux petites questions à te poser.

C'est tout ?

***

- Qu'est-ce qu'il lui arrive ? murmure Sergei en m'observant, l'air chiffonné.
- Elle est sonnée. Ça va passer, lui assure Dimitri.

Vivement, car ça n'a rien d'agréable.

Je ferme les yeux et l'impression de tomber dans le vide me submerge. J'avale une grande bouffée d'air vicié, puis rouvre subitement les yeux.
Mon regard croise celui de Sergei. L'étourdissement se dissipe peu à peu. Ça ne me va vraiment pas d'être suspendue par les pieds. Je serre les dents et tente de me concentrer sur un angle dans la pièce. Ce dernier se dédouble vertigineusement puis, lentement, redevient un simple angle. Je laisse un instant tomber ma tête en arrière, la nuque douloureuse, mais soupire et me redresse.

Trois paires d'yeux me contemplent avec exaltation.

- Si vous avez quelque chose à dire, je suis toute ouïe...
Ma voix est rauque, je commence à réaliser que je me suis laissée ligoter à une chaise. 

Doux Jésus !

- Je suppose que l'idée du partenariat n'est pas la seule chose qui me retienne, n'est-ce pas? demandais-je à Sachka, le considérant à travers mes paupières mi-closes.
Il hoche la tête.
- Effectivement...

Surtout, ne te presse pas. Ça n'est pas comme si j'étais ligotée à une chaise dans un bateau sur le point de quitter le port avec une paire de mafieux qui en veulent à mon derrière, dans tous les sens du termes.

- Je veux savoir qui est ton patron, me demande-t-il de but en blanc, l'air totalement désintéressé.

Audacieux mon petit, mais je n'en ai pas la moindre idée.

- Et pour qui il travaille celui-là, dit-il en pointant Thibaud du pouce dédaigneusement. 
J'éclate de rire, sûrement des séquelles d'avoir eu la tête en bas.
- Lui, il était juste là au mauvais moment.
Sachka plisse les yeux soupçonneusement.
- Hmm... Quant à ton patron ?
Je fronce les sourcils et souris de façon espiègle..
- Sachka... Pensez-vous sincèrement obtenir une réponse ? dis-je en instaurant le vouvoiement pour un créer un semblant de distance entre lui et moi.
Il ouvre grand ses yeux bleus et pose une main sur le dossier de ma chaise. Son visage s'approche du mien.
- J'espère bien que non.

Gracieusement, il s'écarte. D'un mouvement ample, il ôte sa veste et retrousse les manches de sa chemise blanche immaculée. Ses frères ne me quittent pas des yeux tandis qu'il se dirige vers la table dans mon dos.
Je l'imagine qui choisit une lame avec précaution, évaluant ses dégâts avec soin. Tyna se met à sangloter plus fort et je prie silencieusement pour qu'elle arrête, que je puisse réfléchir.
Je n'ai aucune idée de qui est mon patron, mais si je ne lui laisse pas croire, il les tuera tous. A part Thibaud et moi, il a encore besoin de nous. Il est inévitable que des choses peu sympathiques nous arrivent d'ici peu.

Je me prépare mentalement à ce futur proche peu agréable et imagine un mur en brique. J'entreprends ensuite de compter chacune d'entre elles.
Lointainement, le pas calfeutré de Sachka se rapproche. Il ne me faut en aucun cas perdre ma concentration. Je me focalise sur les petits détails créés par mon cerveau qui apparaissent au fur et à mesure.
- Ouvre les yeux, m'ordonne une voix.
Dans un état semi-hypnotique, j'obéis.
- Dior, j'aimerais que tu me dises qui est ton patron, me demande-t-il d'une voix doucereuse et acide à la fois.
Je le regarde, l'œil vide.
- Laissez les partir et j'aviserai.
Il secoue doucement la tête et émet un petit bruit mécontent.
- Si je les libère, je n'ai plus de moyens de pression, admet-il en soupirant, car sincèrement, je ne suis pas certain que de la simple torture physique me permette de faire sortir quoi que ce soit de... Ça, dit-il en dessinant des cercles imaginaires dans ma direction. Bien qu'il ne serait pas une contrainte que d'essayer, juge-t-il nécessaire d'ajouter. Soyons d'accord sur ce fait.
Il s'assoie sur ses talons près de moi et s'amuse à faire glisser la lame sur ma peau.
Le métal froid engourdi la chair sur son passage et me mord comme un courant d'air glacé.
- Réessayons. Pour qui travailles-tu ?

Je suis dans un état de tranquillité extrême. Un stade délectable situé avant l'endormissement où l'on peut continuer à réfléchir tout en ayant l'air endormi.

- Dernière chance.
Je ne réponds pas et soupire simplement. Il veut ça.



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The end de ce chapitre ! Vous en pensez quoi ? (Désolée, j'ai mis un peu plus de temps à le sortir que prévu , j'essaie d'en mettre un autre ce soir pour me faire pardonner ;))

Kisses <3

Radicalement VôtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant