Chapitre 23

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Ma bouche s'ouvre lentement en entendant Tyna appeler Thibaud mon "but". J'essaie, non sans mal, de retenir l'expression moqueuse qui lutte pour se propager sur mon visage, mais c'est difficile.
Lui mon but ? Laisser moi mourir de rire. Ce qu'elle dit a cependant une part de vérité, il n'est pas totalement faux que pour me motiver je dois avoir une visée bien précise. Mais de là dire que Thibaud est mon but, ne poussons pas le bouchon. Tyna me prend la main et me dit doucement :
- Raconte moi la suite.
Je secoue imperceptiblement la tête pour chasser mes réflexions tandis que ma conscience se tord de rire.
- Il n'y a pas grand chose d'autre à ajouter... Annoncais-je en regardant Thibaud comme pour lui demander si j'oubliais quelque chose. J'ai passé cinq ans à travailler comme une force née entre mon boulot et la fac et quand j'ai terminé mes études, Thibaud et moi avons sauté dans le premier avion en destination de New York. Mon premier élan a été de venir te voir et quand je suis arrivée devant chez toi, j'ai eu un vent de panique quant au fait que tu m'en veuilles d'être partie aussi brutalement. Alors j'ai failli faire demi tour et puis tu es sortie.
Tyna m'attire contre elle et m'enlasse avec force. Mon Dieu, je m'en veux tellement de lui mentir. Son expression compatissante me trucide intérieurement. Ça me tue de savoir que lorsque je passerai la porte, je ne la reverrai pas. Et pourtant, il faut que je me sauve au plus vite. Mon patron est sûrement déjà au courant de ma présence ici et je ne sais pas ce qu'il va se passer. Il me renverra probablement après que j'ai assassiné Sachka et ses compères, et fera en sorte de m'exiler dans un endroit perdu en s'assurant que je ne puisse pas en ressortir.
Un téléphone se met à sonner et surprend tout le monde. Lee se lève et décroche.
- Allô ? Il écoute un instant dans le combiné et son visage devient livide. Alarmée, Tyna se lève à son tour et s'approche de son fiancé qui raccroche.
- Ma mère est à l'hôpital, elle a eu un accident de voiture, lui annonce-t-il blanc comme un cachet d'aspirine.
Je crois bien que mon patron essaie de me faire comprendre qu'il est temps de partir.
Tyna plaque une main sur sa bouche et reste un instant immobile. Puis elle empoigne des clefs de voitures sur la table de cuisine et regarde Thibaud et moi.
- Tout le monde ne rentre pas dans la Smart, nous prévient-t-elle, vous restez ici jusqu'à ce que nous revenons. Servez vous dans le frigo si vous avez faim, faites comme chez vous. Mais surtout ne bougez pas d'un pouce, ordonne-t-elle à mon intention.
Vous pensez que si je la serre dans mes bras maintenant ça l'alarmera quant au fait que nous ne serons pas ici à leur retour ?

Oui probablement.

Je lui fais toutes les muettes excuses possible en lui serrant la main et la laisse partir. Les deux amoureux descendent en quatrième vitesse de l'appartement et j'entends la porte d'en bas qui de referme.
Thibaud ne dis rien pendant un moment et recommence à manger ses boulettes à la sauce tomate.
- Je suis dans la merde, marmonnais-je. Allez Blondinet, debout, on a des masques à se préparer.
Il hausse les épaules et répond :
- J'aime bien les drames familiaux aussi...
- Ferme ta gueule, l'interrompais-je en souriant.
Il hausse les épaules malicieusement se lève pour poser son assiette dans l'évier. Je le précède dans l'escalier et commence à fouiller pour trouver le matériel nécessaire à notre "déguisement".
Je dégote deux moules en plâtre et remercie le bon dieu. Il nous aurait fallu 24h avant qu'ils ne sèchent si Thibaud et moi avions dû les faire. C'est bien dommage que nous ne puissions pas passer chez moi pour prendre ceux qui sont déjà fait... Mais bon.
Il ne me reste plus qu'à trouver de l'argile et du latex prévulcanisé, un sèche cheveux et du talque.
L'argile est dans le même placard que les moules, un sèche cheveux traîne sur un fauteuil de barbier tandis que le bidon de trois litres de latex et le talque sont en haut d'un placard que je n'atteins pas.
- Prête moi tes bras, ordonnais-je à Thibaud.
Il me regarde en sourit.
- Et j'aurai quoi en échange ? Demande-t-il avec ironie.
Je hausse un sourcil et réponds très sérieusement :
- La paix.
Il déglutit avec exagération et s'approche pour me descendre le matériel. Je m'installe dans un fauteuil, ouvre l'emballage plastique de l'argile et commence ma sculpture. Bien que concentrée, je sens Thibaud s'assoir à côté de moi et m'observer.
- As-tu un moyen de vérifier si Sachka se trouve toujours au club ? Le questionnais-je sans le regarder.
Il secoue la tête.
- Non il faut juste prier pour qu'il soit encore là quand nous arriverons.
- Je vais faire les masques les plus fins possible, mais il nous faudra quand même une heure de séchage par millimètre.
- De toutes manières, nous ne pouvons pas nous pointer là-bas alors que le bar n'est pas encore ouvert...
- Pas faux, je lui accorde en modelant la terre avec le bout de mes doigts. Va me chercher un peu d'eau à l'étage, demandai-je en sentant l'argile se durcir.
Mon premier personnage est une femme avec un nez en trompette, des pommettes hautes et de jolies lèvres. Thibaud redescend de l'appartement avec un verre d'eau et me le tend.
- Mmmh, grommelai-je trop concentrée pour formuler quelque chose de clair.
- Whaou ! Fait-il en regardant mon oeuvre d'art. On dirait qu'elle dort !
- Passe moi le latex liquide, dis-je en tendant la main.
Piqué, il me pose le bidon à bout de bras et je suis entraînée vers le sol. En rattrapant de justesse le latex avant qu'il ne se répende sur le sol, je lance à Thibaud un regard haineux. J'enduis le moule de talque pour que le masque ne colle pas au moule, étale une très fine couche de latex millimètres sur le moule et me fais rouler sur mon fauteuil à travers la pièce pour attraper l'autre. Je fourre le sèche cheveux dans les maison de Thibaud et lui fais sécher le premier masque. Puis je saisis le seconde moule et commence à modeler avec l'argile un homme au nez droit avec une bouche dessinée et une mâchoire carrée. J'y passe un peu plus de temps que le premier, près d'une demi heure, mais le résultat en vaut la peine. Thibaud va être l'homme le plus beau de la soirée avec ce masque. Je m'adosse un instant et regarde l'heure. 19h30, dans deux heures les masques seront secs.
Je me lève subitement et tape dans mes mains en faisant sursauter Thibaud.
- Il nous faut, perruques, sourcils, cils, filets à cheveux, et maquillage, dis-je en faisant la liste, après nous irons chercher des vêtements dans les gardes robes de Lee et Tyna, et nous serons enfin prêt à chasser du russe.

Et voilà le chapitre promisDites moi ce que vous en pensez
Kisses

Radicalement VôtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant