Chapitre 2

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Je ne tape pas à la porte et rentre sans y être invitée. La pièce est assez sombre et plutôt masculine, les deux couleurs principales sont le bordeaux et vert foncé, ce qui lui confère un petit air des années 50. Il y a un grand bureau marron au fond de la pièce et un large fauteuil noir, dos à moi. Mon patron est assis dedans. Je ne pourrais cependant pas vous le décrire, je ne l'ai jamais vu. Peut-être y a-t-il juste un perroquet ou un singe assis là, je n'en sais ai aucune idée. Un dossier jauni est posé sur le bureau, je connais le protocole, je dois prendre le dossier et m'en aller. Au moment de sortir, je suis interpellée.

- Mlle Osgart.

Je me retourne, étonnée pour deux raisons.

Premièrement, c'est bien la première fois qu'il prend la peine de me parler en dehors d'un appel téléphonique et deuxièmement sa voix n'est pas déformée par un appareil électronique. Mieux encore, son accent et les sons rauques qu'il émet quand il prononce les "r" me disent quelque chose. Mais je n'arrive pas à y placer un visage.

- Si vous acceptez le dossier, je vous assignerai deux gardes du corps qui vous suivront H24.

Je grimace, le seul cas pour lequel des gardes du corps m'ont été assignés s'avérait être particulièrement délicat. Mais ça n'est pas ce qui me chagrine, ce qui m'embête est que les deux habitent désormais boulevard des allongés.

- Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée...

Mon interlocuteur m'interrompt en levant une main. Je l'examine avec attention, pour quelle étrange raison a-t-il décidé de dévoiler tant d'informations à son sujet ? Il porte une grosse chevalière en or et onyx sur laquelle est gravée le symbole maçonnique et une couronne est tatouée sur son index droit. Sa femme doit certainement avoir un diadème.

- C'est à prendre ou à laisser.

Je pince des lèvres mais ne relève pas.

- Je vous ferai parvenir ma décision, lui dis-je.

J'ouvre la porte et sors avant qu'il ne puisse ajouter quoi que ce soit. Dans le couloir,  je croise Robin, qui m'a assisté dans ma dernière affaire, et qui en paye d'une jambe dans le plâtre et d'une minerve. Je ne suis pas particulièrement agile avec des partenaires et j'ai tendance à oublier ce qui m'entoure quand je suis concentrée sur quelque chose. 

Il peut en attester. Je lui fais un sourire contrit, gênée de ne pas être dans le même état que lui et il me le rend. Version moqueuse.

Je m'agenouille à côté de son fauteuil roulant et vois son regard bleu dériver sur ma jupe qui n'a de cesse de remonter.

- Joli jupe, me dit-il.

Il porte son attention sur mon cran d'arrêt, maintenant visible.

- Qu'as-tu fait de ton Lady Ki ? Me demande-t-il, étonné.

C'est ainsi qu'il surnomme mon petit revolver rose que j'idolâtre. Je passe ma main dans mon dos et le sors de ma jupe. Il feint le soulagement en posant son poignet plâtré, lui aussi, sur sa poitrine. Il a raison, je me sens mieux quand mon Lady Kimar est dans son holster de cuisse.

Abby arrive au moment où je me relève. Robin lui sourit et elle rougit violemment.

- Bon... Bonjour Robin, bégaye-t-elle. 

Je la contemple et me mords la lèvre pour retenir un petit rire.

- Pas trop de monde à l'accueil ce matin ? Plaisante-t-il en faisant référence au fait que nous sommes pour le monde extérieur des agents immobiliers.

La bouche d'Abby s'ouvre lentement mais aucun son n'en provient. J'écarquille les yeux et me poste à côté d'elle en lui prenant un bras. Robin est appelé par un collègue et il part sur sa chaise roulante après nous avoir salué.

- A bientôt ! Lui lançai-je, puis je me tourne vers ma meilleure amie en pointant un doigt accusateur devant son nez.

- Toi et moi, nous avons des choses à nous dire.

Nous sortons de l'immeuble et elle me lance les clefs de sa Mini. J'ouvre la petite voiture et m'assoie à la place du conducteur. Elle sais que je n'aime pas être conduite. Je pose le dossier que j'ai à la main sur les sièges arrière et attends qu'elle soit attachée pour démarrer.

Nous tournons un peu en ville avant de choisir un joli petit restaurant italien qui, comme par enchantement a une place libre juste devant. L'intérieur est décoré chaleureusement et les serviettes sont les mêmes que celles que mes grands-parents avaient lorsque j'étais enfant, à carreaux rouges et blancs. Un serveur vient prendre notre commande et nous conseille. J'opte finalement pour une bruschetta,  des croquettes au parmesan et une tarte aux aubergines et Abby prend un fricassé de calamars à l'italienne,  des cannellonis aux épinards et des petits involtinis au chèvre.

Quand le petit italien s'éloigne, j'ouvre la bouche mais suis instantanément interrompue.

- Oui j'en pince pour tu sais qui.

Un sourire s'étend sur mes lèvres, je suis si prévisible que ça ?

- Je n'allais pas parler de ça... commençai-je.

- Menteuse, plaisante-t-elle.

- Ok, c'est bon, j'allai parler de ça...avouai-je en prenant une petite moue contrite.

Le serveur revient avec nos entrées.

- Buon appetito, nous souhaite-t-il.

- Grazie ! Nous répondons en cœur.

Il pose la bruschetta à la tomate devant moi et j'inspire la bonne odeur. Abby fait de même avec son fricassé et son ventre crie famine. Je ris, prends la "tartine" entre mes doigts et la porte à ma bouche. 

- Tu veux que je vois s'il est intéressé ?

L'expression d'Abby se fait perplexe.

- Qui ça ?

Je soupire, feignant d'être agacée.

- Robin, bien sur.

Oui, je suis totalement une entremetteuse.

Elle avale ses calamars  de travers et bois une gorgée d'eau.

- Ça devrait aller, répond-elle. Je la regarde passer une main nerveuse dans ses cheveux blonds. 

Elle meurt d'envie que je le fasse, je le sais. Mais j'adore l'embêter, alors je vais attendre qu'elle me le demande.

Le petit serveur revient nous demander si tout se passe bien. Très jalouse de son joli sourire, je lui offre le plus beau mien. La lueur qui s'allume dans ses yeux me complimente bien plus que n'importe quels mots. Malheureusement Abby interrompt notre échange muet.

- Hum, Dior... 

Elle désigne du pouce deux personnes qui viennent d'entrer derrière elle. Je regarde les deux hommes en costard être accueillis par mon petit serveur. Ils ne sont pas très grands, le métis doit à peine dépasser le mètre quatre-vingts et l'autre mesure  dix centimètres de moins que lui. Ils ont chacun une petite cicatrice sur le dos de la main, entre le pouce et l'index, mais je suis trop loin pour la distinguer clairement. Autre chose attire mon attention.

Le fait que leurs vestes ne cachent pas du tout les Brownings qu'ils ont sous le bras.

Hey everyone !! J'espère que vous allez bien ! Voilà enfin la suite de Radicalement Votre ! Un mois plus tard ... ^^;) Dites-moi ce que vous en pensez, j'espère que ça vous plaira !

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Voili, kisses ! <3

Radicalement VôtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant