Chapitre 34

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Je n'ose pas bouger, je n'ose pas respirer, je n'ose pas déglutir. 

Mes yeux me piquent, je ne sais que faire. Si je bouge, le canapé basculera. Si je ne fais rien, il basculera quand même. Le grincement en continu des gonds me hérisse. Je n'ai pas quitté Thibaud des yeux. Son regard débordant d'horreur est fixé dans le mien. Nous attendons ma sentence dans un silence des plus mortifiants. Je n'ai pas vraiment de chances de m'en tirer. Il  n'y a pas d'endroit où je pourrais m'accrocher, si Thibaud lâche la porte à laquelle il est suspendu, il succombera au même titre que moi. Il n'a pas de raison de faire ça. J'aimerais pouvoir dire que je ne lui en veux pas, parce qu'il n'a pas à sacrifier quoi que ce soit pour moi. Mais tout le monde sait très bien que c'est le genre de choses que l'on dit mais que l'on ne pense pas. On en veut toujours à quelqu'un qui ne nous a pas aidé, quoi qu'il ait eu à perdre. C'est ainsi. Je regarde mes armes qui tombent, aspirées par une stupidité appelée l'attraction terrestre. Certaines restent coincées dans des recoins du conteneur mais la plupart s'en vont vers la terre ferme. Sur laquelle elles s'écrasent. 

La porte termine de s'ouvrir d'un coup et je reste quelques instants suspendue, en apesanteur. Je déglutis.

Le vide m'absorbe si vite qu'il m'en coupe le souffle. Un cri à fendre l'âme s'échappe de mes lèvres sèches et craquelées. Les courants d'air me font faire des roulades incontrôlées. Au lieu d'aller vers le sol, le canapé, le tapis et moi, trio infernal, sommes projetés vers la droite. Je heurte violemment la porte du conteneur et le choc m'étourdit. Mes mains cherchent en vain dans le noir une prise à laquelle se raccrocher. Mon cœur bat si fort que je sens mon pouls dans chaque millimètre carré de mon corps. Le vent change tout à coup de sens et je suis propulsée dans l'angle droit que forme la porte ouverte et le côté extérieur du conteneur. Je réussi à attraper une des quatre anciennes fermetures en fer et m'y accroche de toutes mes forces. Le bruit de tissus qui se déchire annonce ma libération, plus de canapé ni de tapis à mes trousses. Je les regarde qui descendent vers le sol à une vitesse étourdissante. Quand ils arrivent à destination, un bruit lointain témoigne de leur atterrissage incontrôlé. 

J'affermis ma prise sur les vieilles fermetures et prie pour qu'elles tiennent bon. Puis je cale mes pieds du mieux que je peux dans l'étroit espace qui leur est réservé dans les rainures et pose ma tête contre la paroi. 

Je regarde à nouveau le canapé qui est éparpillé en de nombreux morceaux, mais cette fois-ci, sa vision me fait un effet tout différent, car je réalise que je suis suspendue  à une cinquantaine de mètres du sol. 

Doux Jésus.

- Thibaud ! Je hurle.

Je ne sais pas s'il m'a entendu et je commence à sangloter.

- J'ai le vertige! M'égosillais-je

Un bon vieux : Tiens bon, j'arrive ! bien cliché me suffirait. Je ferais même tout pour l'entendre.

Mais il ne vient pas.

La peur me noue l'estomac et m'empêche de respirer.

Je suis prise de crampes à cause de la mauvaise oxygénation et de la panique. Des larmes roulent sur mes joues, ça faisait longtemps que je n'avais plus pleuré. J'avais oublié à quel point ça faisait couler le nez.

Mes muscles me font tellement mal que je me retiens de crier. Je ne peux pas me permettre d'ouvrir les yeux. Mes larmes s'arrêtent un instant de couler et le vent chaud les sèche rapidement.

Je n'ai de cesse de renifler, peu gracieusement d'ailleurs. Au bout de quelques minutes, la douleur devient trop forte et dépasse la limite du supportable. Il faut que je me sorte de là car visiblement, personne ne va le faire pour moi.

Comme d'habitude.

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Encore un chapitre ! Un peu plus court que les autres, j'espère qu'il vous plait quand même.

Kisses <3

Radicalement VôtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant