8:Seul au monde

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Léanne

Je me suis réveillé sur un sofa du salon commun. La salle était méconnaissable : du sang séché sur le sol, de la vitre cassée éparpillé partout, les portes des chambres toutes ouvertes, certaines en dehors de leur cadre et une pile d'armes appartenant au tueur. Audrée était assise près de moi. Au bout de sa tignasse argentée, elle avait les pointes noires. Elle m'a souri et a averti les autres de mon réveil. J'ai entendu un grognement de la part de Nico, mais aussi un cri aigu suivi d'un grand bang! La porte de la chambre s'est ouverte, suivi d'un Justin au regard honteux. J'ai ri, ce que j'ai regretté, car mes côtes brûlaient et ma gorge était sèche comme le désert sous lequel on était. Je me suis levé doucement en poussant mes bras contre les appuis bras quand j'ai vu mes mains. Le bout de mes doigts était couleur peau. Je me suis rassise, tout en regardant ma peau beige et ma paume rosée quand je pressais dessus. J'avais l'air d'un enfant d'un an qui voyait un nouvel aliment, qui ne sait pas s'il devrait l'aimer ou pas. Est-ce que j'ai toujours eu une couche de peau normale sous mon teint de Blanche-Neige? Je me suis tournée vers Dé, qui jouait nerveusement avec ses pointes noires. Je lui ai demandé ce qui se passait, mais Justin a été plus rapide et m'a raconté ce qui s'est passé après mon black-out.

- Tu as assommé l'homme comme prévu, mais on n'a pas réussi à le tuer. Leia est sur son tour de garde dans la salle trente-deux et finalement, on est tout seuls dans la pyramide quatre parce que tout le monde s'est téléporté avec un plus jeune.

- On est seul! Même pas un peu d'aide?

- Non.

- Sont chiens, ai-je dit, tenant mes côtes endolories.

- Est-ce que quelqu'un pourrait venir me remplacer, Maurice m'exaspère, dit Leia dans le micro, suivi d'un rire lointain provenant du tueur, dont le nom semblait être Maurice.

Tout le monde semblait terrassé, et comprenait Leia. Ce Maurice doit être une vraie plaie.

- Je vais y aller, si vous voulez, ai-je dit.

Un soupir de soulagement venant de Justin se fit entendre. Je me leva, parti vers ma chambre pour prendre ma pièce porte-bonheur et fila vers la salle trente-deux, la salle d'expérimentations. Je jouais avec la pièce de vingt-cinq sous, laissant le bout de métal froid tomber dans une main, puis dans l'autre. Je la mise dans ma poche dès que la porte métallique automatique de la salle s'ouvrit. Des deux côtés de la longue salle, des contenants immenses en verre pare-balles se dressaient, avec des créatures étranges me regardant, les yeux vides d'émotions. Un corps humain saignait, sans vie, sur le sol. La vue m'a donné le haut-le-cœur. Plus loin, Leia était assise sur le sol, accotée sur la prison du tueur. Dès qu'elle m'a vue, elle est partie sans me parler, me bousculant un peu.

- Une nouvelle garde à rendre folle, comme c'est amusant, dit Maurice.

Je me suis assise de la même façon que Leia, dos à lui, ne voulant pas regarder ses yeux verts fluo, la seule chose que l'on voyait de lui dans la salle sombre. Il me parlait, mais je n'écoutais pas. J'ai sorti mon sous pour le laisser tourner sur le sol. Le vert de ses yeux cruels se reflétait sur la surface miroitante de la pièce. Je me suis retournée pour le voir sourire à pleine dents.

- Êtes-vous un Anormal? j'ai demandé.

- Enfin, une question sérieuse, dit-il. Les autres n'aboyait que des ordres et ne voulait pas écouter mes histoires sur comment j'égorgeai le monde à main nues.

Ark.

- Maurice, la question.

- Mais oui, ma chère. Je suis un Anormal, comme toi. Qu'est-ce qui te l'a indiqué, mes yeux ou mes cicatrices?

Je n'ai pas répondu. J'avais ma réponse, alors je suis retournée à la passionnante activité qu'était tourner mon sous.

- Léanne, écoute-moi, dit Maurice.

Soudain, le sous n'était plus si important. Toute mon attention était portée vers lui.

- Débarre la porte, Léanne. Fais-moi sortir sans t'y opposer.

Je me suis levée, approchée des clés. Je les ai rentrée dans la serrure et commencer à faire les trois tours réglementaires. Un tour, le crissement métallique se fit entendre. Deux tours, un petit déclic se fit entendre. Trois...

- Léanne, a crié quelqu'un.

Dé courrait vers moi et m'a immobilisé la main. J'ai regardé ma main. La serrure était quasiment ouverte. J'aurais pu laisser un maniaque sortir!

- C'était si facile de te contrôler toi et ton esprit rageur, dit Maurice, souriant méchamment.

- Léanne, assomme-le, dit Dé, la rage dans ses yeux.

- Oui, Léanne, écoute ton maître, comme un bon petit...

Je ne lui ai pas laissé terminer. Un coup sur le menton et deux sur la tête ont suffi pour fermer sa grande gueule.

- Je vais rester ici, dit Dé. Je veux voir ce qui manigance, le petit merdeux.

Je suis partie loin, partie me cacher dans ma chambre. J'ai claqué la porte, ce qui a fait sursauter Justin.

Assise sur mon lit, j'ai pris un livre à couverture rigide et sorti ma pièce de ma poche. Je la place debout, le coquelicot qui a remplacé l'orignal pour le jour du souvenir face à moi et je le fais tourner, encore et encore.

la salle n.12Où les histoires vivent. Découvrez maintenant