27: Cris

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Justin

Un sabre et un cri. Quelques minuscules couteaux et un cri. Des plaques rouges sur ses bras, son cou. Des poignards et un cri, mais cette fois à Audrée.

- Dé, assomme-moi. Enlève la douleur.

Sa voix est rauque. Ses yeux sont rouges, même de loin. Elle sourit, un simple petit rictus à travers des larmes. Une épée et elle presse son ventre. Et un cri, il ne faut pas l'oublier. Une autre.

Et un dernier cri.

Elle s'écroule sur le sable.

- LÉANNE!

Après être resté là à rien faire, impuissant, à la regarder, je cours parce que je le peux. Elle est inerte sur le sol, la peau de ses mains un peu plus foncé et des grains de beautés sur ses mains et poignets était bruns ou à moitié nacrés. Elle respire. Chaque inspiration fait un bruit rauque. Les armes blanches se dématérialisent en poussière, se mélangeant avec le sable.

- On va préparer un campement ici, dit Audrée. On va devoir placer le lit de Léanne.

Elle a déjà sorti le sac de couchage du sac de Léanne. Personne ne s'approche d'elle. Je vais devoir la transporter. Je la prends, bras près du cou et l'autre dans le creux de ses genoux repliés. Doucement, je me relève et retombe. Elle est plus lourde qu'elle en a l'air. Je réalise ma position, plutôt gênante. Écroulé sur le ventre, le visage sur son ventre et elle qui m'écrase les bras. J'essaye de me relever et j'entends des rires pas discrets du tout venant de Nico. Super. J'enlève mes bras et essaye un autre moyen de la soulever. Il en n'a pas beaucoup pour une ado qui pèse je-ne-sais-combien, mais lourd. Ok, un autre coup de mon misérable essai. Je la reprends et cours vers le campement a à peine cinq mètres, penché vers l'avant avec son poids. Je l'a place doucement sur le sac de couchage ouvert.

- Je vais prendre le premier tour, dis-je.

Je n'ai pas envie de dormir. Le coup d'adrénaline de notre course vers ailleurs qu'au dernier campement me tient éveillé. Et Léanne respire avec difficulté et je suis le plus qualifié pour s'en occuper s'il y a un problème. Le monde autour de moi se laisse tomber sur leurs lits. Le soleil plombe sur nous et des vautours volent en cercle au-dessus de nous, attendant notre mort. Pas aujourd'hui, vautours. Mais peut-être bientôt. Pourquoi est-ce que Laurence ne m'a pas apporté ici quelques jours plus tard, ou même pas du tout, vu que personne n'est à la pyramide? Mais, en y repensant, je ne serais pas avec des personnes comme moi, juste cent fois plus entrainé, sauf Audrée.

- Justin, dis Audrée en grognant.

- Quoi?

- Ferme-la.

Ça y est, je n'ai plus le droit de penser.

la salle n.12Où les histoires vivent. Découvrez maintenant