40: Sauvée

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Léanne

 Le crépitement du néon va me rendre folle. C'est le deuxième flash de lumière qui passe et je plante mes ongles encore plus fortement dans ma peau.

Soudain, le bruit d'un corps qui tombe et un cri me rends curieuse, assez pour ouvrir mes yeux, plantés directement devant le néon. La femme s'est retournée vers moi, et une seconde plus tard, son corps tombe mollement sur le sol. Une pression invisible sur l'interrupteur et le néon se ferme doucement, comme il s'était ouvert. Mes yeux se réhabituent à la lumière et je vois une ombre grandir. Cette ombre me détache de la chaise, et je vois Justin avec une grande bosse sur le front. Dès que je me lève, j'enlace son cou, ma tête sur son épaule. Je commence à trembler et des larmes coulent de mes yeux.

- Merci

Je le lâche et je vois ces mains tâchées de sang.

- Qu'est-ce que tu as fait? je lui demande en lui pointant ces mains.

- J'ai gardé ceux-ci, me dit-il en me remettant les minis-couteaux dans ma main, et je m'en suis peut-être servi. Maintenant, je te pose la même question.

Je regarde mes mains, aussi souillées que les siennes.

- J'ai peut-être essayé d'attaquer quelqu'un, mais j'ai été arrêtée par un fusil sur la tête. Reprends-les, je lui dis en lui redonnant ses couteaux, on va devoir sortir d'ici et je ne crois pas qu'ils vont nous laisser partir si facilement.

On sort de la salle, courant à côté du tapis. On ouvre la porte en hâte, Justin sort et moi, je fige.

- Attends.

Je me retourne pour confirmer ce que j'ai vu. Et oui, je vois des cheveux argent, ceux que l'on reconnaitrait à des kilomètres.

- Dé est là.

Il se retourne lui aussi, et nous recourons vers elle. Elle a le regard vide, des bleus tout partout, un œil au beurre noir sur la gauche et un plâtre improvisé sur la cheville gauche. Je m'agenouille devant elle, la regarde dans les yeux.

- Dé, regarde-moi. Dé, c'est moi. On va sortir d'ici.

- Léanne, tu n'es pas confiante sur ce fait. Je le vois et tu le sais, dit-elle d'une voix rauque.

- Et je me fous de la confiance maintenant. Je préfère mourir libre que vivre dans le déni de mon ancienne vie.

Super discours et tout, mais comment je vais défaire les menottes sans prendre des heures? Justin, lui, a déjà la réponse à ma question. Il se rapetisse, grandeur d'un insecte, grimpe le début de mon poignet, je le remonte vers mon épaule et il saute sur les genoux d'Audrée. Il s'attaque aux mains, rentrant dans la serrure et la crochète. Un déclic et la menotte droite tombe, il part déjà vers la main gauche, et ainsi de suite.

Les menottes détachées, elle se lève, sautant sur une jambe. Elle nous explique que sa cheville est cassée, qu'elle ne pourra pas marcher dessus.

- C'est bon, je l'ai, dit Justin.

Je le regarde, incrédule. Comment il va... oh mon dieu. Il grandit, le double de sa grandeur et la prend dans ces bras.

- J'ai un deuxième pouvoir, me dit-il, sourire à la bouche.

- Bravo pour toi, mais ce n'est pas très subtil quand on va marcher dans les couloirs.

- Tu es une armurerie ambulante, je crois qu'on va s'en sortir.

- On a pensé ça la dernière fois, et regarde où on est maintenant.

- Vos gueules, dit Audrée avec une petite voix. On n'est pas les seuls ici et, si on veut partir, il faut prendre nos sacs et Leia.

- Quoi, elle est là aussi, dis-je, surprise. Il ne voulait pas tuer personne, à ce que je vois. Et Nico?

- Pas vu.

Et il faut le trouver lui aussi. La simple petite évasion à laquelle j'avais pensé se complique avec des sauvetages. Super.

- Dé, ils sont où les sacs?

Elle ferme les yeux, se concentre.

- Couloir 4, à gauche.

Nous sortons de la salle en courant, s'assurant que personne n'est près.

Je peux dire avec détermination, qu'aujourd'hui, on sort de cette prison.

la salle n.12Où les histoires vivent. Découvrez maintenant