La foule, toute de noire vêtue, se divise en deux au passage du cortège funéraire. Tyler, Mason et deux autres hommes déambule silencieusement, le cercueil sur leurs épaules en direction de la crypte familiale. Sur leur passage, des sanglots éclatent, des prières s'élèvent et des roses rouges et blanches sont jetés au sol. Carol, qui est à mes côtés étouffe un énième sanglot, essuyant rapidement ses larmes d'un revers de main. Je ne me suis jamais autant sentie étrangère, pas à ma place, mais pourtant j'étais là, à côté de ma mère; vide de toutes émotions, las, ne laissant rien paraître. Le regard fixé sur l'horizon, je repense aux Appalaches, aux longues journées en pleines natures, sous un soleil éclatant ou sous des pluies torrentielles, c'était ça ma vraie vie, c'était là-bas ma vraie place. Le convoi passe devant nous, silencieux et s'enfonce dans l'obscurité de la crypte. La foule impressionnante commence enfin à se dissiper lorsque les grilles de la crypte grincent en se refermant. Je reste toujours immobile, ne sachant que faire. Mason arrive rapidement et me glisse une main tendre dans mon dos qui vient se perdre au creux de ma nuque. Je lui souris, comme soulagée.
_ Et maintenant ? Demandé-je faiblement.
_ Maintenant, toi et moi, on va se faire un petit tour en forêt. Dit-il avant de m'attraper la main.
Il fait un signe de la tête à Carol qui lui rend, et m'entraîne au rythme de ses foulées. Très vite nous arrivons devant d'anciennes ruines. Mes talons s'enfoncent mollement dans l'humus alors que nous nous dirigeons vers un ancien escalier. Toujours silencieux, Mason commence la descente et m'encourage d'un signe de tête. Les «Loups» possède une excellente vision dans la nuit; mes pupilles n'ont pas de mal à s'acclimater à l'obscurité. Je découvre devant moi un dédale de couloir, et puis, au bout de l'un d'eux, une immense salle de forme octogonale, où, chaque pan de mur contient une porte en acier se fondant dans la roche. Mason se tourne vers moi, et me sourit délicatement.
_Nous viendront ici pour la prochaine pleine lune... Commence-t-il.
_Mais, et la Floride ? On n'y retourne pas avant trois semaines ? Demandé-je en pensant à mes amis.
_J'ai des affaires à régler ici, et Tyler à encadrer ... Il commence à avoir les premiers symptômes de la transformation. Je dois le surveiller, le prévenir, et faire en sorte que cette malédiction n'arrive en aucun cas. Nous resterons ici durant l'été. Tranche-t-il.
Sa réponse me laisse de marbre, certes, je retrouverai mes amis, mes repères, ainsi que mon vrai chez moi à la rentrée scolaire, mais, je ne me sentais tellement pas à ma place ici. J'acquiesce silencieusement et regarde autour de moi. Dans chacune des cellules, des chaines, des cadenas, rongés par le temps et l'usure. Je trouvai en cet endroit une sorte de réconfort, de lieu de retraite, malgré l'humidité et la noirceur présentes en ces lieux. Du bout des doigts, pensive, je caresse la pierre centenaire lorsqu'un raclement de gorge me ramène à la réalité. Mason, la tête légèrement incliné me regarde soucieux.
_Nous allons y aller, les invités ne vont plus tarder à arriver...Murmure-t-il.
J'acquiesce silencieusement et lui emboite le pas. Le soleil est toujours aussi étouffant lorsque nous gagnons, après quelques minutes de marche, l'allée centrale du domaine familiale. Foule se presse déjà devant la porte d'entrée pour présenter leur condoléances. Nous nous frayons un chemin avec Mason pour nous arrêter aux côtés de Carol et Tyler. Commence alors d'incessant serrement de main accompagné de formules polies «mes condoléances et blah-blah-blah», et d'incessantes questions.
_Bonjour, vous êtes ? Demandait l'inconnu.
_Ma fille. Répondait sèchement Carol
A l'entente de la réponse, les personnes me regardaient avec un air hébété, sceptique, étonné... Arrive ensuite un groupe de jeune où je peux reconnaitre seulement Caroline, la blonde du groupe. Elle est accompagnée d'une petite brune, d'une autre brune au teint mat, et d'un grand blond à l'allure musclée. Derrière eux se trouve trois autres jeunes hommes, un brun cheveu mi- long, et deux châtains. Alors qu'ils commencent à s'approcher de nous, je regarde Mason.
_Je vais aller boire un coup ce soleil m'étouffe.
Il acquiesce du visage. En réalité, ce n'est pas la chaleur qui m'étouffe mais l'air chargé de tension, de chagrin. A l'intérieur de la maison, chaque convive mange et boit à sa faim en riant, pour la plupart, aux éclats. Je trouve cette tradition on ne peut plus débile. Je m'isole dans la cuisine où des domestiques se pressent et me sers un verre d'eau.
_Tu devrai rester avec nous au lieu de t'enfuir petite Louve. Murmure Mason qui se tient juste derrière moi.
_C'est pas moi ça, je ne le connaissais même pas ! Fais-je en posant mon verre.
Je vois passer dans les yeux de Mason, une colère noire. Ses mâchoires se contractent à n'en plus finir, ses poings sont serrés.
_C'était ton père ! Dit-il en haussant le ton
Je plante mes yeux dans les siens. L'échange dure quelques minutes avant que je m'éloigne en la poussant de l'épaule. Je marche sans but jusqu'à ce que je me retrouve en face d'un petit étang. J'enlève mes talons et m'assois en tailleur. Les rayons du soleil couchant se miroitent dans le clair de l'eau, comparable à des flammes dansantes. Je soupire et ferme quelques secondes les yeux.
_On s'isole ? Demande une voix qui m'est inconnu.
Je me retourne pour voir un des jeunes hommes de toute à l'heure, le brun aux cheveux mi- long et, maintenant que je peux les voire, aux yeux clairs, fascinant. Un sourire béat sur le visage, je me redresse et défroisse ma robe.
_Je suis Damon Salvatore. Dit-il
_Et moi, Joey Lockwood. Enchantée. Fais-je en lui tendant la main.
Au moment où nos peaux entre en contact, un vent frais et une légère décharge électrique parcourt mon corps. Il me regarde sceptique dans un premier temps. A travers son regard passe plusieurs émotions, étonnement, réflexion, méfiance, et ses yeux s'assombrissent. En un fragment de seconde, il se trouve derrière moi, le bras bloquant mon cou. Je peine à respirer, et bien que mon statut de louve ne m'accorde plus de force, je n'en ai pas assez pour le repousser.
_Où est la pierre de lune ? Demande-t-il faiblement au creux de mon oreille.
J'hoche négativement la tête, à bout de souffle, puis, le noir.
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Vampire Diaries: Antidote.
Altele_ Que t'arrive-t-il ? _Toujours le même rêve, Mason, c'est terrifiant. _ Il annonce un grand changement à venir ... Nous ne tarderons plus à regagner Mystic Falls je pense... Lorsqu'une louve regagne sa ville natale après des années d'absence, et...