PARTIE II - Chapitre 1

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Point de vue : externe

Kang-Dae s'était permis d'appeler Cho et de lui annoncer la terrible nouvelle. JungKook fut aussi mis au courant, plus ou moins accidentellement.

Kang, Cho, Chull et Jimin se retrouvèrent tous autour de la tombe sur laquelle était gravé le nom du petit ange décédé il y avait de cela quelques jours. Son père n'avait pas pointé le bout de son nez, et aucun élève de son collège non plus. Son professeur principal les avait rejoints par politesse et leur avait confié que Tae était un élève très isolé et qu'il ne parlait à personne. Jimin n'avait plus prononcé un seul mot depuis plusieurs jours et la maigreur semblait s'emparer de lui à nouveau. Des cernes s'accrochaient sous ses yeux dont les pupilles ne semblaient plus fonctionner correctement, il était vidé.

~


Deux semaines plus tard.


Point de vue : Jimin

Ça faisait deux semaines. Pourtant, la douleur était juste plus forte. Je voyais les jours heureux passés avec Tae s'éloigner de plus en plus dans le temps. Quand un proche meurt, le temps que l'information percute le cerveau et l'être tout entier, il faut du temps... Et une fois cette étape franchie, la vie perd tout son sens, ou en gagne, je n'en sais rien.

Je me souvenais qu'à l'hôpital, les infirmières me demandaient souvent d'évaluer ma douleur sur 10. Je me rendais compte d'à quel point c'était absurde... Ma douleur actuelle dépassait les 100. Je n'étais devenu qu'une ombre errante dans une maison vide dont en tout trois sur quatre de ses habitants étaient morts. Taehyung, mort... Il n'avait même pas eu ses 17 ans. Aucune nouvelle de son père d'ailleurs. Pourquoi tout cela prenait un tel tournant ? J'aurais accepté de me refaire violer mille fois par NamJoon et le laisser mille fois brûler ma maison en échange de la vie de Tae. Il me manquait... Mon visage s'était comme paramétré pour que je pleure toutes les heures environs. J'étais épuisé et le sommeil ne me faisait pas regagner mon énergie, ni le peu de nourriture que j'arrivais à avaler d'ailleurs. J'avais envie de mourir. Tiens, et si je mourrais vraiment ? Et si j'allais rejoindre Tae ? Si moi aussi, je retrouvais mes ailes ? Après tout, qui tenait vraiment à moi maintenant ?

Depuis combien de temps n'avais-je pas prononcé de phrase, pire, de mots ? Est-ce que mes cordes vocales fonctionnaient toujours au moins ?

Quelqu'un frappa à ma porte. Ce me parut si absurde que je fis mine de ne rien entendre. J'évitais tous les appels de Kang et même Cho tentait en vain de m'aider. Moi, je voulais juste être seul, réfléchir seul sur le dilemme qui revenait de plus en plus souvent dans ma tête : est-ce que ça valait vraiment le coup que je m'accroche encore à la vie ? On toqua une deuxième fois.

Cette fois, je me levai et alla ouvrir sans prendre le temps de demander qui c'était. Je regrettai aussitôt mon geste : JungKook se tenait en face de moi.

- Salut, fit-il.

Je ne pris pas la peine de répondre. Je ne pris même pas la peine de lever les yeux vers lui, c'était trop épuisant. Mon visage arrivait au niveau de la hauteur de son cou, alors c'est là que je regardai. Il me décala sur le côté et entra dans ma maison sans même me demander la permission, mais de toutes façons, je m'en fichais. Je me retournai lentement vers lui comme un paresseux à moitié endormi.

- Ça fait deux semaines que je prends les cours pour toi et ça commence à faire un bon tas, alors je suis venu te les donner pour m'en débarrasser.

Il sortit une épaisse pochette en carton bleu de son sac et la posa sur la table. Il était évident que ce n'était qu'une excuse pour venir me voir, mais là encore, je m'en fichais. Les yeux de JunKook parcoururent la pièce comme s'il ne savait pas où poser le regard. Finalement, ses pupilles s'arrêtèrent sur l'enveloppe corporelle vide que j'étais devenu. Je devais vraiment avoir l'air pitoyable et négligé. C'était le cas de toutes façons, je ne prenais plus soin de moi. Mes cheveux étaient sales, ma peau grasse, j'avais des cernes horribles sous les yeux, ces derniers ne ressemblaient plus qu'à des cailloux enfoncés dans mon crâne, qui se contentaient simplement de faire couler des larmes de temps à autres. Plus aucune émotion ne passait au travers d'eux. Je ne savais même plus comment on faisait pour sourire. JungKook me regardait toujours, l'air inquiet. En temps normal, j'aurais certainement rougi et perdu mes moyens. Là, je me contentai juste de le regarder à mon tour...

Pieces of broken dreamsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant