La cour était baignée de soleil, et celui-ci rendait les dalles pavant le sol encore plus brillantes.
Une main devant mon visage, j'avançai à l'aveuglette vers mes camarades massés au milieu. Ma tentative pour protéger mes yeux se solda par un échec lorsque je rentrai directement dans le dos de Marc. Ou plutôt de son double charismatique, puisque je ne le reconnus pas immédiatement quand il se retourna. Lui aussi avait grandi et embelli en plus d'avoir pris beaucoup de muscles.
- Luna ! Tu vas bien ? On commençait à croire que tu n'arriverais jamais !
- Ouais, ça va, grommelai-je, un sourire crispé sur les lèvres. Comment tu as su que c'était moi ?
- Eh bien, tu es la dernière qu'on devait attendre, avoua mon ami.
- Venez tous par-là, appela la femme métisse aux impressionnants yeux verts vers laquelle nous avancions comme des mouches vers un bout de viande.
Elle se racla la gorge et nous adressa un sourire joyeux :
- Bienvenue à vous ! Bien évidemment vous avez déjà été accueillis il y a quelques heures, mais je suis très heureuse de pouvoir le faire une nouvelle fois, maintenant que vous avez le privilège d'être des GEN.
Elle prononça le mot « gène » mais l'épela ensuite pour nous spécifier la différence. Il semblait être d'une importance capitale et lourd de sens. Mais elle ne donna pas de détails. C'était quoi un GEN ? En étais-je une ?
- A présent que vous faites partie des nôtres, vous allez être préparés grâce à un entrainement à la fois physique et intellectuel au cours des prochains mois. Vous devez faire honneur à votre espèce et embrasser notre cause, s'écria-t-elle, visiblement très excitée par la situation. Mais tout ceci peut attendre, laissez-moi vous faire visiter.
La femme se remit à parler, faisant de grands gestes pour indiquer les bâtiments mais je ne l'écoutai que d'une oreille distraite. Je cherchai à me rapprocher de la sublime rousse à l'avant du groupe qui ne pouvait être que Victoire. Elle chuchotait à voix basse avec une fille à la peau noire et aux cheveux frisés.
La femme expliqua que nous venions de quitter le laboratoire, le lieu central de l'Institut Bollart. C'était là que se passait le cœur des expériences et que nous suivrions des cours de science. Le labo était en béton gris et laid, composé de deux étages et de trois sous-sols que nous ne devions en aucun cas visiter. De l'autre côté de la cour, les salles d'entrainement. Tout aussi vilaines, elles regroupaient un gymnase, une piscine, des salles de musculations, j'en passe et des meilleures. Et enfin, le manoir. Il marquait la séparation entre la cour pavée et le grand parc d'herbe et de buissons bordé d'arbres qui s'étalait derrière. Grand, en pierre recouverte de lierre, c'était bien la seule chose chaleureuse dans ce décor. Car c'était sans compter l'épaisse muraille qui nous enfermaient et que je n'avais pas bien vue à notre arrivée de nuit. Le mur était surmonté de barbelés et de fils parcourus par le courant. Des caméras de surveillance complétaient le dispositif.
- On est dans un camp militaire, affirma Marc qui restait tout près de moi. Regarde ces types.
En effet, une grosse jeep roulait près du mur de gauche. Trois hommes en gilet par balles et armés de mitraillettes et autres gros calibres en descendirent après l'avoir garée. Là, c'était vraiment du lourd. Je me sentis étouffée par la sensation d'emprisonnement. Heureusement, l'air ne comportait pas d'odeur car je crois que cela m'aurait fait vomir, en plus de l'angoisse.
Notre hôtesse d'accueil nous entraîna vers le manoir pour nous installer dans nos quartiers. Au rez-de-chaussée se trouvait le réfectoire. Je bloquai mon souffle pour ne rien sentir, toujours indisposée par mes sens.
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GENESIS (1)
FantasyExtrait du journal de Luna Deveille, 30 Mai, 23h12, Institut Bollart Les GEN sont des êtres humains génétiquement modifiés pour devenir des armes surpuissantes et capables de dominer la race des hommes. Ils sont partout, vivent peut-être près de che...