Dans la chambre, je me dépêchai de faire couler un lavabo d'eau et me savonnai en vitesse, n'ayant pas le temps pour une vraie douche. Amanda me suggéra alors de tresser mes cheveux bien serrés et je m'assis à ses pieds, touchée pas son attention. Ses mains expertes attrapèrent mèche après mèche et il me tardait de voir le résultat. C'était sa tante qui lui avait appris et je sentis une forte émotion dans sa voix quand elle me confia cela. Un peu gênée par l'éventualité de mettre les pieds dans le plat à propos de sa famille alors que nous ne pouvions pas voir nos proches, j'embrayai sur Guilhem et Marc en donnant de leurs nouvelles. Puis je me décidai à poser la question qui me brûlait les lèvres :
- Au fait, est-ce que Victoire t'a parlé de moi ces derniers jours ? Elle n'était pas ravie de me revoir toute à l'heure.
- Eh bien... Elle ne me l'a pas dit ouvertement, mais je crois qu'elle te reproche d'être partie.
- Ah. Parce que je l'ai fait sans elle ?
Amanda, qui avait terminé, se leva et se racla la gorge avant de poursuivre.
- Je ne sais pas, peut-être que je me trompe. Mais au moment où Barbie et un autre agent sont venus nous compter, ils ont vu que vous manquiez à l'appel et, forcément, on s'est tourné vers nous puisque nous sommes vos amies. Et Victoire a baissé la tête, comme si elle avait honte. En tout cas, elle désapprouvait.
- Sympa.
Je ne dis rien de plus parce que je ne savais pas quoi en penser. Victoire et moi nous connaissions depuis longtemps et nous étions rarement en désaccord. Sa réaction me laissait perplexe.
- Tu penses que je me suis mal conduite ? demandai-je franchement.
- Pas en ce qui concerne ta volonté de t'évader. Mais... ne le prends pas mal, je ne veux pas te vexer. Je crois que tu montres un peu trop ton opinion vis-à-vis des autres. Tu n'acceptes pas que certains d'entre nous puissent avoir des raisons de se résigner à rester.
Amanda s'avérait surprenante. Si timide à notre rencontre, elle hésitait désormais moins à dire ce qu'elle pensait.
Je m'efforçai de ne pas me fâcher et méditai ses phrases un instant. Il était vrai que je considérais comme folie le fait de vivre normalement, de rire avec des potes, bref, de faire tout ce que fait un adolescent dans le cadre de l'Institut. Je ne voyais pas comment on pouvait être d'accord avec les inepties véhiculées par Marx.
- Tout le monde ne possède pas une famille qui l'attends dehors, précisa mon amie.
Elle alla se mettre devant la fenêtre et croisa les bras sur sa poitrine. Il émanait d'elle une nostalgie palpable. Ce qu'elle venait de dire la concernait personnellement.
- Si tu as besoin de parler, je t'écoute, fis-je.
- Je crois que je ne manque à personne, se lança-t-elle d'un ton douloureux. Ma tante est décédée d'un cancer il y a deux ans.
- Et tes parents ?
- Je n'ai jamais vu mon père. Lui et ma mère se sont connus au travail. Elle était hôtesse de l'air et lui un homme d'affaires en voyage le plus clair de son temps. Quand elle est tombée enceinte, ma mère a cru qu'il s'installerait avec elle pour avoir une vie de famille, sauf que mon père ne voulait pas de cela. Il a promis de subvenir à nos besoins et n'est jamais venu nous voir. Tout ce que je connais de lui, ce sont ses cartes à Noël avec un gros chèque dedans et toujours le même mot. Pour ce qui est de ma mère, on s'est bien entendues jusqu'à ce qu'elle refasse sa vie, il y a huit ans. Elle a rencontré un type friqué, encore un, et on est parties vivre dans sa grosse maison. Mais j'ai commencé à me sentir de trop entre eux, et son copain m'a dit qu'il n'y avait pas de place dans leur vie pour moi. A mon entrée en 6e, je suis allée en internat et les week-ends, je restais seule avec des plats à réchauffer dans le frigo. Quand j'ai eu dix-huit ans, ma mère m'a prévenu que j'avais un an pour déménager, parce que j'étais adulte et assez autonome pour me débrouiller. Alors je ne crois pas que ma « mort » l'ait réellement affectée, conclut Amanda.
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GENESIS (1)
FantasyExtrait du journal de Luna Deveille, 30 Mai, 23h12, Institut Bollart Les GEN sont des êtres humains génétiquement modifiés pour devenir des armes surpuissantes et capables de dominer la race des hommes. Ils sont partout, vivent peut-être près de che...